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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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tout-à-coup en son honneur. Son séjour à Cumnor-Place étant la seule cause du mystère qu’on avait observé en meublant cet appartement, on avait eu soin que, jusqu’à ce qu’elle en prît possession, elle ne pût savoir qu’on travaillait dans cette partie de l’ancien bâtiment, et qu’elle ne vît aucun des ouvriers. Elle était entrée ce soir, pour la première fois, dans cet appartement si différent du reste de l’édifice, qu’elle le regardait en comparaison comme un palais enchanté. Éblouie de tant de richesses, elle se livra librement à la joie vive d’une jeune fille élevée à la campagne, qui, transportée soudain au milieu d’une splendeur à laquelle ses désirs les plus extravagans n’avaient jamais osé aspirer, éprouve la tendre émotion d’un cœur affectueux qui sait que tous les prestiges dont elle est environnée sont l’ouvrage du plus grand des magiciens, l’Amour.
    La comtesse Amy {26} , car c’était à ce rang que l’avait élevée son mariage secret, mais légitime, avec le seigneur le plus puissant de l’Angleterre, avait couru pendant quelque temps de chambre en chambre, admirant tout ce qui frappait ses yeux, et y attachant d’autant plus de prix qu’elle regardait toutes les preuves du goût de son époux bien-aimé comme autant de marques de son inépuisable tendresse.
    – Que ces tapisseries sont belles ! s’écriait-elle ; quel naturel dans ces tableaux, qui semblent doués de la vie ! Que cette argenterie est richement travaillée ! on croirait que pour la faire on s’est emparé sur mer de tous les galions d’Espagne. Mais, Jeannette, répétait-elle souvent à la fille de Foster, qui la suivait avec autant de curiosité, mais avec une joie moins vive, combien n’est-il pas encore plus délicieux de songer que toutes ces belles choses ont été rassemblées ici par amour pour moi, et que ce soir, dans quelques instans peut-être, je pourrai le remercier lui-même de la tendresse qui a créé ce paradis inimaginable, bien plus encore que des merveilles qu’il contient !
    – C’est le Seigneur, milady, dit la jolie puritaine, qu’il faut remercier d’abord de vous avoir donné un époux dont la tendresse a fait tant de choses pour vous. Et moi aussi j’ai travaillé à vous parer de mon mieux ; mais si vous continuez à courir ainsi de chambre en chambre, pas une des épingles de vos boucles ne tiendra, et tout ce que j’ai fait va disparaître, comme les dessins que la gelée trace sur les vitres s’évanouissent au premier rayon du soleil.
    – Tu as raison, Jeannette, dit la jeune et belle comtesse sortant tout-à-coup de son ravissement ; et puis se plaçant devant une grande glace comme elle n’en avait jamais vu auparavant, et dont on n’aurait pu trouver la pareille que dans les appartemens de la reine ; – tu as raison, Jeannette, répéta-t-elle en voyant avec une satisfaction intérieure bien pardonnable, ce beau miroir réfléchir des charmes tels qu’il s’en était rarement présenté devant sa surface polie. Je ressemble plus à une laitière qu’à une comtesse, avec ces joues rouges et échauffées, et ces boucles de cheveux que tu avais arrangées avec tant de symétrie, mais qui s’échappent en désordre comme les tendrons d’une vigne non taillée. Mon tour de gorge ne se soutient plus, et découvre ma poitrine et mon cou plus que la décence ne le permet. Viens, Jeannette, il faut nous habituer à l’apparat. Passons dans le salon, ma bonne fille ; tu remettras en ordre ces cheveux rebelles, et tu emprisonneras sous la batiste et la dentelle ce sein trop agité.
    Elles entrèrent donc dans le salon, où la comtesse, négligemment appuyée sur les coussins mauresques, tantôt se livrait à ses réflexions, tantôt écoutait avec enjouement le babil de sa jeune suivante.
    Dans cette attitude, et avec cette expression de physionomie qui tient le milieu entre la distraction et l’impatience de l’attente, elle était telle qu’on aurait inutilement parcouru les terres et les mers pour trouver rien de plus séduisant. La guirlande de brillans placée sur ses cheveux n’avait point autant d’éclat que ses yeux, rendus plus doux par l’ombre de ses noirs sourcils dessinés avec une délicatesse infinie, et de ses longs cils de la même teinte. L’exercice qu’elle venait de prendre, sa vanité satisfaite, l’impatience qu’elle éprouvait de voir arriver le comte, répandaient un coloris

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