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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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apprît ce qui ne le regarde en aucune manière. Il se comporte déjà avec assez d’autorité, et je ne me soucie de l’avoir ni pour juge ni pour conseiller privé de mes affaires.
    – Quel droit a ce grossier valet d’être informé de ce qui vous concerne, milady ? il n’en a pas plus que le chien à la chaîne dans sa basse-cour. Mais s’il vous déplaît le moins du monde, j’ai assez de crédit pour le faire remplacer par un sénéchal qui vous soit plus agréable.
    – Changeons d’entretien, M. Varney ; quand j’aurai quelque plainte à porter contre quelqu’un de ceux que milord a placés près moi, ce sera à lui-même que je les adresserai. Chut ! j’entends un bruit de chevaux. – C’est lui ! c’est lui ! s’écria-t-elle en se levant d’un air transporté de joie.
    – Je ne puis croire qu’il soit encore arrivé, dit Varney, et nul bruit ne peut pénétrer à travers des croisées si soigneusement fermées.
    – Ne me retenez pas, Varney. Mon ouïe vaut mieux que la vôtre ; je suis sûre que c’est lui !
    – Mais, milady ; mais, milady, s’écria Varney d’un ton inquiet en se plaçant entre elle et la porte, je me flatte que ce que je vous ai dit pour vous rendre service et par un humble sentiment de mes devoirs ne sera pas tourné contre moi ! J’espère que mes fidèles avis ne contribueront pas à ma ruine ; je vous supplie de…
    – Soyez tranquille ; mais lâchez le pan de ma robe : vous êtes bien hardi de me retenir ! Soyez tranquille ; je ne pense pas à vous.
    En ce moment la porte du salon s’ouvrit, et un homme d’un port majestueux, enveloppé dans les plis d’un long manteau de voyage, entra dans l’appartement.

CHAPITRE VII.
     
    « La cour est une mer dont il paraît le maître.
    « Les vents et la marée à sa voix sont soumis ;
    « Rocs, écueils, tourbillons lui semblent asservis !
    « Tout navire à son gré prospère ou fait naufrage.
    « Tel que cet arc brillant que nous montre un nuage,
    « Il étale à nos yeux un éclat séducteur,
    « Peut-être, comme lui, passager et trompeur. »
    Ancienne comédie.
     
    L’assaut que la comtesse avait eu à soutenir contre l’obstination de Varney avait chargé son front d’un nuage de déplaisir et de confusion ; mais il se dissipa pour faire place à l’expression de la joie et de l’affection la plus pure quand, se précipitant dans les bras de l’étranger, et le pressant contre son cœur, elle s’écria : – Enfin… enfin… te voilà arrivé !
    Varney se retira discrètement en voyant entrer son maître. Jeannette allait en faire autant quand Amy lui fit signe de demeurer ; elle se retira au fond de l’appartement, et y resta debout, prête à exécuter les ordres qu’on pourrait lui donner.
    Cependant le comte, comblé des caresses de son épouse, les lui rendait avec une égale tendresse ; mais il affecta de résister quand elle voulut lui retirer son manteau.
    – Tu es comme tout le monde, Amy, dit le comte en se laissant vaincre dans cette lutte enjouée ; la soie, les plumes et les joyaux sont plus que l’homme qui en est paré. Que de lames ne tirent leur valeur que d’un fourreau de velours !
    – C’est ce qu’on ne dira jamais de vous, répondit la comtesse, tandis que le manteau tombant à ses pieds lui montra le comte couvert de vêtemens qu’un prince aurait jugés assez brillans pour se présenter à la cour ; vous êtes l’acier bien trempé qui mérite mais dédaigne les ornemens extérieurs. Ne croyez pas qu’Amy puisse vous aimer mieux sous ce costume magnifique que sous le vêtement brun que vous portiez quand elle vous donna son cœur dans les bois du Devon.
    – Et toi aussi, dit le comte en conduisant avec autant de grâce que de majesté la belle comtesse vers le fauteuil d’apparat qui lui avait été préparé ; et toi aussi, ma bien-aimée, tu as un costume convenable à ton rang, quoiqu’il ne puisse ajouter à tes charmes. Que penses-tu du goût des dames de notre cour ?
    – Je n’en sais rien, répondit-elle jetant un coup d’œil de côté sur la grande glace en passant vis-à-vis. Je ne puis songer à moi quand je vois tes traits réfléchis dans ce miroir. Assieds-toi là, ajouta-t-elle en approchant du fauteuil, assieds-toi comme un être que chacun doit admirer et honorer.
    – Mais tu vas y prendre à mon côté la place qui t’appartient.
    – Non, non ; je vais m’asseoir à tes pieds sur ce

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