Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
lâcha-t-elle, comment cette chère Caroline, qui ne doit pas nous adorer étant donné qu’on ne la voit jamais, a-t-elle réussi à trouver notre numéro de téléphone ? Il n’est pas dans l’annuaire !
    — Ce n’est pas sorcier, répondit Adalbert. Elle a téléphoné chez moi et Théobald l’a renseignée. Vous n’allez pas lui en vouloir, au moins ?
    — Oh, non ! mentit-elle sans pouvoir vraiment dissimuler une vieille rancune. Je pense seulement qu’avec son caractère très spécial elle ne doit pas avoir une foule d’amis pour se précipiter ici quand elle a un souci. Et où vous expédie-t-elle présentement ?
    — Quelque part entre Loire et Vienne, un village à cinq kilomètres de Chinon, que commandait jadis le château de la Croix-Haute… presque à l’orée de la forêt.
    Occupée à lever délicatement les filets de sa sole meunière, Marie-Angéline laissa échapper brusquement son couvert comme s’il l’avait brûlée. Toutes les têtes se tournèrent vers elle, elle rougit mais se hâta de dire, se tenant le poignet :
    — Ce n’est rien. Une sorte de crampe… Excusez-moi !
    — Voulez-vous que je vous masse ? proposa Adalbert. Nous autres archéologues sommes fréquemment sujets à des douleurs subites de ce genre à force de gratter le globe ou de soulever des pierres lourdes. J’ai à la maison un baume miraculeux. Ça empeste le camphre mais je peux demander à Théobald de vous en apporter…
    — Non merci, Adalbert ! Ne vous donnez pas cette peine : ça va déjà mieux !
    — En revanche, si vous pouviez m’en dévoiler la formule pour mon pharmacien, je ne serais pas contre l’idée de sentir le camphre de temps à autre ! glissa M me de Sommières. À mon âge, il ne faut pas laisser passer la moindre occasion de traquer les vieilles douleurs.
    — Théobald vous en véhiculera un pot demain…
    Les voyageurs devant partir très tôt, on ne s’attarda pas à table et, le café avalé, Adalbert regagna la rue Jouffroy où Aldo irait le ramasser à 6 heures du matin. Les trois autres montèrent dans leur chambre, sauf Marie-Angéline qui accompagna Tante Amélie dans la sienne pour l’aider à se déshabiller, se coucher et lui lire quelques pages afin de favoriser un sommeil souvent capricieux. C’était, entre elles, un moment d’intimité où elles passaient en revue les événements de la journée et qui était devenu un rituel dont Louise, la femme de chambre en titre, presque aussi âgée que sa patronne, ne se formalisait pas.
    Ce soir-là, cependant, un silence inaccoutumé s’installa, tandis qu’après avoir ôté les longues épingles fixant la coiffure de la vieille dame, Marie-Angéline, armée d’une brosse, lissait ses beaux cheveux argentés avant d’en tresser deux nattes qu’elle achevait par un nœud de ruban d’une couleur assortie à celle de la chemise de nuit et du déshabillé… Et c’est seulement quand elle posa le bonnet de dentelle que, cherchant dans le miroir le regard de sa cousine, elle se hasarda :
    — Le village près de la forêt de Chinon, est-ce que ce n’est pas dans les environs qu’habite… ?
    Une lueur s’alluma dans les prunelles toujours si vertes de la marquise.
    — Si. Vous avez entièrement raison. Mais quelle mémoire !
    — Il y a des gens qui ne sont pas faciles à oublier. Nous n’avons pas l’intention de leur en parler ?
    — Si je l’avais eue, cette intention, ce serait fait ! Je n’aime déjà pas beaucoup cette affaire dans laquelle les garçons s’engagent ; il ne me paraît pas utile d’y ajouter des histoires de fous. Et comme il y a peu de chance qu’ils se rencontrent…
    — C’est égal, j’aurais aimé savoir ce que Caroline a raconté au juste à Aldo !
    — Que son mari avait disparu ne vous semble pas suffisant ?
    — Non. Dans ces cas-là, on se confie à la police qui, éventuellement, relaie la gendarmerie. Or, Aldo qui rentrait à Venise dare-dare – s’il avait eu un train ce soir, il partait ce soir ! – opère un quart de tour au sud-ouest et fonce sans autres explications vers le doux pays de Loire ? C’est au moins étrange ! Je suis persuadée qu’il y a autre chose… mais quoi ?…
     
    C’était exactement la question qu’Adalbert posa tandis que, dans la grosse Talbot de louage – la mignonne Amilcar rouge et noir si chère au cœur de l’archéologue séjournant au garage pour y recevoir les soins attentifs que son maître lui procurait chaque automne !

Weitere Kostenlose Bücher