Jack Nicholson
penser qu’il était en train de parler à Jack (dans cette scène). J’ai dû retourner l’image pour qu’il fasse face à la bonne direction », expliqua-t-il.
« Si on se plaçait dans l’optique du monteur, explique Cambern, il fallait monter pour Jack. Aller vers Jack à chaque fois qu’on le pouvait. Très, très souvent, soit par la qualité de sa technique soit par la réplique qu’il allait prononcer, Jack nous donnait envie d’aller vers lui. »
Le film était toujours trop long. On était fatigué quand on arrivait à le regarder jusqu’au bout. Schneider était loyal vis-à-vis de Hopper, mais Hopper finit par dépasser les délais prévus pour le « director’s cut ». Hopper avait du mal à débarrasser le film de ses redondances. Il voulait toujours essayer autre chose. L’individuel se heurtait au collectif, et le collectif arriva à une impasse.
Schneider conseilla vivement à Hopper et aux autres de faire une pause. Il se mit à travailler avec Cambern et réalisa beaucoup de changements tout en essayant de garder à l’esprit les souhaits de chacun.
Les longueurs des scènes du café, des feux de camp, disparurent – à jamais, à moins que ne sorte un jour un DVD du « director’s cut ». Une scène de poursuite de voitures de police et d’hélicoptères qui devait être située au début du film, après celle de la vente de la drogue, disparut également.
Quatre semaines plus tard, Hopper revint, visionna le film, et se déclara satisfait. Il y eut après cela encore quelques réflexions, mais Easy Rider, un film de 94 minutes, était pour l’essentiel achevé.
Pendant tout ce temps, les cinéastes avaient écouté des « 33 tours » dans la salle de montage pour essayer de trouver la bonne musique. Ils connaissaient tous les chanteurs et groupes à la mode, dont ils partageaient dans certains cas les agents. Le producteur musical et inventeur du « mur du son » Phil Spector (qui jouait le rôle du dealer au début du film), mais aussi d’autres grands producteurs tels que Lou Adler (The Mamas and the Papas) et Richard Perry (producteur de Carly Simon) fréquentaient assidûment les fêtes qu’ils organisaient.
On ajouta aux scènes les musiques les plus tendance de l’époque. Tous les musiciens dont les chansons avaient été sélectionnées furent invités à venir voir le film pour approuver l’usage de leurs morceaux. Les membres de The Band furent tellement enthousiastes qu’ils proposèrent de composer toute la bande originale du film (proposition qui fut déclinée).
La seule fausse note provint de Bob Dylan. C’était la chanson Its Alright Ma, I’m Only Bleeding (avec le vers He not busy being born is busy dying ii ) qui avait au départ été choisie pour mettre en valeur le final tragique d’ Easy Rider . Mais Dylan expliqua à Hopper qu’il s’agissait d’une chanson prétentieuse qui n’avait pour fonction que de « remplir » l’un de ses albums. Dylan inquiéta Fonda en insistant sur le fait que la fin était déjà assez triste comme cela. La chanson de Dylan fut donc supprimée, et l’un des Byrds, Roger McGuinn, composa obligeamment un magnifique hymne pour souligner le générique de fin, Ballad of Easy Rider.
Des projections furent organisées pour la famille et les amis à la fin du printemps 1969. Le cinéaste italien Michelangelo Antonioni, qui était régulièrement présent à Hollywood, où il tournait son œuvre américaine Zabriskie Point, était l’une des idoles de Nicholson et de Hopper ; il fut l’un des premiers étrangers invités à la projection du film. Le réalisateur Mike Nichols en fut un autre.
Les autres Fonda célèbres, Henry et Jane, s’empressèrent aussi de venir voir la première production de Peter. Le père de Peter ne savait pas trop quoi penser : il confia qu’il aimait le film mais qu’il aurait souhaité davantage d’explications sur la nature des évènements iii . Jane fut quant à elle très impressionnée – par le film, mais surtout par l’un de ses acteurs. Jane Fonda était en train de tourner On achève bien les chevaux avec Bruce Dern. Elle prit le réalisateur à part et lui dit qu’elle venait de voir Easy Rider et qu’elle trouvait que ce nouveau type, Jack Nicholson, était vraiment excellent. « Ouais, bien sûr, répliqua Dern, encore une autre saloperie de film de motos. Allez, raconte-moi tout. Ça m’intéresse, j’en ai fait environ 2 millions. »
Dans
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