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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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quoi bon engager
des discussions avec l’armée française ?
    — Afin d’explorer
différentes possibilités ! D’élaborer des plans d’urgence ! Qui dit
discussions ne dit pas accord – surtout en politique internationale.
    — Les amis sont les amis. L’Angleterre
est une puissance mondiale. Une femme ne comprend pas forcément ces questions,
mais on attend de nous que nous défendions nos voisins. En tant que gentlemen,
toute forme de duplicité est exécrable à nos yeux et, en tant que nation, nous
devons avoir la même attitude. »
    C’était le genre de discours qui
pouvait encore entraîner l’Angleterre dans le conflit, se dit Maud avec un
frisson de panique. Elle n’arrivait pas à convaincre son frère du danger. Leur
affection mutuelle l’avait toujours emporté sur leurs divergences politiques,
mais celles-ci étaient à présent si fortes qu’ils auraient du mal à ne pas se
quereller gravement. Et quand Fitz se brouillait avec quelqu’un, c’était
définitif. Il serait pourtant obligé de prendre les armes et peut-être même de
mourir, percé par une balle, un coup de baïonnette ou déchiqueté par un obus – un
sort qui guettait également Walter. Pourquoi refusait-il de le voir ? C’était
à hurler.
    Tandis qu’elle cherchait ses
mots, un convive prit la parole. Elle reconnut un dénommé Steed, rédacteur en
chef adjoint du Times chargé des affaires étrangères. « Je peux
vous informer d’une sale entreprise de la finance internationale judéo-teutonne
pour forcer mon journal à adopter une position neutre », déclara-t-il.
    La duchesse fit la grimace :
elle détestait la rhétorique de la presse de bas étage.
    « Qu’est-ce qui vous permet
de dire cela ? demanda Maud sèchement.
    — Lord Rothschild s’est
entretenu hier avec notre chroniqueur financier. Il souhaite que nous modérions
le ton antigermanique de nos articles dans l’intérêt de la paix. »
    Maud connaissait bien Natty
Rothschild, un libéral : « Et que dit Lord Northcliffe de l’initiative
de Lord Rothschild ? » Lord Northcliffe était le propriétaire du Times.
    Steed esquissa un sourire
carnassier. « Il nous a exhortés à publier aujourd’hui un éditorial encore
plus virulent. » Saisissant l’édition du jour posée sur une table, il l’agita.
«  “ La paix ne fait pas partie de nos intérêts majeurs ”  », cita-t-il.
    Maud ne pouvait imaginer activité
plus méprisable que d’encourager délibérément la guerre. Elle remarqua que Fitz
était lui aussi écœuré par l’attitude frivole du journaliste. Comme elle s’apprêtait
à lui répondre, Fitz changea de sujet, faisant montre de la courtoisie qu’il
réservait même aux imbéciles. « Je viens de voir Paul Cambon, l’ambassadeur
de France, qui sortait du Foreign Office. Il était blanc comme un linge. «  Ils
vont nous lâcher  », a-t-il dit. Il venait de s’entretenir avec Grey.
    — Savez-vous ce que Grey a
pu lui confier pour troubler ainsi M. Cambon ? demanda la duchesse.
    — Oui, Cambon s’en est
ouvert à moi. Apparemment, les Allemands sont disposés à ne pas attaquer la
France à condition que celle-ci promette de rester à l’écart du conflit – et
si les Français refusent de prendre cet engagement, les Anglais ne se sentiront
pas tenus de les défendre. »
    Malgré la peine qu’elle éprouvait
pour l’ambassadeur français, Maud sentit son cœur se gonfler d’espoir à l’idée
que l’Angleterre pourrait éviter le conflit.
    « Mais la France ne peut que
refuser cette proposition, observa la duchesse. Le traité qu’elle a signé avec
la Russie oblige les deux nations à se secourir mutuellement en cas de guerre.
    — Exactement ! s’exclama
Fitz avec colère. À quoi servent les alliances internationales si l’on doit les
bafouer à la moindre crise ?
    — Ridicule, intervint Maud,
sans se soucier des règles de la politesse. Les alliances internationales se
rompent quand on le juge bon. Le problème n’est pas là.
    — Et où est-il, alors ?
demanda Fitz d’une voix glaciale.
    — À mon avis, Asquith et
Grey cherchent simplement à faire peur aux Français en leur ouvrant les yeux.
La France ne vaincra jamais l’Allemagne sans notre aide. Si les Français
craignent de se retrouver seuls, peut-être embrasseront-ils la cause de la paix
et persuaderont-ils leurs alliés russes de ne pas déclarer la guerre à l’Allemagne.
    — Et la Serbie dans

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