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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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songea-t-il
alors.
    Mais ce fut la visite d’un lycée
de Tchita qui lui laissa le souvenir le plus marquant. Le train s’y arrêta deux
jours pour laisser au colonel Fitzherbert le temps de parlementer avec le
responsable local, un chef cosaque du nom de Semenov. Billy se joignit à un
groupe de touristes américains. Le directeur de l’école, qui parlait anglais,
leur expliqua qu’un an auparavant, il ne recevait dans son établissement que
les enfants de la bourgeoisie aisée ; les Juifs en étaient exclus, même s’ils
pouvaient payer les frais de scolarité. Maintenant, sur ordre des bolcheviks, l’éducation
était gratuite pour tous. Le résultat était manifeste. Ses salles de classe
étaient bondées d’enfants en haillons qui apprenaient à lire, à écrire et à
compter, et étudiaient même les arts et les sciences. Quoi qu’ait pu faire
Lénine par ailleurs – et il était difficile de distinguer le vrai du faux
dans la propagande conservatrice –, il ne plaisantait pas quand il avait
promis d’apporter l’instruction à tous les enfants de Russie.
    Dans le train, Billy avait
retrouvé Lev Pechkov qui l’avait salué amicalement, sans manifester la moindre
honte, comme s’il avait oublié qu’il avait dû fuir Aberowen après s’être rendu
coupable de vol et d’escroquerie. Lev avait émigré en Amérique et épousé une
jeune fille riche. Il était lieutenant et avait été détaché comme interprète
auprès des copains.
    La population d’Omsk accueillit
le bataillon par des acclamations de joie quand il rejoignit ses quartiers
depuis la gare. Billy aperçut de nombreux officiers russes dans les rues. Ils
portaient d’élégants uniformes un peu démodés, mais leur activité n’avait
apparemment rien de militaire. Il y avait aussi beaucoup de soldats canadiens.
    Quand leur bataillon rompit les
rangs, Billy et Tommy partirent se promener en ville. Il n’y avait pas
grand-chose à voir : une cathédrale, une mosquée, une forteresse en brique
et une rivière sillonnée par des bateaux de marchandises et de passagers. Ils
furent très surpris de croiser beaucoup de gens vêtus d’éléments d’uniformes
britanniques : une femme qui vendait du poisson frit derrière un étal
portait une veste kaki ; un livreur poussant une charrette à bras arborait
un pantalon en serge de l’armée ; un grand écolier chargé d’un cartable
déambulait avec aux pieds des bottes anglaises flambant neuves.
    « Où est-ce qu’ils ont
dégotté tout ça ? s’étonna Billy.
    — Nous fournissons des
uniformes à l’armée russe, expliqua Tommy, mais Pechkov m’a dit que les
officiers les revendaient au marché noir.
    — Ça leur apprendra à
soutenir le mauvais camp », commenta Billy.
    La YMCA canadienne avait ouvert
une cantine. Plusieurs de leurs camarades s’y trouvaient déjà : c’était
visiblement le seul endroit où aller. Billy et Tommy prirent du thé et une
copieuse part de tarte aux pommes, que les Américains appelaient pie.
    « Cette ville est le quartier
général du gouvernement réactionnaire antibolchevique, dit Billy. Je l’ai lu
dans le New York Times. »
    Les informations des journaux
américains, qui circulaient à Vladivostok, étaient plus honnêtes que celles de
la presse britannique.
    Lev Pechkov arriva au bras d’une
jolie Russe enveloppée dans un manteau bon marché. Tous le regardèrent avec de
grands yeux. Comment faisait-il pour les emballer aussi vite ?
    Lev était tout excité. « Eh,
les gars, vous avez entendu ce qu’on dit ?»
    Lev était sans doute le premier à
apprendre toutes les rumeurs, pensa Billy.
    « Oui, lança Tommy, il
paraît que tu es pédé. »
    Ils éclatèrent tous de rire.
    « Qu’est-ce qu’on dit ?
demanda Billy.
    — Ils ont signé un
armistice. » Lev ménagea une pause. « Vous comprenez ? La guerre
est finie !
    — Pas pour nous »,
murmura Billy.
    3.
    La section du capitaine Dewar
attaquait un petit village appelé Aux-Deux-Églises, à l’est de la Meuse. Gus
avait entendu parler d’un cessez-le-feu à onze heures, mais son officier
supérieur avait ordonné l’assaut et il obéissait. Il avait avancé ses
mitrailleuses lourdes à la lisière d’un bosquet. Ils tiraient à travers une
clairière sur les bâtiments de la périphérie en laissant à l’ennemi tout le
temps de se replier.
    Malheureusement, les Allemands n’en
profitaient pas. Ils avaient installé des mortiers et des

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