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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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chère, s'il y a un seul homme digne de ce nom dans tout le territoire des Flandres et de la Bourgogne qui ne soit pas plus ou moins amoureux de vous. C'est bon, je reste !
    D'ailleurs, Saint-Rémy entrait, élégant, somptueux à son habitude, et le visage éclairé d'un large sourire. Pour cette visite, l'arbitre des élégances bourguignonnes s'était vêtu aux couleurs de l'automne. Le velours feuille morte de la robe mi-longue et fendue en plusieurs endroits qui le vêtait montrait, à l'envers des fantastiques manches découpées, les reflets d'un brocart à feuilles dorées et pourprées. Les chausses collantes étaient d'un joyeux écarlate et le chapeau de velours assorti au costume se piquait de feuilles d'or fin semblables à celles qui ornaient la poignée de la dague passée à la ceinture, très basse, du gentilhomme. D'immenses poulaines écarlates prolongeaient les chaussures de Saint-Rémy et lui conféraient une curieuse démarche, assez proche de celle du canard. Avec lui entra un peu de l'air vif du dehors et la paix douillette de la grande pièce harmonieuse vola en éclats.
    Saint-Rémy se récria sur la beauté de Catherine, admira sans réserve le tableau commencé, examina en connaisseur les pièces d'orfèvrerie des dressoirs, s'agita, tourbillonna et finalement s'installa dans un fauteuil, acceptant la coupe de vin que lui offrait son hôtesse. Il enveloppa Van Eyck d'un regard plein de sympathie.
    — Alors, messire-ambassadeur, s'écria-t-il, je me suis laissé dire que vous alliez encore courir les routes et nous quitter ? Je vous envie, par ma foi, de vous en aller vers les pays du soleil tandis que nous allons, nous autres pauvres Septentrionaux, nous enfoncer dans les froidures de l'hiver.
    — Comment, Van Eyck ? Vous nous quittez ? s'écria Catherine avec surprise. Mais vous ne m'en avez rien dit !
    Le peintre était subitement devenu très rouge et lançait au visiteur des coups d'œil pleins de reproches.
    — J'allais le faire, fit-il d'un ton rogue, quand messire de Saint-Rémy est arrivé...
    Le jeune conseiller était devenu presque aussi rouge que le peintre. Son regard inquiet allait de Catherine à Van Eyck puis revenait.
    — Si je comprends bien, fit-il avec confusion, j'ai encore eu la langue trop longue et...
    Catherine, sans cérémonie, lui coupa la parole. Elle se dirigea vers le peintre, traînant derrière elle l'immensité de sa robe violette, et se planta devant lui de manière à bien le regarder dans les yeux.
    — Où allez-vous donc, Jean ? Vous en avez trop dit l'un et l'autre pour ne pas éveiller ma curiosité. Suis-je donc censée ignorer votre nouvelle mission
    ? Car c'est en mission que Monseigneur Philippe vous envoie, n'est-ce pas ?
    Ce n'était pas, en effet, la première fois que Philippe de Bourgogne utilisait les talents diplomatiques de son peintre favori. La sensibilité d'artiste de Van Eyck le rendait tout à fait propre aux ambassades particulièrement délicates. Il haussa les épaules.
    — Oui, il m'envoie comme légat. J'aurais préféré qu'il vous annonçât lui-même la nouvelle mais, après tout, vous le saurez bien un jour, tôt ou tard.

    Le duc m'envoie au Portugal. Je dois y faire des ouvertures, auprès du roi Jean Ier, en vue d'un mariage éventuel entre l'infante Isabelle et...
    Il s'interrompit, n'osant aller plus loin. Ce fut Catherine qui, doucement, acheva la phrase commencée :
    — ... entre l'infante Isabelle et le duc de Bourgogne ! Voyons, mon ami, me croyez-vous assez sotte pour ne pas savoir qu'il lui faut se marier, une nouvelle fois, s'il veut enfin avoir un héritier ? Il y a longtemps que j'attends une nouvelle comme celle- là. Et je ne suis pas surprise. Pourquoi donc tant de précautions oratoires ?
    — Je craignais que vous n'en eussiez de la peine. L'amour du prince pour vous est immense et je sais que ce mariage n'est qu'un mariage de raison.
    L'infante a plus de trente ans, on la dit belle mais on dit cela de toutes les princesses et...
    — Allons ! Allons ! coupa encore Catherine, cette fois en .riant. Voilà que vous plaidez encore. Ne vous mettez donc pas martel en tête de la sorte.
    Je connais mieux que vous les sentiments de Monseigneur Philippe... et les miens propres. Et vous ne m'avez fait aucune peine. Parlons de choses sérieuses : avec cette mission, quand donc finirez-vous mon portrait ?
    — Je ne partirai qu'à la fin du mois, j'ai encore tout le temps...
    La nouvelle si étourdiment

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