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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cheveux blonds de la femme, souillés de sang et de poussière, cachaient mal son corps nu, zébré de coups de fouet. L'homme était un vieillard comme l'attestaient ses cheveux et sa barbe blanche. Il portait une longue robe noire en lambeaux qui laissait voir ses jambes maigres, ses pieds nus. Ses membres portaient des traces de brûlures au fer rouge. De longues traînées de sang séché traçaient des rigoles sur les figures des deux suppliciés. On leur avait crevé les yeux...
    Tout courant, épouvanté de voir la bande faire halte devant la porte de l'abbaye, le frère-portier s'en alla prévenir le père-abbé qui commençait l'office du soir à la chapelle et qui accourut. Ermengarde, Catherine et Sara, mues par le même pressentiment, le suivirent ainsi qu'une bonne partie des moines.
    Quand ils parvinrent aux créneaux dominant le grand portail, Ermengarde d'un geste brusque, rejeta Catherine derrière son large dos, laissant Jean de Blaisy s'avancer seul. La nuit était presque tombée mais, au-dehors, les routiers avaient allumé des torches qui jetaient sur leur groupe et sur leurs misérables prisonniers une lueur sanglante.
    — Que voulez-vous ? lança l'abbé d'une voix rude. Que signifient ces armes, cet homme et cette femme torturés ?
    — Que signifie, seigneur abbé, cette porte fermée ? répondit une voix que Catherine reconnut avec un frisson.
    L'attrait de la peur fut plus fort en elle que la peur même. Tendant le cou, elle regarda entre Ermengarde et le merlon auquel la comtesse s'appuyait, vit la figure pâle de Garin éclairée par les lueurs d'incendie. De son mari, son regard glissa sur les deux victimes aveugles qui s'étaient laissées tomber sur le sol, plus qu'à demi mortes. Malgré le sang qui maculait leur visage, elle les reconnut avec un cri rauque qui s'étrangla dans sa gorge : c'étaient Pâquerette et Gervais ! Sara, rapide comme l'éclair, étouffa ce cri sous sa main, tirant Catherine en arrière d'un bras énergique. Un silence profond s'était fait sur le village et le vallon. La voix calme de l'abbé en prit une résonance plus profonde :

    — Ma porte se ferme chaque fois que le soleil se couche, dit-il, Es-tu donc un tel mécréant pour ignorer les coutumes des maisons de Dieu ?
    — Je ne les ignore pas. Je désire seulement entrer.
    — Pour quoi faire ? Demandes-tu l'asile ? J'en doute à te voir ainsi entouré. Les armes des hommes doivent tomber au seuil du Seigneur. Si tu veux entrer, Garin de Brazey, tu entreras... mais seul !
    Le compagnon de Brazey prit la parole. Sa voix éraillée passa comme une lime sur les nerfs tendus de Catherine.
    — Pourquoi me refuserais-tu l'entrée, moine ? Je suis le Bègue de Pérouges.
    Je le sais, fit Jean de Blaisy sans s'émouvoir. Je t'ai reconnu et je connais le chemin de sang qui est le tien : les femmes égorgées, les enfants embrochés et les villages en flammes ont depuis longtemps crié vers le ciel contre toi.
    Tu es une bête puante et les bêtes puantes n'entrent pas ici ! Jette tes armes, couvre ta tête de cendres et demande pardon à Dieu. Alors seulement tu entreras. Je reconnais ta marque à ces deux malheureux que tu traînes à ta suite. Si tu veux que je t'écoute, laisse mes frères les recueillir.
    L'autre eut un gros rire insultant.
    — Tu perds ta pitié, moine ! Deux sorciers adorateurs de Satan, des traîtres de surcroît ! Seul le bûcher peut leur convenir !
    Mais Garin s'impatientait de cette discussion. Il éleva la voix, se dressant debout sur ses étriers.
    — Trêve de bavardages, sire abbé ! Je suis venu te réclamer ma femme, Catherine de Brazey qui se cache dans ton abbaye. Rends-la-moi et nous passerons notre chemin. Je te promets même d'égorger sur l'heure et sans souffrances ces deux misérables qui l'ont cachée, guidée jusqu'ici.
    — Sans souffrances ? fit dédaigneusement l'abbé. As-tu perdu l'esprit, Grand Argentier de Bourgogne ? Crois-tu que ton maître te pardonnera de t'être acoquiné avec le bandit que voilà ? De quel droit viens- tu ici me parler en maître ? Oublies-tu qui je suis ? Mon sang est plus noble que le tien et je suis homme de Dieu, passe ton chemin. Ta femme, épuisée, à demi morte à cause de toi, est venue ici. Elle a invoqué le droit d'asile que tout malheureux, quel qu'il soit, est en droit de réclamer au seuil des abbayes. Et je lui ai accordé ce droit. Elle ne quittera cette maison que de son plein gré.
    Malgré l'horreur où l'avait

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