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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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dispensaire ?
    — C’est toi qui payes.
    — Si j’ai bonne mémoire, tu
m’as dit un jour qu’on devrait ouvrir dans l’East End une clinique pour les
mères et les enfants privés de soutien de famille, je t’ai approuvée et,
quelque temps après, j’ai reçu les premières factures.
    — Tu es si généreux. »
    Fitz ne s’offusqua pas. Un homme
de son rang se devait de financer des œuvres de charité et, pourvu que Maud se
charge de tout le travail, il n’avait rien à redire. Il se gardait de crier sur
les toits que le dispensaire soignait surtout des mères célibataires : pas
question de choquer sa tante la duchesse.
    « Tu ne devineras jamais qui
est venu à la consultation ce matin, poursuivit Maud. Williams, l’intendante de
Ty Gwyn. » Fitz se figea. Maud ajouta gaiement : « Quand je
pense que nous parlions d’elle pas plus tard qu’hier soir ! »
    Fitz s’efforça de rester de
marbre. Comme la majorité des femmes, Maud n’avait pas de mal à deviner ses
pensées et c’eût été trop embarrassant qu’elle soupçonne l’intimité réelle de
ses relations avec Ethel.
    Il avait appris qu’Ethel était à
Londres. Elle s’était trouvé une maison à Aldgate que Fitz avait demandé à
Solman d’acheter à son nom. Il redoutait de la croiser un jour dans la rue, et
voilà que c’était Maud qui tombait sur elle !
    Pourquoi était-elle allée au
dispensaire ? Il espéra qu’elle était en bonne santé. « Elle n’est
pas malade, au moins ? demanda-t-il, d’un ton qu’il espérait simplement
courtois et vaguement curieux.
    — Rien de grave »,
répondit Maud.
    Fitz savait qu’une femme enceinte
souffrait de certains désagréments bénins. Bea s’était inquiétée de quelques
saignements, mais le professeur Rathbone avait déclaré que ce phénomène était
fréquent au troisième mois de grossesse et ne présentait aucun caractère de
gravité. Il lui avait cependant recommandé de ne pas trop se fatiguer – non
qu’il y eût un danger de ce côté-là.
    « Je me souviens de
Williams, intervint Walter. Des cheveux bouclés et un sourire effronté. Qui est
son époux ?
    — Un valet dont le maître a
été invité à Ty Gwyn il y a quelques mois, répondit Maud. Un certain Teddy
Williams. »
    Fitz se sentit rougir. Ainsi,
elle avait baptisé Teddy son mari imaginaire ! Si seulement Maud ne l’avait
pas rencontrée. Il aurait voulu oublier Ethel. Mais celle-ci refusait de
disparaître de ses pensées. Pour dissimuler sa gêne, il tourna ostensiblement
la tête à la recherche d’un serveur. Cette sensibilité lui semblait déplacée.
Ethel était une domestique, lui un comte. Les nobles avaient toujours pris leur
plaiSir là où ils le trouvaient. Cela se produisait depuis des siècles,
sinon des millénaires. Il était ridicule de se laisser attendrir.
    Pour changer de sujet, il annonça
à ces dames la nouvelle que venait de lui apprendre Walter.
    « J’en ai entendu parler,
confirma Maud. Seigneur ! J’espère que les Autrichiens entendront raison »,
ajouta-t-elle avec ferveur.
    Fitz arqua un sourcil. « Pourquoi
une telle passion ?
    — Je ne veux pas qu’on te
tire dessus ! Et je ne veux pas que Walter soit notre ennemi », s’exclama-t-elle
la voix nouée. Les femmes se laissaient si facilement emporter par l’émotion.
    « Maud, fit Walter,
saurais-tu par hasard ce qu’Asquith et Grey pensent de la suggestion du kaiser ? »
    Maud se ressaisit. « Selon
Grey, si on l’associe à sa proposition de conférence quadripartite, cela
pourrait suffire à éviter la guerre.
    — Parfait ! s’écria
Walter. Voilà exactement ce que j’espérais. » Devant cet enthousiasme
juvénile, Fitz repensa au temps où ils allaient à l’école ensemble. Walter
avait eu la même expression lorsqu’il avait décroché le prix de musique à la
fin de l’année.
    « Vous avez vu que cette
terrible Mme Caillaux a été acquittée ? » intervint tante Herm.
    Fitz en fut stupéfait. « Acquittée ?
Mais elle a tué cet homme ! Elle s’est acheté un revolver, elle l’a
chargé, elle s’est fait conduire au siège du Figaro, elle a demandé à
voir le directeur et elle l’a abattu… comment a-t-on pu l’acquitter ?
    — Le coup est parti tout
seul, a-t-elle prétendu. Quel toupet ! »
    Maud éclata de rire.
    « Le jury a dû la trouver
sympathique », commenta Fitz. L’amusement de Maud l’agaçait. Un jury
imprévisible

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