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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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– une
tenue de garde-chasse, se dit Fitz. Dressé sur le piédestal de la colonne de
Nelson, il vociférait avec un accent écossais à couper au couteau, profanant la
mémoire du héros mort pour l’Angleterre à la bataille de Trafalgar.
    À en croire Hardie, la guerre
imminente serait la pire catastrophe que le monde ait jamais connue. Il
représentait une circonscription de mineurs – Merthyr, tout près d’Aberowen.
C’était le fils illégitime d’une domestique, et il avait travaillé à la mine
avant d’entrer en politique. Que savait-il de la guerre ?
    Écœuré, Fitz se hâta de se rendre
chez la duchesse pour le thé. Dans la grand-salle, il trouva Maud en pleine
conversation avec Walter. À son vif regret, la crise ne pouvait que l’éloigner
de ces deux êtres. Il adorait sa sœur et appréciait beaucoup Walter, mais Maud
était une libérale et Walter un Allemand, et, en des heures pareilles, il n’était
vraiment pas facile de leur parler. Il fit toutefois de son mieux pour paraître
aimable en s’adressant à elle : « Il paraît que la séance a été
houleuse ce matin au cabinet. »
    Elle hocha la tête. « Hier
soir, Churchill a mobilisé la flotte sans rien demander à personne. John Burns
a démissionné ce matin en signe de protestation.
    — Je ne peux pas dire que je
le regrette. » John Burns était un vieux radical et le pacifiste le plus
fervent du cabinet. « Les autres ministres ont donc approuvé l’initiative
de Winston.
    — À contrecœur.
    — Grâces en soient tout de
même rendues à Dieu. » Il était consternant qu’en cette heure de péril, le
gouvernement soit aux mains de ces socialistes timorés, se dit Fitz.
    « Mais ils ont repoussé la
motion de Grey qui demandait que nous nous engagions à défendre la France.
    — Ils continuent à se
conduire comme des couards, à ce que je vois. » Fitz était conscient d’être
grossier envers sa sœur, mais son amertume l’emportait.
    « Pas tout à fait, dit Maud
d’un ton égal. Ils ont accepté d’empêcher la marine allemande de traverser la
Manche pour attaquer la France. »
    Fitz se détendit un peu. « Eh
bien, c’est toujours cela.
    — Le gouvernement allemand,
intervint Walter, a réagi en faisant savoir que nous n’avions aucune intention
d’y envoyer des navires.
    — Tu vois bien que la
fermeté finit par payer, dit Fitz à Maud.
    — Ne plastronne pas comme
cela, Fitz, le reprit-elle. Si nous entrons en guerre, ce sera parce que les
gens comme toi n’ont pas fait assez d’efforts pour l’éviter.
    — Tu crois cela ?
répliqua-t-il, vexé. Eh bien, laisse-moi te dire une chose. J’ai parlé à Sir Edward
Grey hier soir, au club Brooks’s. Il a demandé aux Français comme aux Allemands
de respecter la neutralité de la Belgique. Les Français ont immédiatement
accepté. » Fitz jeta un regard de défi à Walter. « Les Allemands n’ont
pas répondu.
    — C’est exact, admit Walter
en s’excusant d’un haussement d’épaules. En tant que soldat, mon cher Fitz, tu
comprendras qu’il nous était impossible de répondre à cette question, dans un
sens ou dans l’autre, sans dévoiler nos plans.
    — Je comprends, mais cela m’amène
à me demander pourquoi ma sœur me considère comme un fauteur de guerre et toi
comme un faiseur de paix. »
    Maud éluda la question. « Selon
Lloyd George , l’Angleterre ne doit intervenir que si l’armée allemande
viole substantiellement le territoire belge. Il devrait avancer cette
proposition au Conseil des ministres de ce soir. »
    Fitz savait ce que cela
signifiait. Furieux, il lança : « Ainsi, nous autoriserons l’Allemagne
à attaquer la France par l’angle sud de la Belgique ?
    — Je suppose que c’est
exactement ce que cela veut dire.
    — J’en étais sûr, fit Fitz.
Les traîtres ! Ils cherchent à fuir leurs responsabilités. Ils feront tout
pour éviter la guerre !
    — Puisses-tu avoir raison »,
conclut Maud.
    6.
    Le lundi après-midi, Maud devait
se rendre à la Chambre des communes pour écouter Sir Edward Grey s’adresser
aux membres du Parlement. Ce discours marquerait un tournant, tout le monde en
convenait. Tante Herm l’accompagna. Pour une fois, la jeune fille était
heureuse de cette présence rassurante.
    Cet après-midi allait décider de
son sort, ainsi que de celui de milliers d’hommes en âge de se battre. En
fonction de ce que dirait Grey et de la réaction du Parlement,

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