Histoire Romaine
principaux et plus actifs éditeurs du grand Corpus inscriptionum ,
magnifique et immense recueil auquel l’ Académie de Berlin donne ses
soins. Pour son compte, M. Mommsen vient de publier les Inscriptiones
latinæ antiquissimae ad C. Cæsaris mortem , immense tome de 649 pages in-fol.
(Berlin, 1863) [7] .
On s’étonne vraiment qu’au milieu de si immenses travaux, il
reste à notre auteur du temps pour la conception et la mise à fin d’une œuvre
de style, d’art et de science, aussi achevée que l’est l’ Histoire romaine .
Quant à celui qui écrit ces lignes, magistrat, voué depuis
longtemps à l’étude du droit et de l’histoire ; ayant partout constaté
avec le plus vif intérêt l’influence décisive de la loi civile et politique sur
les mœurs, la civilisation et la fortune des peuples, il s’est volontiers
retourné, en lisant et relisant ce livre, vers l’enseignement toujours fécond
puisé dans les annales de Rome.
Il s’est rappelé, non sans quelque présomption peut-être, l’exemple
des grands magistrats qui se délassaient jadis des travaux de la justice dans
la contemplation des événements du passé, et, admirant de loin les grands
devanciers que la robe a prêtés à la critique historique, les
Montesquieu, les président de Brosse, et tant d’autres ; imitant du moins
le dernier venu, le regrettable M. de Golbéry, qui fit connaître le
livre de Niebuhr à la France, – il a, comme lui, tenté de faire une œuvre utile,
en accomplissant ici son modeste office de traducteur.
Puisse-t-il avoir réussi ! Il ne regretterait alors ni
son temps, ni sa peine [8] !
Paris, 1863.
MOMMSEN
À SON AMI
MORITZ HAUPT [9]
À BERLIN
PRÉFACE DE LA DEUXIÈME
ÉDITION
(ALLEMANDE)
Cette nouvelle édition de l’ Histoire romaine diffère
sensiblement de celles qui l’ont précédée. Elle s’en écarte surtout dans les
deux livres qui comprennent les cinq premiers siècles de la République. Quand s’ouvre
plus tard la série des faits historiques certains, notre œuvre s’ordonne et se
limite suivant la forme même et le contenu du récit ; mais pour les
époques antérieures, les difficultés de l’investigation des sources, sans base
et sans règle déterminée, le décousu des matériaux, sous le rapport des temps
et de l’ensemble, sont, en vérité, trop grands pour que l’auteur, peu content
de lui-même, ose espérer de contenter ceux qui le liront. Certes, il a lutté de
son mieux contre tous les obstacles que rencontraient ses études et son récit ;
mais, quoi qu’il ait fait, il reste encore beaucoup à faire, beaucoup à
corriger. Cette édition comprend une suite de recherches nouvelles, notamment
en ce qui concerne la condition politique des sujets de Rome, les progrès et
les productions de la poésie et des arts du dessin. En maint endroit, des
lacunes moins importantes ont été remplies ; les tableaux ont été rehaussés
de ton et enrichis de plus nombreux détails ; toute l’ordonnance du livre
mieux disposée pour la clarté et l’intelligence plus haute de l’ensemble. Dans
le troisième livre, on ne s’est plus borné, comme dans la première édition, à
ne faire qu’esquisser l’état intérieur de la république au temps des guerres
carthaginoises : toute cette partie a été refondue, et traitée avec soin
et étendue, comme le voulaient l’importance et la difficulté du sujet.
Nous faisons appel au juge impartial, à celui-là surtout qui
déjà, comme nous, a tenté de résoudre tous ces problèmes. Il s’empressera de
nous excuser, et de dire combien il n’y a pas lieu de s’étonner de tant de
remaniements. En tous cas, l’auteur remercie son public, qui lui a pardonné des
lacunes et des imperfections trop visibles, pour ne faire porter son
assentiment, et aussi sa critique, que sur les parties achevées et complètes de
l’œuvre.
Il s’est efforcé de rendre ce livre commode, jusque dans sa
forme extérieure. Conservant dans le corps du texte la computation Varronienne
à dater de la fondation de la ville, il a placé en marge les chiffres
correspondants de la période comptant par années avant la naissance du Christ. Dans
ce calcul comparé, la première année de Rome correspond à l’an 753 avant J.-C.,
et à la sixième année de la 4 e olympiade : quoique, à vrai dire,
l’année solaire romaine commençant au 1 er mars, et l’année grecque
au 1 er juillet, la première année de Rome, pour compter
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