La chute de l'Empire Romain
livrés à Attila, sans aucune garantie.
Mais que pouvait-on espérer d’une telle attitude dictée par la peur ?
Je crus au triomphe d’Attila, oubliant que Dieu décide et impose ses choix aux hommes.
En l’an 453, le jour de ses noces, Attila, qui épousait une fille de roi germanique dont il avait exterminé la famille, fut retrouvé sur sa couche nuptiale baignant dans une mare de sang.
Le roi des Huns − déjà père de soixante enfants… − avait festoyé une grande partie de la nuit au milieu de ses proches, vidant force coupes de vin, et c’est en chancelant qu’il s’était retiré avec sa jeune et vierge épouse. Puis il s’était vidé de son sang comme si celui-ci avait débordé de son corps.
On rapporte que les Huns hurlèrent, se mutilèrent, organisèrent des funérailles sauvages au cours desquelles on égorgea tous les captifs qui avaient creusé puis comblé la fosse où Attila avait été enseveli.
Avec lui disparaissait l’Empire des Huns.
Mais c’était aussi la dernière marche que franchissait vers son tombeau l’Empire romain d’Occident.
La menace d’Attila ayant disparu, Valentinien III laissa libre cours à la haine qu’il portait à Aetius.
On attira le patrice généralissime à la cour, et le 22 septembre 454 l’empereur Valentinien se jeta sur Aetius, lui donnant le premier coup de glaive.
Après les courtisans, les eunuques lacérèrent le corps du « dernier des Romains ».
Quelques mois plus tard, le 16 mars 455, des soldats vengèrent leur généralissime en égorgeant l’empereur, fils de Galla Placidia Augusta.
Je n’ai pas le désir de citer le nom de ceux qui, après ces meurtres, se proclamèrent empereurs.
Ils ne portaient ce titre qui les fascinait que quelques jours ou quelques mois.
D’autres surgissaient et piétinaient le cadavre de celui qu’ils venaient de tuer et qu’ils rêvaient de remplacer.
Et, pendant qu’ils s’entretuaient, Genséric, le roi vandale, débarquait en Italie ; et avec ses hordes il entrait dans Rome, saccageant la Ville qui avait été le centre du monde.
Les massacres, les viols et les pillages durèrent du 2 au 16 juin de l’an 455 de notre ère.
À Arles, quelques jours plus tard, le 8 juillet 455, les sénateurs élurent empereur l’un d’entre eux, Avitus, qui avait répondu à l’appel d’Aetius et avait convaincu le roi Théodoric d’entrer en guerre contre Attila.
Cela appartenait déjà à un autre temps.
L’empire romain d’Occident n’était plus qu’une apparence à laquelle de moins en moins d’hommes prêtaient attention.
31.
La relation de Priscus se termine à la fin de l’année 455 de notre ère, quelques mois après le « sac de Rome » accompli par les hordes vandales de Genséric.
Priscus écrit :
« Le saccage de Rome, précédé par le meurtre d’Aetius puis celui de l’empereur Valentinien III − le dernier descendant de Théodose le Grand, et le fils de Galla Placidia Augusta − sont les derniers soubresauts de l’agonie de l’Empire romain d’Occident. »
J’ajoute quelques phrases à la sobre conclusion de mon maître Priscus, dont je fus le secrétaire jusqu’à sa mort, en janvier 456.
Il est vrai, comme il l’écrit, que l’Empire romain d’Occident meurt en cette année 455.
Et cependant, durant près de vingt années, les empereurs se succèdent.
Mais ces Césars éphémères n’endossent la pourpre qu’au service des généraux et patrices barbares qui les choisissent, les élèvent, les déposent, les tuent.
Les Barbares font la loi. Ils sont présents partout en Occident.
Ils taillent leurs royaumes, leurs fiefs, dans la chair morte de l’Empire romain d’Occident. Ils veulent posséder la terre qu’ils ont occupée, conquise.
Oreste, ancien secrétaire d’Attila, maître des milices de l’empereur Julius Nepos, le dépose et proclame empereur son fils, Romulus Augustule − le petit Auguste !
Les mercenaires − souvent des Huns − exigent d’Oreste qu’il partage à leur profit la terre d’Italie.
L’un d’entre eux, Odoacre, assassine Oreste le 28 août 476 et proscrit Romulus Augustule.
Il distribue le tiers du territoire italien aux anciens soldats.
À l’automne de l’an 476, Odoacre envoie une ambassade à Constantinople, afin de déclarer à Zénon, l’empereur d’Orient, qu’il « n’était plus nécessaire qu’un empereur régnât sur l’Occident. Un seul empereur,
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