Histoire Romaine
l’Euphrate
et du Tigre ; et enfin l’histoire des deux peuples jumeaux, les Hellènes
et les Italiotes, sur les rivages européens de la même mer. Chacune d’elles à
ses débuts touche sans doute à d’autres cycles historiques, à d’autres champs d’étude ;
mais bientôt elle prend sa voie et la suit séparément. Quant aux nations de
races étrangères ou apparentées qui se montrent autour de ce vaste bassin, Berbères
et Nègres en Afrique, Arabes, Perses et Indiens en Asie, Celtes et Germains en
Europe, elles sont venues souvent se heurter contre les peuples méditerranéens,
sans leur donner, ni recevoir d’eux, les caractères de leur propre progrès. Et
s’il est vrai de dire que jamais le cycle d’une civilisation s’achève, on ne
peut refuser le mérite d’une complète unité à celui où brillèrent tour à tour
les noms de Thèbes, de Carthage, d’Athènes et de Rome. Il y a là quatre peuples,
qui, non contents d’avoir ; chacun à part soi, fourni leur grandiose
carrière, se sont encore transmis dans de nombreux échanges, en les perfectionnant
chaque jour, tous les éléments les plus riches et les plus vivaces de la
culture humaine, jusqu’à ce qu’ils eussent pleinement accompli la révolution de
leurs destinées. Alors se levèrent des familles nouvelles, qui n’avaient encore
effleuré les terres méditerranéennes que comme les vagues qui viennent mourir
sur la plage. Elles se répandirent sur l’une et l’autre rive. À ce moment la
côte sud se sépare de la côte nord dans les faits de l’histoire ; et la
civilisation, dont le centre se déplacé, quitte la mer Intérieure pour se
porter vers l’océan Atlantique. L’histoire ancienne a pris fin l’histoire
moderne commence, non pas seulement dans l’ordre des accidents et des dates. C’est
une toute autre époque de la civilisation qui s’ouvre, quoique elle se rattache
maintes fois encore à la civilisation disparue ou sur son déclin des États
méditerranéens, comme celle-ci s’était jadis reliée à l’antique culture
indo-germanique. Cette civilisation nouvelle aura à son tour sa carrière propre
et ses destinées ; elle fera passer les peuples par l’épreuve du bonheur
et des souffrances : avec elle ils franchiront encore les âges de la
croissance, de la maturité et de la vieillesse ; les travaux et les joies
de l’enfantement, dans la religion, dans la politique et dans l’art ; avec
elle ils jouiront de leurs richesses acquises dans l’ordre matériel et dans l’ordre
moral ; jusqu’à ce que viennent aussi, peut-être, au lendemain du but
atteint, l’épuisement de la sève féconde, et les langueurs de la satiété !
N’importe, le but n’est lui-même qu’un temps d’arrêt rapide ; et si, quelque
grand qu’il soit, le cercle parcouru se referme, l’humanité ne s’arrête pas
pour cela on la croit au bout de sa carrière, que déjà une idée plus haute, de
nouveaux horizons la sollicitent, et son antique mission se rouvre devant elle.
Le sujet de ce livre est le dernier acte du grand drame de l’histoire
générale ancienne. Nous voulons dire ici l’histoire de la péninsule, située
entre les deux autres prolongements méditerranéens du continent septentrional. L’Italie
est formée par un rameau puissant détaché du contrefort des Alpes occidentales,
et se dirigeant vers le sud. L’Apennin (tel est
son nom) court d’abord au sud-est entre deux des bassins de la mer
Intérieure, l’un plus large à l’ouest, l’autre plus étroit à l’orient, et il
touche aux rives mêmes de ce dernier par le massif montagneux des Abruzzes, ou
il atteint son point Culminant, et s’élève presque à la ligne des neiges
éternelles. Après les Abruzzes, la chaîne s’avance au sud, toujours unique et
toujours haute : puis elle, se déprime, s’éparpille en un massif mamelonné ;
puis, se séparant enfin en deux chaînons, l’un moins élevé, qui va vers le
sud-est ; l’autre plus escarpé, qui va droit au Sud, elle se termine de
chaque côté par deux étroites presqu’îles. Les plaines du nord, entre les Alpes
et l’Apennin, vont se continuant jusqu’aux Abruzzes. Géographiquement parlant, et
jusque fort tard en ce qui touche l’histoire, elles n’appartiennent point au
système de ce pays de montagnes et de collines, à cette Italie proprement dite,
dont nous voulons raconter les destinées. Ce ne fut, en effet, qu’au VIIe siècle
de Rome que la
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