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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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majeur, était à la tête d’un État pacifié, prospère et de la plus belle armée d’Europe. La France le poussait à agir. Elle s’était ennuyée sous Louis XI. Comme il lui est arrivé maintes fois, elle était lasse d’une vie prosaïque. Une autre génération était venue. Les maux de la guerre étaient oubliés. On aspirait au mouvement, à la gloire. Où diriger ce besoin d’activité ? Oh ! les tâches ne manquaient pas. La France n’était pas encore finie. Vers la Lorraine et le Rhin, entrevus par Charles VII, il restait beaucoup à faire, mais ce n’est pas là qu’allaient les imaginations. Et puis, pour épouser la duchesse bretonne, pour rompre le projet de mariage autrichien, Charles VIII avait renoncé par traité à la Franche-Comté et à l’Artois. Reprendre sa parole eût entraîné des complications, peut-être des périls. Une route restait ouverte et le sentiment public y poussait le jeune roi. C’était plus fort que le raisonnement : tout conspirait à nous entraîner en Italie. Sagement, Charles VII et Louis XI avaient refusé de soutenir les droits sur Naples qu’ils tenaient de la maison d’Anjou. Ils avaient résisté aux sollicitations des cités italiennes. Mais un esprit d’aventures soufflait en France. Beaucoup d’Italiens étaient venus : leur pays de soleil attirait. En développant le commerce, – l’essor de Lyon date de ce temps-là, – Louis XI avait donné naissance à de nouveaux courants : Lyon et ses soies sont en rapport avec le Piémont et la Lombardie. Et il avait encore, cet avare, donné naissance à des idées de luxe : d’Italie, il ne venait pas seulement des cages de fer. Italian ! Italian ! C’était un désir, le goût de l’art, du beau, plus que celui des conquêtes, qui animait les Français. Si l’on cherche les résultats des brillantes campagnes de Charles VIII, de son entrée à Rome, de sa chevauchée jusqu’à Naples, on les trouvera surtout dans l’ordre esthétique. Le beau voyage ! Ce fut une vraie guerre de magnificence. Qu’elle plut aux Français ! Avec quelle complaisance il fut parlé des exploits de Bayard et de la Trémoille ! Quelle revanche des années grises où Louis XI, enfermé à Plessis-lès-Tours, coiffé de son vieux chapeau, ruminait de longs calculs !
    Il y avait toutefois, dans ces guerres d’Italie, une idée politique ; c’était d’écarter Maximilien qui, épousant toujours, tenait de sa seconde femme Blanche Sforza des droits sur le Milanais. C’était aussi d’écarter l’Espagne dont les princes s’étaient emparés du royaume de Naples au détriment de la maison d’Anjou. L’anarchie italienne attirait les convoitises et l’Italie nous appelait à l’aide. Savonarole, à Florence, saluait le roi de France des noms de libérateur et de vengeur. Ainsi tout invitait Charles VIII à franchir les Alpes.
    Cette guerre, si désirée, si fêtée, fut aussi le principe de complications infinies, d’une suite de coalitions et de ligues jusqu’au jour où, par le mariage du fils de Maximilien avec Jeanne la Folle, l’empereur germanique, Charles Quint, deviendra roi d’Espagne, et réalisera la puissance la plus dangereuse que la France ait rencontrée depuis qu’elle s’est affranchie de l’Angleterre. Alors la France trouvera devant elle l’Allemagne qui, par la maison d’Autriche, recommence à compter en Europe. Les Habsbourg, partis de si peu de chose, ne cessaient de s’élever par les mariages et par de patients accroissements de leurs domaines héréditaires. Combien de fois déjà, en Flandre, en Bretagne même, la France n’avait-elle pas eu affaire à eux ? On les retrouvera en Italie. On les eût retrouvés ailleurs. Le grand conflit approchait sans qu’on le vit bien de part ni d’autre. La France et Maximilien négocièrent beaucoup au sujet de l’Italie où les choses s’embrouillaient à plaisir. On sera même allié un moment contre la République de Venise.
    L’expédition de Charles VIII, si éclatante à ses débuts, finit mal, l’Italie versatile s’étant tournée contre les Français qu’elle avait appelés. Il fallut, pour en sortir, bousculer à Fornoue les soldats de la « ligue italienne » (1495). Ce fait d’armes sauvait la face, et la guerre d’Italie, en France, ne cessa pas d’être populaire. Elle n’avait rien coûté : l’armée s’était nourrie sur l’habitant. Elle avait même rapporté, avec de la gloire, un

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