Joséphine, l'obsession de Napoléon
philosophie, aujourd’hui quasi sanctifié (certains ont même cru y distinguer un précurseur de Jésus !). La condamnation à boire la ciguë est généralement présentée comme le résultat d’un malentendu entre le vieux sage et un aréopage borné, et, d’ailleurs, on ne s’attarde guère sur ses raisons véritables. On préfère présenter en exemple de stoïcisme le condamné buvant le poison devant ses proches. Athènes devrait ainsi porter éternellement la tache d’une sanction injuste infligée au plus noble des hommes.
L’affaire est bien différente. Réchappée de deux épisodes sanglants de tyrannie, en 411 et 404 av. J. -C., Athènes s’avisa que deux acteurs principaux de ces folies criminelles, Critias et Charmide, avaient été des disciples du philosophe. Les membres de l’aréopage accusèrent celui-ci de corrompre la jeunesse et le prièrent de s’expliquer. Il le prit de haut : « Comment, vous m’accusez, moi qui devrais être logé et nourri aux frais de la cité ? » Ce qui décida les juges à sévir. Des fidèles proposèrent à Socrate de le faire évader ; il refusa. Un troisième de ses disciples lui avait porté le coup fatal : c’était le détestable Alcibiade, beau garçon riche mêlé à divers scandales et dont la trahison avait fini par ruiner Athènes (il avait rallié Sparte, ennemie d’Athènes). Socrate avait dit autrefois : « J’aime deux choses au monde, Alcibiade et la philosophie. » Or le bien-aimé avait commis la pire des forfaitures et Socrate en eut le coeur brisé. Sa mort fut en fait un suicide.
Peut-être s’avisera-t-on un jour de la toxicité et des ravages des mythes, porteurs de mensonge.
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