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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avaler ça.
    — Et pourquoi pas ? C’est un fin psychologue et il commence à connaître notre Aldo. Et de plus, son histoire respire la vérité !
    — Nous admettrons que j’avais raison de me méfier de cette Pauline ! Avoir le culot de le poursuivre jusque sur le chemin de son foyer, dans ce train où il est aussi connu que le loup blanc, s’offrir à lui avec cette impudeur !…
    — Plan-Crépin ! Il est parfaitement conscient que c’était une folie, mais elle l’aime passionnément ! Je l’ai su à Versailles au premier regard que je l’ai vue poser sur lui…
    — … et comme ces Américaines n’ont aucune morale, ce n’est pas difficile de deviner ce qu’elle cherche : l’obliger à divorcer afin de prendre la place…
    — En voilà assez ! Aldo n’est pas un gamin que l’on mène par le bout du nez ! Il ne nie pas être sensible à son charme mais de là à… oh, hé… puis vous venez de l’entendre ! Et je vous rappelle qu’elle a disparu !
    — Pourquoi n’aurait-elle pas manigancé une fausse disparition ? Rien de tel que la peur d’un destin tragique pour chauffer à blanc l’intérêt d’un homme ! Et pourquoi choisir Brigue quand il était si facile de choisir Lausanne ? Le train s’y arrête…
    La sonnette de l’entrée retentit, annonçant le commissaire. M me de Sommières frappa vigoureusement le sol de sa canne.
    — Assez déraillé, Plan-Crépin ! Et tâchez de tenir votre langue pointue si vous ne voulez pas aller aider Prisca à traire ses vaches !
    Élégant à son habitude – costume gris anthracite et cravate assortie à peine éclairée de fines rayures blanches et rouges, ces dernières en accord avec la discrète rosette de la Légion d’honneur –, Langlois s’inclina sur la main de M me de Sommières, serra celle de Marie-Angéline en s’inquiétant de leur santé.
    — Rien à signaler de ce côté-là ! sourit la marquise, je vais vous conduire à la bibliothèque où mon époux aimait se retirer. Vous y serez plus à l’aise pour causer entre hommes qu’au milieu de mes plantations. Il y a du feu et Cyprien vous servira ce que vous voudrez !
    — Votre accueil à lui seul est un plaisir, Madame, et je tiens à vous remercier de l’aide que vous voulez bien m’apporter !
    — Ne renversez pas les rôles ! Je vous suis infiniment reconnaissante d’avoir évité à Aldo la convocation dans vos bureaux que la presse doit assiéger sans désemparer !
    — Elle n’y manque pas. Bonsoir, Morosini ! ajouta-t-il à l’adresse de ce dernier qui les rejoignait. Désolé de vous avoir fait refaire le voyage depuis Venise, mais il est impératif que je vous parle…
    — Vous n’allez pas vous excuser, j’espère, alors que vous agissez en ami ! Je ne vous cache pas que je suis complètement déboussolé…
    Après les avoir guidés à la pièce annoncée, M me de Sommières se retira, fermant silencieusement la porte sur les deux hommes assis de part et d’autre de la cheminée dans les grands fauteuils tapissés de velours vert anglais, un plateau chargé de verres et de bouteilles posé près d’eux sur une table basse. Une image de paix plutôt rassurante…
    Elle s’apprêtait à regagner son jardin d’hiver, quand un bruit de voix l’attira dans le vestibule. Elle y découvrit Plan-Crépin en compagnie de Théobald, le valet multifonction d’Adalbert Vidal-Pellicorne… lequel pleurait à creuser les cailloux.
    — Théobald ? Mais que vous arrive-t-il ?
    — Il vient nous dire adieu ! expliqua Marie-Angéline qui, les bras croisés et les sourcils froncés, observait le phénomène.
    — Comment cela, adieu ? Mais d’abord ne restons pas là, c’est plein de courants d’air…
    Elle tourna les talons pour rejoindre son poste de commandement habituel, les deux autres à sa suite. Et se laissa tomber dans son fauteuil : Théobald en était à présent aux sanglots. Il tremblait comme une feuille et, craignant qu’il ne s’effondre sur le tapis, elle le fit asseoir.
    — Donnez-lui un remontant, Plan-Crépin, et, en attendant qu’il reprenne son souffle, racontez ce qu’il a pu réussir à articuler ! Adalbert déménage ?
    — Si je ne craignais d’être vulgaire, je dirais qu’en effet il déménage, mais au figuré ! Il n’est pas question de vendre l’appartement de la rue Jouffroy, ni même d’en liquider les meubles, mais de tout épousseter avant de poser les housses, d’emballer la garde-robe de Monsieur ainsi que les

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