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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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secoua la tête d’un air abattu. « Au
moins Maud et toi, vous pouvez vous marier.
    — Si seulement !
    — Que veux-tu dire ?
    — Un mariage entre une
Anglaise et un Allemand, alors que nos deux pays vont se faire la guerre ?
Plus personne ne la recevrait. Moi non plus. Personnellement, cela me serait
égal, mais jamais je ne lui imposerais une telle épreuve.
    — Mariez-vous en secret.
    — À Londres ?
    — À Chelsea. Personne ne
vous connaît là-bas.
    — Mais il faut y résider,
non ?
    — Il suffit de présenter une
enveloppe avec ton nom et une adresse locale. J’habite Chelsea – je peux
te donner une lettre adressée à Mr von Ulrich. » Il fouilla dans un tiroir
de son bureau. « Tiens. Une facture de mon tailleur, envoyée à « Von
Ulrich, Esquire ». Il croit que Von est mon prénom.
    — Je ne sais pas si nous
aurons le temps.
    — Demande une autorisation
spéciale.
    — Alors ça ! lança
Walter, hébété. Tu as raison, bien sûr, c’est ce que je vais faire.
    — Il faudra aller à l’hôtel
de ville.
    — Oui.
    — Tu veux que je te montre
le chemin ? »
    Walter réfléchit un long moment
avant de répondre : « Oui, s’il te plaît. »
    7.
    « Les généraux l’ont emporté »,
annonça Anton devant la tombe d’Edouard le Confesseur dans l’abbaye de
Westminster en ce vendredi 31 juillet. « Le tsar s’est rendu à leurs
arguments hier. Les Russes mobilisent. »
    C’était une condamnation à mort.
Walter sentit un frisson glacé lui étreindre le cœur.
    « C’est le commencement de
la fin, poursuivit Anton, et Walter vit briller dans ses yeux un éclair de
vengeance. Les Russes se croient forts, parce que leur armée est la plus grande
du monde. Mais ses chefs sont des faibles. C’est l’Armageddon qui les attend. »
    C’était la deuxième fois de la
semaine que Walter entendait ce mot. Il savait à présent que son emploi était
justifié. Dans quelques semaines, l’armée russe, forte de six millions d’hommes
– six millions  ! –, serait massée aux frontières de l’Allemagne
et de la Hongrie. Aucun dirigeant européen ne pouvait ignorer une telle menace.
L’Allemagne devrait mobiliser : le kaiser n’avait plus le choix.
    Walter ne pouvait plus rien
faire. À Berlin, le haut état-major poussait à la mobilisation et Theobald von
Bethmann-Hollweg, le chancelier, avait promis de rendre une décision avant
midi. Après ce qu’Anton venait d’annoncer, celle-ci ne faisait plus aucun
doute.
    Walter devait aviser Berlin sans
tarder. Il quitta brutalement son informateur et sortit de la grande église.
Pressant le pas, il descendit une petite rue nommée Storey’s Gate, longea St
James’s Park du côté est et grimpa quatre à quatre les marches de la colonne du
duc d’York pour entrer dans l’ambassade d’Allemagne.
    La porte du bureau de l’ambassadeur
était ouverte. Il trouva le Prince Lichnowsky assis, Otto debout à ses
côtés et Gottfried von Kessel au téléphone. Une douzaine d’autres personnes
étaient présentes, sans compter les employés qui ne cessaient d’aller et de
venir.
    Walter était hors d’haleine. « Que
se passe-t-il ? demanda-t-il à son père.
    — Berlin a reçu de notre
ambassade à Saint-Pétersbourg ce câble : « Premier jour de
mobilisation : 31 juillet. » Berlin cherche à obtenir une
confirmation.
    — Que fait von Kessel ?
    — Il maintient la ligne avec
Berlin ouverte afin que nous soyons informés sans délai. »
    Walter inspira à fond et avança d’un
pas. « Votre Altesse, dit-il au Prince Lichnowsky.
    — Oui ?
    — Je puis vous confirmer que
les Russes mobilisent. Mon informateur me l’a appris il y a moins d’une heure.
    — Bien. » Lichnowsky
tendit la main et von Kessel lui passa le combiné.
    Walter consulta sa montre. Il
était onze heures moins dix minutes – soit, à Berlin, dix minutes avant
midi, l’heure fatidique.
    « La mobilisation russe
vient de m’être confirmée par une source digne de foi », déclara
Lichnowsky dans l’appareil.
    Tandis qu’il écoutait parler son
correspondant, le silence se fit dans la pièce. Personne ne bougeait. « Oui,
dit enfin Lichnowsky. Je comprends. Très bien. »
    Lorsqu’il raccrocha, le déclic
retentit comme un coup de tonnerre. « Le chancelier a pris sa décision »,
annonça-t-il, puis il répéta les mots que Walter redoutait d’entendre : «  Zustand
drohender Kriegsgefahr,

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