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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vermeil sur des traits auxquels on n’avait jamais reproché qu’un peu de pâleur. Le collier de perles, blanches comme le lait, nouveau gage d’amour qu’elle venait de recevoir de son époux, n’était pas comparable à la blancheur de ses dents, et aurait de même cédé la palme à celle de sa peau si le plaisir et l’espérance ne l’avaient nuancée d’un léger incarnat.
    – Eh bien, Jeannette, ces doigts si officieux auront-ils bientôt fini leur tâche ? demanda-t-elle à sa jeune suivante, qui s’empressait de réparer le désordre de sa toilette. Assez, Jeannette, assez ! Il faut que je voie ton père avant que milord arrive, et même M. Richard Varney, qui est si avant dans les bonnes grâces du comte. Je pourrais pourtant dire quelque chose qui les lui ferait perdre.
    – Oh ! n’en faites rien, ma bonne maîtresse, s’écria Jeannette. Abandonnez-le à Dieu, qui punit le méchant quand il lui plaît. Ne vous mettez point en opposition avec Varney. Il a l’oreille de son maître, et quiconque l’a contrarié dans ses projets a prospéré rarement.
    – Et qui vous en a tant appris, ma petite Jeannette ? Pourquoi serais-je obligée de garder tant de ménagemens avec un homme d’une condition si inférieure, moi qui suis l’épouse de son maître ?
    – Milady sait mieux que moi ce qu’elle doit faire ; mais j’ai entendu mon père dire qu’il aimerait mieux rencontrer un loup affamé que de déranger Richard Varney dans le moindre de ses projets. Il m’a bien souvent recommandé de n’avoir aucune liaison avec lui.
    – Ton père a eu raison de te parler ainsi, mon enfant, et je puis te répondre qu’il l’a fait pour ton bien. C’est dommage que ses traits et ses manières ne soient pas d’accord avec ses intentions, car ses intentions peuvent être pures.
    – N’en doutez pas, milady, n’en doutez pas ; les intentions de mon père sont bonnes, malgré le démenti que son air grossier semble donner à son cœur.
    – Je le crois, mon enfant. Je veux le croire, quand ce ne serait que pour l’amour de toi ; et cependant il a une de ces physionomies qu’on ne peut voir sans frémir. Je crois même que ta mère… Eh bien, auras-tu bientôt fini avec ce fer à friser ?… que ta mère pouvait à peine la regarder sans trembler.
    – Si cela eût été, madame, ma mère avait des parens qui auraient su la soutenir. Mais vous-même, milady, je vous ai vue rougir et trembler quand Varney vous a remis cette lettre de milord.
    – Vous êtes trop libre, Jeannette, dit la comtesse en quittant les coussins sur lesquels elle était assise, la tête appuyée sur l’épaule de sa suivante ; mais, reprenant aussitôt le ton de bonté familière qui lui était naturel : – Tu ne sais pas, dit-elle, qu’en certaines occasions on peut trembler sans éprouver aucune crainte. Quant à ton père, je tâcherai d’avoir de lui la meilleure opinion possible, surtout parce que tu es sa fille, ma chère enfant. – Hélas ! ajouta-t-elle, et un nuage de tristesse couvrit tout-à-coup son front, et ses yeux se remplirent de larmes ; – hélas ! je dois ouvrir l’oreille aux accens de l’amour filial, moi dont le propre père ne connaît pas la destinée, moi qui viens d’apprendre qu’il est malade et plongé dans l’inquiétude sur mon sort ! Mais je le reverrai, et la nouvelle de mon bonheur le rajeunira. Je lui rendrai la gaieté. Mais pour cela, continua-t-elle en s’essuyant les yeux, il ne faut pas que je pleure. D’ailleurs, milord ne doit, pas me trouver insensible à ses bontés ; il ne faut pas qu’il me voie dans le chagrin quand il vient faire une visite à la dérobée à sa recluse après une si longue absence. De la gaieté, Jeannette : la nuit approche ; milord arrivera bientôt. Fais venir ton père et Varney ; je n’ai de ressentiment contre aucun d’eux ; et, quoique j’aie à me plaindre de l’un et de l’autre, ce sera bien leur faute si j’adresse jamais une plainte au comte contre eux. Va, Jeannette ; va les appeler.
    Jeannette Foster obéit à sa maîtresse, et, quelques minutes après, Varney entra dans le salon avec l’aisance, la grâce et l’effronterie d’un courtisan habile à déguiser ses sentimens sous le voile de la politesse pour découvrir plus facilement ceux des autres. Tony Foster le suivait, et son air sombre et commun n’était que plus remarquable par les efforts maladroits qu’il faisait pour cacher son

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