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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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savait tout sont parfois floues ou contradictoires. Souvent les mémorialistes se contredisent : de Barras à Talleyrand, de Claire de Rémusat à Bourrienne, on ne compte plus les divergences et l’on finit par apprendre la méfiance : Barras est à l’occasion fielleux tandis que Bourrienne est suspect. Talleyrand se montre curieusement déplaisant, écrivant par exemple sur Joséphine : « Joséphine, femme si ordinaire dans la condition privée, occupa sans faire rire un trône où la fille des Césars passa sans aucun titre de gloire. »
    Parfois, ils tentent de se discréditer l’un l’autre ; ainsi Mlle Avrillion, première femme de chambre de l’impératrice, assure dans ses Mémoires que sa maîtresse ne connaissait nullement Mlle Le Normand, par les soins de laquelle furent publiés des Mémoires historiques et secrets de l’impératrice Joséphine, ouvrage il est vrai suspect à bien des égards, mais qui contient trop d’informations originales pour n’être qu’un pastiche. Joséphine, dit-elle, indifférente aux témoignages contraires, n’était aucunement superstitieuse. Mais outre qu’elle commet de nombreuses erreurs de date, Avrillion témoigne en plusieurs passages d’une étonnante ignorance, sinon de mauvaise foi. Pour n’en donner qu’un exemple, elle déclare ne pas savoir quelle fut la raison d’un retard dans le départ de Napoléon et de Joséphine pour l’Italie, où le premier devait se faire couronner roi ; or la raison en est évidente : c’est le baptême extraordinaire du fils d’Hortense et de Louis Bonaparte par le pape en personne. C’était pour Napoléon le sacre même de la dynastie, le jeune Napoléon Louis étant l’un des héritiers présomptifs du trône.
    Cela méritait bien un retard, mais, comme s’il ne suffisait pas qu’elle s’embrouille dans les dates, Avrillion ignore des événements majeurs de la cour et s’attribue une autorité suprême sur la vérité historique. L’occasion est bonne pour dire que l’édition moderne brille surtout par les notes de l’historien Maurice Dernelle ; il ne se gêne pas pour la prendre en défaut et dire ce qu’elle ne dit pas.
    L’ouvrage d’Augustine Le Normand est un faux, c’est indéniable ; un seul exemple le prouve : l’auteur y fait dire à Joséphine (p. 303 du tome II) que lorsque Napoléon quitta Vienne, après la signature du traité de paix entre la France et l’Autriche, elle le rejoignit à mi-chemin, à Munich, et qu’ils rentrèrent ensemble en France ; « Nous arrivâmes le 29 octobre 1809 à Fontainebleau et nous y séjournâmes jusqu’au 14 novembre. » Erreur grossière : Joséphine attendit à la Malmaison le retour de Napoléon ; il arriva le 26 au matin à Fontainebleau et elle ne l’y rejoignit que le soir, ce qui mécontenta beaucoup son époux.
    On y trouve maints autres exemples de la méconnaissance des événements journaliers de la vie de l’Impératrice ; ils montrent assez que Joséphine ne saurait être l’auteur de ces pages.
    Néanmoins, l’ouvrage mérite mieux que le mépris expéditif avec lequel il fut traité par la reine Hortense et Avrillion. Le Normand, fille d’un drapier d’Alençon, tirait les cartes dans sa ville natale, où elle acquit une certaine notoriété. « Montée » à Paris, elle fut vendeuse dans un magasin de modes avant de reprendre son commerce au 5 rue de Tournon, de 1798 à 1840. Elle y reçut Robespierre, Saint-Just, Barras, Tallien, Talma, le peintre David, et Joséphine de Beauharnais, qui lui conserva sa confiance jusqu’à la fin. Elle entra ainsi dans la confidence et peut-être la confiance de nombreux acteurs de cette époque. Le Siècle des Lumières fut, en effet, beaucoup plus porté à l’occultisme qu’on le croirait ; après avoir fêté Franz Mesmer, puis le comte de Saint-Germain et Cagliostro, il cultiva les sociétés secrètes… mais cela est une autre histoire.
    À première vue, il paraîtrait invraisemblable que Joséphine, si elle avait écrit l’histoire de sa vie ou tenu un journal, secret qui plus est, l’eût confié à une pythonisse. Pourtant sa vie était trop riche en personnages éminents et en aventures pour qu’on exclue entièrement qu’elle ait tenté de les fixer sur le papier. La surveillance étroite et constante dont elle faisait l’objet de la part de Bonaparte déjà, puis de Napoléon, qui faisait ouvrir sa correspondance, expliquent plus aisément qu’à

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