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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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Napoléon III n’en voulut pas, il ne pouvait pas en vouloir, parce qu’elle lui eût interdit d’affranchir la nationalité italienne. Dès 1855, en se séparant de son ministre des Affaires étrangères, Drouyn de Lhuys, partisan de l’accord avec l’Autriche, Napoléon III avait, choisi. Lorsque, trois ans plus tard, Orsini eut jeté sa bombe, cet attentat ne détermina pas l’empereur, comme on l’a cru, à intervenir en faveur de l’unité italienne. Il lui servit seulement à convaincre ceux qui, dans son entourage, s’opposaient à la guerre contre l’Autriche, qu’il était imprudent de résister aux sommations des « patriotes italiens ». Bientôt, à l’entrevue de Plombières, l’appui de la France était promis au Piémont pour affranchir de l’Autriche les provinces italiennes et, l’an d’après, en 1859, les hostilités commençaient.
    Après avoir combattu le tsar autocrate, l’empereur des Français se tournait contre les Habsbourg. Par là, il remplissait une autre partie du programme libéral et républicain, il désarmait une opposition. À son départ pour l’armée d’Italie, il fut acclamé dans le faubourg même où s’étaient dressées les barricades du 2 décembre. Il allait pourtant au-devant de difficultés qu’il ne soupçonnait pas. Si l’armée autrichienne fut vaincue, non sans peine, à Magenta et à Solferino, Napoléon III eut la surprise de voir toute l’Allemagne, insidieusement excitée par la Prusse, prendre fait et cause pour l’Autriche, puissance germanique. Menacé d’une guerre sur le Rhin, tandis que les Autrichiens, chassés seulement de Lombardie, résistaient encore, et que la Russie et l’Angleterre se tenaient à l’écart, se réjouissant de son embarras, Napoléon III eut hâte de signer l’armistice de Villafranca. Il abandonnait ainsi Victor-Emmanuel, les Piémontais, les patriotes italiens qui, au même moment, espéraient la délivrance totale et l’unité de l’Italie morcelée : des révolutions nationales éclataient dans les principautés, menaçant Rome et le Saint-Siège. Ainsi, la guerre contre l’Autriche pour affranchir la nationalité italienne tournait court et tournait mal. Elle avait exposé la France à un conflit européen. Elle avait déçu l’Italie elle-même, qui nous en voulut de l’avoir laissée incomplète et qui estima d’ailleurs que nous étions payés du service rendu par la cession de Nice et de la Savoie. Enfin, l’unité italienne posait la question romaine et, par la question romaine, la politique intérieure et la politique extérieure de Napoléon III entraient en contradiction. S’il refusait Rome à la nouvelle Italie, il violait le principe des nationalités, il s’aliénait les libéraux français. S’il abandonnait Rome, il soulevait une autre opposition, celle des catholiques français qui, depuis le coup d’État, lui avaient toujours prêté leur appui.
    Ce n’étaient même pas les seules conséquences que la politique des nationalités devait produire après un succès éphémère. « L’écueil italien », que lui avait prédit Metternich, obligea d’abord Napoléon III à transformer son système, de gouvernement. C’est à l’intérieur qu’il voulut apaiser les libéraux, en inaugurant l’ « Empire libéral » par la réforme de 1860 qui accroissait les pouvoirs du Corps législatif, lui rendait la parole et acheminait au régime parlementaire. Aux conservateurs, il promettait cette fois la paix, la fin des interventions de principe en Europe, le maintien de la souveraineté du Pape. Mais il n’avait pas réussi à « unir les partis sous un manteau de gloire ». Il n’avait pu satisfaire à la fois « les réactionnaires et les révolutionnaires ». Il avait mécontenté les deux camps en se flattant de résoudre les difficultés auxquelles avaient succombé les régimes précédents. Et il avait préparé à l’extérieur, en reprenant la politique de la Révolution, les périls dont la France allait être assaillie.
    Les dix dernières années du second Empire se consumèrent en vains efforts pour rétablir une situation compromise. Depuis le congrès de Paris, Napoléon III voyait s’envoler l’espoir de réviser les traités de 1815. Il déclarait bien que ces traités avaient cessé d’exister, mais c’était vrai surtout en ce sens que la Prusse se disposait à en supprimer les parties qui la gênaient, qui la liaient, qui l’empêchaient

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