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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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plaisir à la posséder qu’à la perdre si j’en avais le choix. Mais il ne faut pas qu’elle sorte d’ici avant que je sache parfaitement comment nous sommes ensemble. L’intérêt de milord exige que cet obscur mariage reste caché ; mon intérêt, l’exige aussi, car, s’il vient à tomber, je suis entraîné dans sa chute. D’ailleurs je ne lui offrirai pas la main pour l’aider à monter sur son fauteuil de parade, pour qu’une fois qu’elle y sera bien assise elle puisse tout à son aise me mettre le pied sur la gorge. Il faut que l’amour ou la crainte lui parle en ma faveur. Qui sait si je ne puis encore goûter la plus douce vengeance de ses anciens mépris. Ce serait le coup de maître d’un courtisan. Que je sois admis dans ses conseils, qu’elle me confie un secret, ne fût-il question que de dérober un nid de linottes, et, belle comtesse, tu es à moi.
    Il fit encore quelques tours dans la chambre, s’arrêta, se versa un verre de vin, le but, comme s’il eût espéré par là calmer l’agitation de son esprit : – Maintenant armons-nous d’un front serein et d’un cœur impénétrable, ajouta-t-il ; et il sortit de l’appartement.

CHAPITRE VI.
     
    « La nuit répandait sa rosée ;
    « La reine paisible des cieux
    « De Cumnor-Hall argentait la croisée
    « Et les rameaux du parc silencieux. »
    J. MICKLE.
     
    Quatre pièces formant le côté occidental de l’ancien bâtiment carré de Cumnor-Place avaient été meublées avec une magnificence extraordinaire. On s’en était occupé pendant plusieurs jours avant celui où commence notre histoire. Des ouvriers envoyés de Londres, et auxquels il n’avait pas été permis de sortir de l’enceinte de ce lieu avant d’avoir terminé leurs travaux, avaient changé en résidence royale des appartemens où tout annonçait naguère un vieil édifice monastique en ruines. On avait apporté le plus grand mystère dans tous ces arrangemens. Les ouvriers, venus pendant la nuit, étaient partis de même ; et l’on avait pris toutes les mesures possibles pour empêcher la curiosité indiscrète des villageois de rien savoir, ou de gloser sur les changemens qui se faisaient dans la demeure de leur voisin enrichi, Anthony Foster. Le secret fut donc assez bien gardé pour ne donner lieu qu’à quelques bruits vagues et incertains qu’on écouta et qu’on répéta sans y accorder trop de confiance.
    Le soir du jour dont nous parlons, ces appartemens décorés furent illuminés pour la première fois avec un éclat qu’on aurait aperçu d’environ six milles à la ronde si des volets de chêne bien fermés par des barres de fer et des cadenas, avec de longs rideaux de soie et de velours garnis de franges d’or, suspendus devant toutes les croisées, n’eussent empêché le moindre rayon de lumière de se répandre au dehors.
    L’appartement principal, comme nous l’avons dit, était composé de quatre pièces donnant l’une dans l’autre ; on y arrivait par un grand escalier aboutissant à la porte d’une antichambre qui ressemblait à peu près à une galerie. L’abbé avait quelquefois tenu chapitre dans cette pièce, maintenant lambrissée avec un bois étranger de couleur brune, qui venait, disait-on, à grands frais des Indes occidentales ; on lui avait donné le poli à Londres, ce qui n’avait pu se faire sans difficulté, tant il était dur. La teinte sombre de ce poli était relevée par le grand nombre de lumières placées dans les candélabres d’argent fixés aux murailles, et par six grands tableaux richement encadrés, ouvrage des premiers maîtres de ce siècle. À une extrémité de cette pièce, une table massive en chêne servait au jeu alors à la mode du galet {23} , et à l’extrémité opposée régnait une galerie pour les musiciens ou les ménestrels qu’on pouvait inviter à venir augmenter les plaisirs de la soirée.
    De cette première salle on entrait dans une salle à manger de grandeur moyenne, mais assez brillante pour éblouir les yeux des spectateurs par la richesse de l’ameublement. Les murs, naguère si nus et si tristes, étaient tapissés d’une tenture de velours bleu de ciel brodé en argent ; les chaises étaient en ébène richement sculpté, et garnies de coussins semblables à la tapisserie ; et au lieu des bras d’argent qui éclairaient l’antichambre, on y voyait un lustre immense de même métal. Le plancher était couvert d’un tapis d’Espagne, où des

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