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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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quelque orgueilleuse bourgeoise de la cité au prêche, et prendre sa défense contre tout courtaud de boutique qui voudrait lui disputer la muraille. Ce n’est pas ainsi que doit se montrer celui qui va à la cour à la suite d’un grand seigneur.
    – Mais sache donc que depuis que tu as quitté l’Angleterre tout est changé, et que tel homme qui en secret marche à son but d’un pas déterminé sans que rien puisse l’arrêter, ne se permet, dans la conversation, ni une menace, ni un serment, ni un mot profane.
    – C’est-à-dire qu’on fait commerce pour le diable sans mentionner son nom dans la raison de commerce. Eh bien ! soit ; je prendrai sur moi de me contrefaire plutôt que de perdre du terrain dans ce nouveau monde, puisque tu prétends qu’il est devenu si rigide. – Mais, Tony, quel est le nom du seigneur au service duquel je dois faire un apprentissage ?
    – Ah ! ah ! M. Michel, s’écria Foster avec un sourire forcé, est-ce ainsi que vous prétendez connaître mes affaires ? Que savez-vous s’il existe un pareil homme dans le monde, et si je n’ai pas voulu m’amuser à vos dépens ?
    – Toi t’amuser à mes dépens, pauvre oison ! dit Lambourne sans s’intimider ; apprends que, quelque bien caché que tu te croies sous la boue dans laquelle tu es enfoncé, je ne demande que vingt-quatre heures pour voir aussi clair dans toutes tes affaires qu’à travers la sale corne d’une lanterne d’écurie.
    Un cri perçant interrompit en ce moment leur conversation.
    – Par la sainte croix d’Abingdon ! s’écria Foster, oubliant son protestantisme dans son effroi ; je suis un homme ruiné !
    À ces mots il courut dans l’appartement d’où ce cri était parti, et Michel Lambourne l’y suivit. Mais pour expliquer la cause de cette interruption, il est nécessaire de rétrograder un peu dans notre récit.
    On sait que lorsque Lambourne accompagna Foster dans la bibliothèque, Tressilian fut laissé seul dans le vieux salon. Son œil sévère leur lança un regard de mépris dont il se reprocha de mériter une bonne part pour s’être abaissé jusqu’à se trouver en pareille compagnie. – Tels sont, Amy, se disait-il en lui-même, les compagnons que votre injustice, votre légèreté, votre cruauté irréfléchie, m’ont obligé de chercher ; moi sur qui mes amis fondaient tant d’espérance ! moi qui me méprise aujourd’hui autant que je serai méprisé par les autres, pour l’avilissement auquel je me soumets par amour pour vous ! Mais jamais je ne cesserai de vous poursuivre, vous autrefois l’objet de la plus pure et de la plus tendre affection ! et quoique vous ne puissiez être pour moi désormais qu’un sujet de larmes et de regrets, je vous arracherai à l’auteur de votre ruine ! je vous sauverai de vous-même ; je vous rendrai à vos parens, à votre Dieu ! Je ne verrai plus ce bel astre briller dans la sphère d’où il est descendu ; mais… – Un léger bruit qu’il entendit dans l’appartement interrompit sa rêverie. Il se retourna, et dans la femme aussi belle que richement vêtue qui se présenta à ses yeux, et qui entrait par une porte latérale, il reconnut celle qu’il cherchait. Son premier mouvement, après cette découverte, fut de se cacher le visage avec son manteau jusqu’à ce qu’il trouvât un moment favorable pour se faire connaître ; mais la jeune dame, car elle n’avait pas plus de dix-huit ans, déconcerta ce projet. Courant à lui d’un air de gaieté, elle le tira par l’habit, et lui dit avec enjouement :
    – Après vous être fait attendre si long-temps, mon bon ami, croyez-vous venir ici comme dans un bal masqué ? Vous êtes accusé de trahison au tribunal de l’amour ; il faut que vous comparaissiez à sa barre, et que vous y répondiez à visage découvert. Voyons, que direz-vous ? êtes-vous innocent ou coupable ?
    – Hélas ! Amy,…, dit Tressilian d’une voix basse et mélancolique, en lui laissant écarter son manteau.
    Le son de cette voix et la présence inattendue de Tressilian mirent fin à l’enjouement de la jeune dame. Elle fit un pas en arrière, devint pâle comme la mort, et se couvrit le visage des deux mains. Tressilian fut un moment trop ému pour parler ; mais, se rappelant tout-à-coup la nécessité de saisir une occasion qui pouvait ne plus se présenter, il lui dit : – Amy, ne me craignez point.
    – Et pourquoi vous craindrais-je ? répondit-elle en

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