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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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surprise a été totale.
    — Donc à t’entendre, c’est elle qui a pris l’initiative de te suivre ?
    — J’ai conscience de manquer gravement à la galanterie mais c’est vrai ! À vous, je peux l’avouer.
    — Où l’as-tu vue ? Au wagon-restaurant ?
    — Non. Elle occupait la cabine voisine de la mienne… et elles étaient communicantes !
    — Ah !…
    Aldo se leva, alluma une cigarette en faisant quelques pas, mais s’immobilisa finalement devant la vieille dame.
    — Et pour répondre à la question que vous avez au bout de la langue, c’est oui. J’ai passé la nuit avec elle !… Essayez de comprendre, Tante Amélie ! Je jure que j’ignorais sa présence dans le train et c’est seulement quand la porte s’est ouverte… Elle était si désirable dans ses mousselines blanches et ses cheveux répandus sur les épaules !…
    Il toussa afin d’éclaircir sa gorge qui s’enrouait.
    — … et je ne suis qu’un homme ! murmura-t-il si visiblement malheureux que la marquise se déplaça, remplit un verre et le lui porta.
    — On n’est pas de bois, que diable ! Comme disait mon grand-père ! Tiens ! Ça te remettra les idées en place !
    Il la regarda, vit son sourire chaleureux, prit le verre et l’avala tandis qu’elle réintégrait son fauteuil.
    — Et après ? Que s’est-il passé ?
    — Au lever du jour, nous nous sommes séparés. Elle avait d’abord songé descendre à Milan mais cela représentait plusieurs heures, pour elle, à rester enfermée dans son compartiment, et elle a finalement choisi Brigue d’où elle pensait attraper facilement un train pour Lausanne et, de là, regagner rapidement Paris. Je prenais le petit déjeuner au wagon-restaurant quand je l’ai vue passer pour gagner la sortie…
    — Si je comprends bien, personne ne vous a vus ensemble ? Pas même aux repas ?
    — Non, elle s’est fait servir chez elle. Même le conducteur du sleeping n’a rien vu !
    — Ne te fais pas trop d’illusions ! Ces gens-là en savent généralement beaucoup plus que nous ne l’imaginons. Et toi qu’as-tu fait après… le petit déjeuner ?
    — J’ai vécu un assez mauvais moment. J’étais à la fois heureux et bourrelé de remords…
    — En proportions égales, je suppose ? Une position bien inconfortable !
    — Plus encore ! La seule idée de me retrouver le soir même en face de Lisa, des enfants, me mettait mal à l’aise. En outre, je me sentais perclus de fatigue. Je n’ai plus vingt ans et deux nuits consécutives sans sommeil…
    — Deux nuits ?
    — Je n’avais pas fermé l’œil après l’Opéra. L’esclandre avec Adalbert m’interdisait tout repos !
    — Oh, ce n’était pas la première fois. Tu le connais…
    — Peut-être, mais là c’est différent. Probablement parce que je déteste cette Torelli. Elle me hait et fera tout pour le détacher de moi et j’ai l’impression qu’il est passé à l’ennemi. Toujours est-il que, pour en revenir à mon train, j’ai décidé de le quitter à Milan. Comme je n’avais prévenu personne de mon arrivée à la maison, c’était sans importance. Je suis donc allé passer une bonne nuit au Continental et, le lendemain, je suis enfin rentré au bercail.
    — Je connais la suite !… À présent, tu devrais peut-être aller te rafraîchir un peu, ajouta M me de Sommières en consultant la discrète montre bijou accrochée à sa robe… Langlois devrait arriver dans deux petits quarts d’heure et tu sais son exactitude.
    En traversant l’enfilade des salons qui reliaient le jardin d’hiver au vestibule, Aldo passa tout près de Marie-Angéline. Rentrée depuis un moment, elle avait trouvé refuge derrière une pendule de parquet mais en sortit dès que le bruit des pas d’Aldo sur les marbres du hall lui fut parvenu.
    — On dirait qu’il est là ? commença-t-elle. Je viens de l’entendre monter l’escalier…
    — Pas à moi, Plan-Crépin ! coupa la marquise. Il y a au moins dix minutes que vous êtes tapie derrière le régulateur après avoir pris soin d’enlever vos chaussures ! Donc vous n’ignorez plus rien !
    — Je devrais pourtant savoir qu’il est à peu près impossible de vous cacher quelque chose ! soupira l’incorrigible curieuse. Drôle d’histoire en tout cas !
    — Drôle n’est pas le terme que je choisirais. C’est une parfaite démonstration des mauvais tours que le destin tient en réserve à l’intention des pauvres humains !
    — Reste à savoir si le commissaire va

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