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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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seconde étant devenue enceinte un peu trop à propos. Le seul enfant qu’on puisse lui attribuer avec une certitude raisonnable fut celui qu’il eut de Marie-Louise.
    Il fut lui-même conscient de son insuffisance génitale et en conçut des doutes, que sa soeur Caroline et Joachim Murat tentèrent de dissiper en organisant sa liaison avec la Duchâtel, puis Éléonore Denuelle.
    Napoléon n’était donc pas stérile, mais il souffrait d’une insuffisance hypophysaire affectant la thyroïde et les gonades. François Antommarchi a rapporté des propos de l’Empereur à Sainte-Hélène :
    « Vous le voyez, beaux bras, seins arrondis, peau blanche et douce, pas un poil, excepté pourtant… Plus d’une belle dame ferait trophée de cette poitrine. Qu’en dites-vous ? » Propos surprenants, surtout associés à ceux que rapporte Caulaincourt dans ses Mémoires : Napoléon y déclarait que son amitié pour de beaux hommes commençait habituellement par une sensation « dans les reins et dans un autre endroit que je ne nommerai pas ». Sancta simplicitas !
    Il n’est donc pas excessif d’en conclure qu’il y avait chez Napoléon une composante féminine marquée, qui s’exprima en certaines occasions par une confusion des sentiments. De même que, dans son esprit, l’image de Joséphine se superposa à celle de sa mère Laetitia, il s’identifia inconsciemment à Joséphine, du moins au début de leur relation. D’où les débordements de passion, parfois obsessionnelle, qu’il lui témoigna, et l’attachement étrange qui demeura bien au-delà du divorce.
    De surcroît, ils étaient unis par le même trait : elle était stérile, et il l’était presque. Elle, pour sa part, ne pouvait surmonter le fait que cet amour l’avait elle-même créée. Il en avait fait la femme la plus admirée de France et peut-être d’Europe.
    Si leur histoire est exceptionnelle, ce n’est pas parce qu’ils furent les personnages historiques qu’on sait, mais parce qu’ils contribuèrent l’un et l’autre à créer ces personnages. Plus qu’une mère et qu’aucune autre femme, Joséphine exalta chez le jeune Bonaparte le sentiment de sa valeur ; il reçut d’elle parfois des reproches, jamais des critiques, même quand sa mégalomanie frisa la psychopathie. La jalousie exacerbée qu’il provoqua chez elle, qu’il entretint peut-être, ne fit que renforcer le sentiment qu’il était unique, irremplaçable.
    La même mégalomanie apparut dans la frénésie de dépenses à la fin délirante de Joséphine. Il avait fait d’elle la maîtresse du monde. Elle se comporta comme telle.
    Contrairement à une idée commune, le narcissisme n’est pas solitaire.
    La troisième rubrique de la fiche médicale est moins romanesque : c’est celle du système digestif. Les habitudes alimentaires de Napoléon étaient erratiques. Sur le champ de bataille, cela pouvait se concevoir ; mais il se comporta de même quand il était dans ses palais ; il prenait à peine le temps de mâcher ses aliments, expédiant ses repas en un quart d’heure. Des maux d’estomac ne tardèrent pas à survenir qui enclenchèrent sa maladie terminale, un ulcère qui vira probablement au cancer. Ces habitudes causèrent aussi des crises de constipation et de diarrhée alternées (entretenues par un abus constant de purgatifs). L’une des conséquences en fut ses hémorroïdes, de plus en plus douloureuses au cours des années.
    La question a été posée quelquefois : les longues heures à cheval, sur le champ de bataille, auraient-elles influencé la résistance et le jugement de Napoléon ? Elle comporte implicitement sa réponse, surtout si les douleurs coïncidaient avec des difficultés de miction et l’une des migraines dont il souffrit toute sa vie. Même son exceptionnelle intelligence ne pouvait y résister.
    Associé à ses égarements répétés, le délabrement physique de Napoléon à la fin de son règne pose des questions évidentes, mais trop vastes pour être évoquées ici.
    Ces éléments auront, je l’espère, mené le lecteur à la conviction qui inspira ces pages : la mythification n’est pas une idéalisation, mais une falsification.
    Or elle continue de sévir dans tous les domaines, et notamment l’histoire. L’un des exemples les plus célèbres est celui de Socrate.
    Ce philosophe a été, au cours des siècles, présenté comme un fondateur de la culture occidentale, porteur du premier flambeau de la

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