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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jeunes − paysans ou soldats − qui servaient Rome.
    « Ainsi le Barbare laboure pour nous, écrivait l’un de ces chroniqueurs. Lui qui nous a si longtemps ruinés par ses pillages, il s’occupe maintenant à nous enrichir ; le voilà vêtu en paysan qui s’épuise à travailler, fréquente nos marchés et y apporte ses bêtes pour les vendre. En Gaule, de grands espaces incultes reverdissent maintenant grâce aux Barbares. »
    À la fin de l’été 376, une foule immense s’était rassemblée sur la rive nord du Danube.
    Les femmes et les enfants criaient et larmoyaient. Les hommes brandissaient leurs armes. Ils demandaient que l’empereur romain − Valens − les accueillît sur le territoire de l’Empire. Ils seraient fidèles à l’empereur jusqu’à la mort. Ils voulaient lui envoyer une ambassade.
    Certains entraient jusqu’à mi-corps dans le fleuve, racontaient que des hordes d’un peuple inconnu étaient venues du fond de l’Est.
    « Aussitôt, parmi les Goths, la nouvelle se serait répandue qu’une race d’hommes jusqu’alors ignorée s’était levée dans un coin oublié de la terre comme une tempête de neige sur la paroi d’une montagne, et cette race, comme une avalanche, saccageait et détruisait tout ce qui se trouvait sur son chemin. »
    Personne ne parlait leur langue, mais ils répétaient d’une voix rugueuse et en se frappant la poitrine : Huns .
    C’était le peuple des Huns.
    Jamais personne n’avait rencontré des hommes d’une telle férocité.
    « En eux brûlait le désir inhumain de saccager et piller les biens d’autrui, à force d’agressions et de meurtres », écrivait Ammien Marcellin.
    Et Galla Placidia à le lire se souvenait − et c’était comme si les lanières d’un fouet lacéraient sa peau − de ce qu’elle avait subi, lorsqu’elle avait été l’otage des Wisigoths.
    Et ces mêmes Wisigoths évoquaient la sauvagerie des Huns d’une voix qui tremblait d’épouvante.
    « Ce peuple des Huns, ajoutait Ammien Marcellin, peu connu par les anciens monuments, dépasse tout ce qu’on peut imaginer en barbarie.
    « À peine les enfants sont-ils nés qu’on sillonne leurs joues de profondes blessures afin d’empêcher la barbe de pousser.
    « Leur existence est si rude qu’ils ne savent ni cuire ni assaisonner leurs mets ; ils se nourrissent d’herbes sauvages, de chairs à demi crues qu’ils font chauffer en les plaçant sous eux à cheval. Ils n’ont point de maisons, point de cabanes, ils errent en nomades à travers les montagnes et les forêts, habitués dès leur naissance à supporter le froid, la soif, la faim. Cloués en quelque sorte sur leurs chevaux, qui sont robustes, mais laids, ils y vivent, ils y mangent et boivent, ils y dorment même ; c’est à cheval qu’ils se réunissent en assemblée et délibèrent. L’autorité royale est chez eux sans force ; sous la conduite de leurs chefs, ils se jettent furieusement en avant, brisant tout ce qu’ils rencontrent. Leurs chariots sont leurs demeures ; leurs femmes y vivent, tissent, engendrent, nourrissent leurs enfants. Semblables à des animaux sans raison, ils ignorent toute distinction du bien et du mal, ils sont fourbes, aucune crainte religieuse, aucune superstition ne les retient, leur humeur est si changeante et si violente que, en une même journée, ils rompent et renouent leurs amitiés et leurs alliances. »
    Galla Placidia cessait de lire.
    Elle se souvenait des propos de Symmaque, du plaisir qu’il avait pris à décrire les prisonniers barbares jetés aux bêtes dans l’arène.
    Chaque être, avait-il affirmé, porte en lui une part de barbarie mais seul le Romain est capable de la maîtriser. Le Barbare au contraire lui est soumis.
    Les Huns, écrivait encore Ammien Marcellin, pratiquaient les sacrifices humains, les supplices du pal, la mutilation. Pour un homme accusé de trahison qui avait voulu gagner l’Empire romain, rapporte un témoin, on lui coupait les mains, les oreilles, le nez, puis on l’empalait.
    Aux femmes, on écrasait le sein droit, afin qu’elles puissent comme les guerriers appuyer l’arc à double courbure sur leur poitrine, et tirer. Elles aussi avaient le crâne déformé dès leur naissance, les traits aplatis.
    Et tous, hommes, femmes, enfants, se rassemblaient autour des chaudrons où cuisait la chair humaine des ennemis du clan, de la famille.
    Et l’on exterminait les vaincus.
    Les Huns, nomades, ne

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