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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ménagement. Il avait la tête lourde et la langue pâteuse comme s’il avait pris une cuite la veille. Pourtant, il se souvenait de s’être endormi tout naturellement dans la voiture qui l’emportait. Or il avait l’impression d’être drogué. Il avait alors voulu se lever mais sans succès.
    — Vous m’avez fait boire quelque chose ? demanda-t-il à l’homme toujours encagoulé qui surveillait son retour à la conscience.
    — Évidemment ! Pour que tu ne trouves pas le chemin trop long. Tu as eu l’élégance – tu vois, je reconnais tes mérites ! – de t’endormir de toi-même. On s’est seulement arrangés pour que ça dure. Mais t’fais pas d’bile, ça va passer !
    — Me voilà rassuré ! Qu’est-ce ce que je suis censé faire dans ce trou ?
    — Ce que font tous les prisonniers : attendre !
    — Quoi ?
    L’homme avait haussé des épaules fatalistes.
    — Qu’est-ce que j’en sais ? La mort, sans doute ?
    En dépit du frisson qui lui parcourait l’échine, Morosini s’offrit le luxe d’une moquerie.
    — On dirait que vous ne connaissez pas la règle du jeu ! Quand on enlève quelqu’un, c’est en général dans le but d’obtenir une rançon, après quoi le quidam…
    — Le quoi ?
    — Le quidam – la personne en question – est restitué à sa famille angoissée. La culture ne va pas très loin chez vous, hein ?
    — À ta place, je ne ferais pas tant le malin ! grinça l’homme. La restitution n’est pas obligatoire. Quelquefois on rend le cadavre. C’est souvent plus sûr. Pour tout le monde, d’ailleurs ! Il arrive que la famille concernée refuse de raquer. Surtout quand elle n’a pas envie de revoir le… quidam, comme tu dis ! À mon avis, ça pourrait bien être ton cas ! Bon ! Il faut que j’y aille ! Je te laisse t’installer ! Tu trouveras ici le nécessaire pour te récurer… et tu ne crèveras pas de faim !
    — Autrement dit, ceci est un hôtel ? Je ne l’aurais pas cru !
    — Cesse donc de faire l’imbécile et mets-toi dans la caboche qu’on est avant tout des hommes d’affaires. Si par hasard on décidait de la restituer, vaux mieux que la marchandise soit dans un état potable !
    — Alors commencez par me rendre mes cigarettes ! Elles font partie de ma santé morale !
    — On verra ça !
    Et l’homme sortit après avoir donné quelques coups de poing dans une porte qu’Aldo n’avait pas remarquée parce qu’elle s’ouvrait dans le mur même, le long duquel le lit était placé, mais qui ne devait pas être facile à forcer, si l’on en jugeait le fracas de verrous, de clefs et même de chaînes que l’appel déclencha. Laissé seul, Aldo examina son nouveau logis et dut reconnaître qu’il avait connu pire : en Turquie, par exemple, et surtout quand il était aux mains d’un marquis espagnol à moitié fou…
    Outre le lit, sans draps mais pourvu d’oreillers, de deux couvertures et d’un couvre-pieds en satinette verte, il y avait sur un tonneau tenant lieu de table de chevet un bougeoir et une provision de bougies. Au mur d’en face s’appuyait une table de toilette supportant une cuvette et un pot à eau ventru en grossière faïence un peu ébréchée, un pain de savon de Marseille, une brosse à dents et de la pâte dentifrice. Plus deux serviettes-éponges à peu près aussi douces que de la paille de fer. Les lieux d’aisances étaient assumés par une antique chaise percée et un tas de vieux papiers. Enfin, luxe inouï pour un homme dont les bronches fragiles redoutaient le froid, se tenait au milieu de l’endroit un brasero allumé près d’un seau plein de charbon. S’il échappait au gaz carbonique, au moins Aldo ne mourrait pas de froid…
    Les premiers jours, le prisonnier réussit à conserver un certain optimisme. Il était en forme. La nourriture qu’on lui servait était rustique mais acceptable… Ce n’était pas le cas des cigarettes qu’on lui alloua. Les siennes, de fin tabac anglais, avaient disparu dans les poches de l’homme qui avait endossé ses vêtements – avec leur étui d’or ! En échange, celles qu’on lui apporta dans un paquet bleu frappé d’un casque ailé – des « Gauloises » bleues – étaient composées de ce tabac que les soldats de la Grande Guerre avaient baptisé le « gros cul », si fort qu’il vous arrachait la bouche. Et pourtant il avait des amateurs, même à l’étranger. Témoin Gordon Warren qui avait avoué un jour en avoir pris le goût en France pendant ladite

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