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La chambre du diable

La chambre du diable

Titel: La chambre du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Harding
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soupçons dont
vous ne nous avez pas fait part et c’est pour cela, Sir Walter, que votre fille
est morte. Vous haïssiez ces hommes. Peut-être à juste titre. Vous ne
supportiez pas leur arrogance, leurs chuchotements, leurs rires sous cape. Vous
vous saviez innocent de tout acte répréhensible. Qu’ils se tuent donc les uns
les autres, avez-vous pensé, Sir John Cranston peut tirer cela au clair, et
plus il en périra, mieux ce sera !
    – Je comprends ce que vous voulez dire, mon père,
mais…
    Limbright haussa les épaules.
    – C’est pour cela que vous avez laissé Routier s’enfuir,
n’est-ce pas ? Vous avez ordonné aux gardes de tourner la tête. Je crois
que vous connaissiez son projet et attendiez la poursuite avec impatience. Une
façon de laisser libre cours au courroux de votre âme. De montrer à ces
Français qui était le maître ?
    – On m’aurait reproché l’évasion de Routier.
    – Allons, Sir Walter, un Français épuisé et
découragé seul en Angleterre. Vous auriez pris plaisir à le pourchasser avec
vos chiens.
    – Même si c’est vrai, mon père, quelle importance
à présent ?
    – La vérité importe toujours, répondit Athelstan.
Au revoir. Sir Walter.
    Quand, plus tard dans l’après-midi, Athelstan regagna
St Erconwald, tout était fort calme. L’église et le presbytère avaient été
nettoyés et Philomel sommeillait dans son écurie. Le dominicain prit la seconde
clé dont il se munissait toujours, ouvrit l’église et y pénétra. Huddle, zélé, avait
dessiné une esquisse au fusain sur le mur du fond. Athelstan s’approcha et s’accroupit
pour examiner la scène évoquée par l’imagier : un Christ sévère au
Jugement dernier. À gauche, les boucs, à droite, les agneaux. Mais, cette fois,
le peintre avait pris quelques libertés avec l’Écriture sainte : des
membres de la paroisse   – Pernel, et même
Godbless menant un petit Thaddée - figuraient parmi les agneaux, alors que d’autres
qu’Huddle n’aimait pas, comme l’épouse de Pike à la langue de vipère, avaient
été placés au centre de façon telle qu’on pouvait se demander s’ils faisaient
partie des boucs ou des agneaux.
    – Il faudra effacer cela, commenta le dominicain,
sinon la guerre civile éclatera dans le conseil paroissial.
    Il s’assit le dos au mur. Gand avait affirmé que tout
était réglé, mais l’était-ce vraiment ? Il pensa à toutes ces âmes
plongées sans préparation dans l’éternité : la malheureuse gueuse pendue à La Lampe d’or, et les Français qui ne reverraient
jamais leur famille ni leur foyer. Mercure avait-il une famille ? Quelqu’un
pleurait-il Vulpina ? Ou les assassins au crâne rasé ?
    – Quelle longue liste de morts ! murmura
Athelstan.
    Le lendemain, il dirait la messe pour eux, afin que le
Christ ait pitié de leur âme.
    L’huis s’ouvrit et Godbless entra, Thaddée trottinant
sur ses talons.
    – Que Dieu vous bénisse, mon père. Tout va bien ?
    – Oui, répondit Athelstan.
    Le mendiant s’agenouilla devant lui, un bras autour du
cou du bouc.
    – Que vais-je faire ? se lamenta-t-il. Je n’ai
point de maison où aller.
    Athelstan fouilla dans son escarcelle et en sortit une
des pièces que lui avait données Jean de Gand. Il la lança à Godbless qui l’attrapa
avec adresse.
    – Voici ta demeure, Godbless. Par le pouvoir que
m’a conféré notre sainte mère l’Église – il leva la main pour une bénédiction
–, sans parler des articles de la loi canon, j’ai oublié quelles clauses, je te
fais dorénavant custos , gardien, de l’arpent du Bon Dieu, notre
cimetière, ici, à St Erconwald. Le dépositaire sera ta résidence officielle. J’en
ferai construire un nouveau près du mur par ces deux coquins de Watkin et Pike.
    Le dominicain se frotta les mains.
    – Oui, les morts pourront dormir en paix à
présent. Vous aurez pour tâche, Godbless et Thaddée, de garder ce cimetière sur
votre vie.
    Le mendiant, gloussant de joie, enlaça Thaddée et l’embrassa
entre les oreilles. Athelstan aperçut quelque chose de soyeux, d’agile et de
rapide qui bougeait près du porche.
    – Oh, et dis à Ranulf que je crois savoir où se cache son furet !

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