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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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répètent pas deux fois…
    — Possible !… Encore que je n’en sois pas certain ! De toute façon, on pourrait au moins lui demander son avis et celui de Madame la marquise ? Sans compter Vidal-Pellicorne !
    — Vous oubliez qu’il s’est entiché de la Torelli et vit à Londres auprès d’elle en compagnie de ce drôle d’Américain que nous avons eu ici… Les journaux en ont assez parlé ! Quant à Tante Amélie, je ne veux à aucun prix qu’elle apprenne dans quel marasme nous nous débattons ! Elle doit déjà se faire un sang d’encre pour Aldo !
    — Elle serait peut-être contente tout de même d’apprendre au moins qu’il est toujours vivant ?
    Pendant quelques instants Lisa garda le silence, à la suite de quoi elle laissa tomber d’une voix enrouée :
    — Si seulement on en était sûrs ! Qu’est-ce qui nous prouve qu’on ne nous le rendra autrement que m…
    Elle buta sur le mot puis, se levant soudain, quitta le bureau en courant. Resté seul, Guy se servit un second verre, le but d’un trait et retourna s’asseoir au bureau d’Aldo. Là, il entra en méditation. De tout cela, il ressortait qu’il fallait agir. Mais comment ?
    Le dernier appel des cloches de la Salute, toujours légèrement en retard sur celles de San Marco, se fît entendre. Le vieux monsieur les accueillit d’un signe de croix… assez machinal, en pensant tout de même qu’une intervention du Saint-Esprit serait la bienvenue…
    Le lendemain, Lisa montait dans le train à destination de Zurich afin de prendre avec son père les dispositions exigées, et prévint Guy qu’elle ne reviendrait pas avant une semaine. Elle souhaitait, en effet, aller embrasser ses enfants et avertir sa grand-mère de la menace qui planait sur eux. Elle avait une mine si épouvantable qu’il avait essayé de la persuader de l’envoyer, lui, tandis qu’elle se reposerait avant l’épreuve. Mais elle n’avait rien voulu entendre, lui opposant un argument aussi désolant qu’irréfutable :
    — Je ne sais si nous sortirons vivants de ce guêpier. Je veux pouvoir une fois encore embrasser mes petits et j’aurai bien deux ou trois jours de repos chez mon père et autant chez Grand-Mère…
    On pouvait au moins l’espérer… et surtout que Moritz Kledermann ou Valérie von Adlerstein trouvent l’idée géniale que n’arrivait pas à faire surgir son vieux cerveau fatigué…
     
    Le commissaire principal Langlois avait passé la nuit de la Nativité dans son bureau du Quai des Orfèvres et c’étaient les cloches de Notre-Dame qui s’étaient chargées de lui suggérer que la Terre n’était pas peuplée uniquement de criminels en fuite et de bandits de tout poil ! Ce faisant, il n’avait fait que suivre une habitude instaurée depuis qu’il était devenu le patron : celle de rester au bureau en compagnie de l’obligatoire équipe de garde, de casser une petite croûte et de boire un verre de champagne avec eux.
    Célibataire – on pourrait presque dire par vocation bien qu’il aimât les femmes –, il se considérait comme marié à la police, une épouse ô combien exigeante à laquelle il avait sacrifié un légitime désir d’avoir un foyer et des enfants. Le foyer, il avait failli le bâtir. Jeune inspecteur alors âgé de vingt-cinq ans, il avait aimé Marion qui en avait dix-neuf et le lui rendait de tout son cœur. Ils étaient sur le point de se marier quand sa ravissante fiancée avait été fauchée par une voiture que conduisait un chauffeur ivre. Les fleurs blanches du mariage avaient été celles du tombeau et Pierre, crucifié, avait juré qu’il n’y aurait plus jamais de fiancée. Quelques aventures rafraîchissantes seulement. Autre élément féminin dans sa vie : sa « gouvernante » Félicité qui veillait avec compétence et dévouement sur son appartement du boulevard Saint-Germain, sur son élégance vestimentaire, sur les casseroles de la cuisine quand il était là – et non sans un certain talent qu’appréciaient ses amis –, enfin sur les petits détails de la vie quotidienne. En fait, un mode de vie beaucoup plus proche de celui de Vidal-Pellicorne que de Morosini, le type parfait de ce qu’il voulait s’éviter à tout prix : les dangers que sa profession pouvait faire courir à une épouse et à des enfants.
    C’était à ce dernier d’ailleurs qu’il pensait au moment où les notes allègres du carillon venaient frapper les vitres de ses fenêtres. Où pouvait-il être depuis

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