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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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droit une espèce de poignard, et de l’autre un grand coutelas. Foster leva les yeux en entrant, jeta un regard pénétrant sur les deux étrangers, et les baissa comme s’il eût compté ses pas en avançant vers le milieu de la salle ; il leur dit en même temps d’une voix basse et comme retenue : – Permettez-moi, messieurs, de vous demander le motif de votre visite.
    Il semblait adresser cette demande à Tressilian, et attendre de lui une réponse, tant était vraie l’observation de Lambourne, que l’air de supériorité qui est dû à la naissance et à l’éducation perce à travers les vêtemens les plus simples ; mais ce fut Michel qui lui répondit avec l’aisance et la familiarité d’un ancien ami, et du ton d’un homme qui ne pouvait douter de l’accueil cordial qu’il allait recevoir.
    – Mon bon ami, mon ancien compagnon, mon cher Tony Foster, s’écria-t-il en lui saisissant la main presque malgré lui et en la secouant de manière à lui ébranler tout le corps, comment vous êtes-vous porté depuis tant d’années ? Eh quoi ! avez-vous tout-à-fait oublié votre ancien ami, votre camarade, Michel Lambourne ?
    – Michel Lambourne ? répéta Foster en levant les yeux, sur lui, et en les baissant aussitôt. Et retirant sa main sans cérémonie : Êtes-vous donc Michel Lambourne ? lui demanda-t-il.
    – Oui, sans doute, aussi sûr que vous êtes Tony Foster.
    – Fort bien, dit Foster en fronçant le sourcil ; et quel motif a pu amener ici Michel Lambourne ?
    –  Voto a Dios  ! s’écria Michel, je croyais trouver un meilleur accueil que celui qui m’y attend, à ce qu’il paraît.
    – Quoi ! gibier de potence, rat de prison, pratique de bourreau, oses-tu te flatter de recevoir bon accueil de quiconque n’a rien à craindre de Tyburn {19}  ?
    – Tout cela peut-être vrai ; je veux bien même supposer que cela le soit. Je n’en suis pas moins encore assez bonne compagnie pour Tony Allume-Fagots, quoiqu’il soit en ce moment, je ne conçois pas trop à quel titre, maître de Cumnor-Place.
    – Écoutez – moi, Michel Lambourne ; vous êtes un joueur, vous devez connaître le calcul des chances. Calculez celles que vous avez pour que je ne vous jette pas par cette fenêtre dans le fossé là-bas.
    – Il y a vingt contre un que vous n’en ferez rien.
    – Et pourquoi, s’il vous plaît ? demanda Foster les dents serrées et les lèvres tremblantes, comme un homme agité par une profonde émotion.
    – Parce que, pour votre vie, répondit Lambourne avec le plus grand sang-froid, vous n’oseriez me toucher du bout du doigt. Je suis plus jeune et plus vigoureux que vous, et j’ai en moi une double portion de l’esprit du diable des batailles, quoique je ne sois pas autant possédé du diable de l’astuce, qui se creuse un chemin sous terre pour arriver à son but, et, comme on le dit au théâtre, cache un licou sous l’oreille des autres, ou met de la mort-aux-rats dans leur potage.
    Foster leva encore les yeux sur lui, les détourna, et fit deux tours dans la salle d’un pas aussi ferme et aussi tranquille que lorsqu’il y était entré. Se retournant alors tout-à-coup, il dit à Lambourne en lui présentant la main : – N’aie pas de rancune contre moi, mon bon Michel, je n’ai voulu que m’assurer si tu avais conservé ton ancienne et honorable franchise, que les envieux et les méchans appellent effronterie impudente.
    – Qu’ils en disent tout ce qu’ils voudront ; c’est une qualité qui nous est indispensable dans le monde. Mille diables ! je te dis, Tony, que ma pacotille d’assurance n’était pas assez considérable pour mon commerce ; aussi ai-je augmenté ma cargaison de quelques tonneaux dans tous les ports où j’ai touché dans le voyage de la vie ; et, pour leur faire place, j’ai jeté par-dessus le bord le peu de modestie et de scrupules qui me restaient.
    – Allons, allons, répliqua Foster, quant à la modestie et aux scrupules, vous étiez parti d’Angleterre sur votre lest. Mais quel est votre compagnon, honnête Michel ? Est-ce un Corinthien, un coupeur de bourse {20}  ?
    – Je vous présente M. Tressilian, brave Foster, dit Lambourne pour répondre à la question de son ami : apprenez à le connaître et à le respecter, car c’est un gentilhomme plein de qualités admirables ; et, quoiqu’il ne trafique pas dans le même genre que moi, du moins que je sache, il honore et il admire

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