Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
tout
cela ?
    — Même à ce stade, répliqua
Maud, il n’est pas trop tard pour que la Russie et l’Autriche entament des
négociations pour résoudre la crise des Balkans d’une manière qui puisse
convenir aux deux parties. »
    Suivit un silence de quelques
secondes, à l’issue duquel Fitz déclara : « Une telle éventualité me
paraît hautement improbable.
    — Mais enfin, fit Maud,
consciente de la détresse qui perçait dans sa voix, il faut tout de même garder
espoir, n’est-ce pas ? »
    4.
    Assise dans sa chambre, Maud n’avait
pas la force de se changer pour le dîner. Sa femme de chambre lui avait préparé
une robe et des bijoux, qu’elle se contentait de fixer du regard.
    Elle sortait presque tous les
soirs pendant la saison londonienne, car les mondanités offraient d’excellentes
occasions de se livrer aux échanges politiques et diplomatiques qui la
fascinaient. Mais ce soir, elle ne se sentait pas capable de se montrer
charmante et séduisante, d’inciter les puissants à lui confier leurs pensées,
de les amener à changer de position sans s’apercevoir qu’elle les manipulait.
    Walter allait être enrôlé. Il
enfilerait un uniforme et porterait une arme, des soldats ennemis le
soumettraient à un feu meurtrier de mitrailleuse, d’obus et de mortier, qui le
tuerait ou le blesserait si grièvement qu’il ne pourrait plus jamais marcher.
Elle avait du mal à penser à autre chose et était constamment au bord des
larmes. Elle s’était même disputée violemment avec son frère qu’elle aimait
tant.
    On frappa à la porte. Grout se
tenait sur le seuil. « Herr von Ulrich vient d’arriver, mademoiselle »,
annonça-t-il.
    Maud en fut stupéfaite. Elle n’attendait
pas Walter. Pourquoi était-il venu ?
    Remarquant sa surprise, Grout
ajouta : « Quand j’ai précisé que monsieur était absent, il a demandé
à vous voir.
    — Merci, dit Maud, qui l’écarta
de son chemin et descendit l’escalier.
    — Herr von Ulrich est au
salon, lança Grout derrière elle. Je vais prier Lady Hermia de vous rejoindre. »
Il savait, lui aussi, que Maud n’était pas censée rester seule avec un jeune
homme. Mais tante Herm avait un peu de mal à marcher et plusieurs minutes
s’écouleraient avant son arrivée.
    Maud se précipita dans le salon
et se jeta dans les bras de Walter. « Qu’allons-nous faire ?
gémit-elle. Walter, qu’allons-nous faire ? »
    Il l’étreignit de toutes ses
forces puis la regarda gravement. Il avait le teint livide, les traits tirés
comme s’il venait d’apprendre la mort d’un proche. « La France n’a pas
répondu à l’ultimatum allemand, déclara-t-il.
    — Ils n’ont rien dit, rien
du tout ?
    — Notre ambassadeur à Paris
a insisté pour recevoir une réponse. Viviani, le président du Conseil, lui a
fait savoir que « la France veillerait à ses propres intérêts ». Ils
refusent de s’engager à rester neutres.
    — Mais il est peut-être
encore temps de…
    — Non. Ils ont décidé de
mobiliser. Joffre a gagné la partie – comme les militaires de tous les pays.
Les télégrammes sont partis à quatre heures cet après-midi, heure de Paris.
    — Il y a sûrement quelque
chose à faire !
    — L’Allemagne n’a plus le
choix. Nous ne pouvons pas affronter la Russie en ayant sur nos arrières une
France hostile, armée, impatiente de reprendre l’Alsace et la Lorraine. Nous
devons donc attaquer la France. Le plan Schlieffen est déjà déclenché. À
Berlin, la foule est descendue dans la rue pour chanter le Kaiserhymne.
    — Tu vas devoir rejoindre
ton régiment, dit-elle sans pouvoir retenir ses larmes.
    — Oui. »
    Elle essuya ses joues avec un
mouchoir minuscule, un ridicule carré de lin brodé. Puis elle frotta ses yeux à
sa manche. « Quand ? demanda-t-elle. Quand dois-tu quitter Londres ?
    — Pas avant quelques jours. »
Il refoulait lui-même ses larmes, remarqua-t-elle. « Ya-t-il une chance
pour que l’Angleterre reste à l’écart du conflit ? Au moins, je ne serais
pas obligé de me battre contre ton pays.
    — Je l’ignore. Nous le saurons
demain. » Elle l’attira contre elle. « Serre-moi fort, je t’en
supplie. » Elle posa la tête sur son épaule et ferma les yeux.
    5.
    Fitz fut outré de voir une
manifestation pacifiste sur Trafalgar Square en ce dimanche après-midi.
    Keir Hardie, un député
travailliste, prononçait un discours. Il était vêtu d’un costume de tweed

Weitere Kostenlose Bücher