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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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fermée, et qu’il ne pourrait faire sa retraite de ce côté.
    – Il faut pourtant l’essayer, pensa-t-il. Le seul moyen de sauver cette malheureuse fille, cette fille toujours si intéressante, c’est que son père en appelle aux lois outragées de son pays ; il faut donc que je lui apprenne sans délai une nouvelle qui va lui percer le cœur.
    Tout en s’entretenant ainsi avec lui-même, il s’approcha de la porte, et tandis qu’il examinait s’il était possible soit de l’ouvrir, soit d’escalader la muraille, il entendit qu’on plaçait à l’intérieur une clef dans la serrure. Elle s’ouvrit ; la porte roula sur ses gonds, et un cavalier enveloppé d’un grand manteau et portant un chapeau rabattu, surmonté d’un panache, s’arrêta à quatre pas de celui qui cherchait à sortir. Tous deux s’écrièrent en même temps d’un ton de ressentiment et de surprise, l’un : – Varney !… l’autre : – Tressilian !
    – Que faites-vous ici ? demanda brusquement le nouveau venu après le premier moment de surprise ; que faites-vous dans un lieu où vous n’êtes ni attendu ni désiré ?
    – Et qu’y faites-vous vous-même, Varney ? répondit Tressilian. Y venez-vous pour triompher de l’innocence que vous avez sacrifiée, comme le vautour s’engraisse de la chair de l’agneau auquel il a d’abord arraché les yeux, ou pour recevoir de la main d’un galant homme le châtiment qui vous est dû ? Tirez votre épée, scélérat, et défendez-vous !
    Tressilian avait mis l’épée à la main en lui parlant ainsi ; mais Varney se contenta de porter la main sur la poignée de la sienne. – Es-tu fou, Tressilian ? lui dit-il : je conviens que les apparences sont contre moi ; mais je te jure par tous les sermens qu’un prêtre puisse dicter, et qu’un homme puisse faire, qu’Amy Robsart n’a rien à me reprocher. J’avoue que je serais fâché de lever la main contre toi en cette circonstance : tu n’ignores pas que je sais me battre.
    – Je te l’ai entendu dire, Varney, dit Tressilian ; mais en ce moment j’en désire d’autres preuves que ta parole.
    – Tu n’en manqueras point, répondit Varney, si ma lame et sa poignée me sont fidèles. Et à l’instant, tirant son épée de la main droite, et s’enveloppant la gauche de son manteau, il attaqua Tressilian avec une vigueur qui sembla lui donner l’avantage ; il ne le conserva pas longtemps. La soif de la vengeance animait Tressilian ; mais il avait de plus un bras habitué à manier les armes, et un œil exercé à toutes les manœuvres de l’escrime. Varney, à son tour serré de près, résolut de profiter de sa force pour attaquer son ennemi corps à corps. Dans ce dessein, il se hasarda à recevoir une des passes de Tressilian dans son manteau, et avant que celui-ci eût pu retirer son arme, il se précipita sur lui, et, tenant son épée de court, il se préparait à la lui passer à travers le corps. Mais son adversaire était sur ses gardes : tirant de l’autre main son poignard, il para avec la lame de cette arme le coup qui aurait terminé le combat, et déploya tant d’adresse dans la lutte qui s’ensuivit, que Giles Gosling, s’il eût été témoin de ce combat, eût été confirmé dans son opinion qu’il était né dans le Cornouailles, les habitans de ce comté étant si habiles dans cet exercice, que, si les jeux de l’antiquité venaient à renaître, ils pourraient défier le reste de l’Europe. Varney, dans sa tentative malavisée, fut renversé d’une manière si violente et si soudaine, que son épée tomba à quelques pas de lui ; et, avant qu’il eût pu se relever, la pointe de celle de son antagoniste était appuyée sur sa poitrine.
    – Donne-moi à l’instant le moyen de sauver la victime de ta trahison, s’écria Tressilian, ou prépare-toi à faire tes adieux au jour qui nous éclaire.
    Varney, trop confus et trop courroucé pour lui répondre, fit un nouvel effort pour se relever, et son ennemi, levant son épée, allait lui porter le coup mortel, quand, il sentit son bras retenu par-derrière. Il se retourna, et vit Michel Lambourne, qui, dirigé par le cliquetis des armes, était arrivé fort à propos pour sauver la vie de Varney.
    – Allons, allons, camarade, dit Lambourne, voilà bien assez de besogne pour un jour, si ce n’en est déjà trop ; rengainez votre flamberge, et allons-nous-en ; l’Ours-Noir hurle après nous.
    – Retire-toi,

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