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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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lettre retentissante datée du 27 octobre, le comte de Chambord exposa ses raisons immuables. « Je veux, disait-il, rester tout entier ce que je suis. Amoindri aujourd’hui, je serais impuissant demain. » Il préférait ne pas régner plutôt que d’être « le roi légitime de la Révolution », et garder intact le principe monarchique plutôt que de le compromettre dans une restauration éphémère.
    Cette lettre, qui consterna les royalistes, remplit de joie les bonapartistes et les républicains. Il n’est pas défendu de croire qu’elle soulagea les monarchistes libéraux dont les idées auraient eu peine à s’accorder avec celles d’Henri V qui concevait toute une réforme politique et sociale de la France à laquelle les esprits n’étaient nullement préparés. En résumé, la monarchie parlementaire était impossible. Alors intervint la combinaison que le duc de Broglie tenait en réserve. Pour gagner du temps, pour parer au désarroi des conservateurs, pour ménager l’avenir, sa solution était de consolider les pouvoirs du maréchal, de les prolonger, de les rendre indépendants de l’Assemblée, de faire de la présidence de la République une sorte de succédané de la monarchie. Il n’y aurait, le jour venu – c’est-à-dire lorsque le comte de Chambord aurait disparu ou abdiqué – qu’à mettre le roi à la place du maréchal de Mac-Mahon, véritable lieutenant général du royaume. De cet expédient est née la présidence de la République telle qu’elle existe encore de nos jours. « Ne pouvant faire la monarchie, il faut faire ce qui s’en rapproche le plus », disait alors le comte de Paris. Les pouvoirs du président furent votés pour sept ans. Si la République n’était qu’un régime de fait, si elle n’était pas fondée, elle était, bien près de l’être.
    Elle le fut seulement dans les premiers mois de 1875. On ne tarda pas, en effet, à s’apercevoir que le septennat ne se suffisait pas à lui-même, que c’était un « rempart d’argile ». La nécessité d’organiser les pouvoirs publics s’imposait. Mais on ne pouvait les organiser sans définir le régime politique de la France. Il y avait un pouvoir exécutif. Il y avait aussi une Assemblée dont la majorité monarchiste s’était dite constituante. Son mandat n’était pas éternel et elle ne pouvait se séparer sans avoir donné au pays une Constitution marquée à son empreinte. Voter des lois constitutionnelles était inévitable. Il ne l’était pas moins, en les votant, de choisir entre la monarchie et la république. La majorité hésita, lutta longtemps. Les républicains n’hésitaient pas moins à accepter une Constitution parlementaire élaborée par des conservateurs et des orléanistes. Après un président, il leur fallait accepter un Sénat, qui ne serait même pas élu au suffrage universel, c’est-à-dire tout ce que la doctrine démocratique condamnait. Alors, évoluant toujours vers l’opportunisme, se séparant des radicaux, partisans du tout ou rien, Gambetta entraîna la gauche. Dans la pensée qu’une Constitution trop républicaine effraierait le pays et amènerait une réaction, il détermina les républicains à se contenter de ce que leur apportaient des monarchistes et des modérés. Le 30 janvier 1875, à une seule voix de majorité, l’amendement Wallon, qui prononçait le nom de la République, qui l’inscrivait officiellement dans les lois était adopté. Cet amendement disait que le président de la République serait élu par les deux Chambres et rééligible. Ainsi, personnels à l’origine, les pouvoirs du président devenaient impersonnels. Le maréchal de Mac-Mahon pourrait avoir des successeurs. À travers le Septennat, la République avait passé. Elle a toujours porté la marque des hommes qui l’avaient fondée et dont le système idéal était celui de la monarchie de Juillet. Mais ces hommes-là allaient en être chassés bientôt.
    Cette République, encore provisoire, puisque la révision des lois constitutionnelles y était prévue, cette République en quelque sorte monarchique, c’était toujours la République sans les républicains. Il était entendu qu’elle devait être conservatrice. Thiers l’avait déjà promis et quand la majorité lui avait repris le pouvoir, c’était parce qu’elle l’accusait de ne pas tenir sa promesse et de ne pas résister au courant qui entraînait le suffrage universel à gauche. Pour que la

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