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Inaccessible Étoile

Inaccessible Étoile

Titel: Inaccessible Étoile Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Cotard
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débauche pour les jeunes filles de la cité. Le caïd est surnommé « L'amiral », un copain de Pierrette, un demi-sel.
Ce qui se passe dans les cités aujourd’hui n’a rien de nouveau ! Déjà fin des années 60, les cités sont devenues des cités-dortoirs où la jeunesse délinquante fait ses premières armes.
Avec les blousons noirs, les premiers émigrés qui sont enfermés dans le béton, surtout en cette période de guerre d'Algérie.
Le déracinement et le délit de sale gueule, comme on dit, existent déjà. Il ne faut pas oublier que les premiers pieds-noirs (chrétiens d'Afrique du nord) sont arrivés d’Algérie en France en 1961.
De Français (pour les Algériens) du jour au lendemain ils se retrouvent catalogué « crouilles » ou « bicots » par un grand nombre des Français du continent, de « traîtres » pour les Algériens ayant combattu contre l’indépendance.
À la fin de la guerre d’Algérie, alors que De Gaulle vient d'accorder l'indépendance à l'Algérie, ce n’est pas une position enviable pour eux de passer leur enfance dans ces cités qui comportent, en guise de Français nés sur le continent, tout de même pas mal de beaufs.
Ce n’est pas une position enviable quand on parle de la torture infligée par nombre de militaires français pendant cette guerre et depuis les années 50.
Beaucoup de jeunes Français, qui n'avaient rien demandé, ont participé à la guerre d’Algérie, il est vrai, parfois de loin, parfois de près et les manifestations contre la torture et les camps d'internement fleurissent dans Paris et en France en général.
Le 7 octobre 1961 la manifestation pacifique de plusieurs dizaines de milliers d'Algériens est dans les rues de Paris. La répression est brutale : des dizaines de morts, des centaines de blessés et plus de dix mille arrestations. Des corps sont jetés dans la Seine.
Mais nous, entre gosses, si ce n’est parfois l'ascendant des parents, nous ne sentons pas tellement de divergence. Nous sommes loin de ces histoires de camps et de tortures, d'indépendance.
Parfois dans nos jeux de récré, il y en a bien toujours un pour jouer à « De Gaule », à « Massu », mais on n'y comprend pas grand chose à la politique algérienne.
Ces autres enfants sont juste plus cuivrés que la moyenne et ils ont le verbe dominant avec un argot parfois grossier.
Une nutrition nouvelle apparaît pour nous, comme le couscous ou les délicieux gâteaux au miel que confectionnent les mères des copains.
Nous ne sommes pas coutumiers à une telle familiarité non plus, tant du point de vue des parents que des enfants. Familiarité sympathique pour nous, les parents pieds-noirs nous appellent : Mon fils, ma fille, parfois nous ne les connaissons même pas.
Cela dit, les parents sont très respectueux de la loi française, de la personne humaine. Ils cherchent à s'intégrer.
    Il n'y a pas encore vraiment de problèmes de religion.
Comprenez, les pieds-noirs ont quitté leur patrie, leur soleil, une autre vie bien établie là-bas. Une main devant, une main derrière, ils ont tout abandonné, tout laisser au pays parce que c'était le départ ou le cimetière. Ils sont déracinés.
Beaucoup avaient un emploi, une habitation, un rythme de vie. Un matin, sous peine d’être égorgés à leur tour, ils doivent tout abandonner, tout sacrifier, une vie de travail et d'efforts…
À leur tour parce beaucoup de militaires français basés en Algérie ne se sont pas gênés pour eux même égorger et violer les musulman(es) lorsqu'ils se sentaient soutenus par le gouvernement De Gaulle.
De nombreux procès et de nombreuses révélations seront découverts par la suite et le confirmeront.
Mais après la déclaration d'indépendance, un instituteur, par exemple, se retrouve à Marseille sans rien, ni fonction, ni habitation, rien. Il ne leur reste souvent que les yeux pour pleurer.
Beaucoup, parmi les anciens, ne s’en remettront jamais.
Ils sont déconsidérés, avec une famille à charge souvent. Du coup, atrophié le sens de l’autorité parentale et du respect à inculquer à leurs enfants. Celui qu’ils avaient au pays.
La plupart des premiers enfants s’en souviendront, avant de baisser les bras eux-mêmes.
La génération postérieure s'en souviendra beaucoup moins, ils sont de plus en plus révoltés. Au fil des générations, ce respect sera de plus en plus souvent fourvoyé, au grand désarroi des parents, jusqu'à donner les crises dans les cités de

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