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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Pour
commencer, il fallait abaisser la limite d’âge pour l’aligner sur celle des
hommes. Ensuite, il fallait améliorer les salaires et les conditions de travail
des femmes. Dans la plupart des branches industrielles, les femmes étaient
moins payées que les hommes pour un travail identique. Pourquoi n’obtiendraient-elles
pas la même chose ?
    Pourtant, elle aimait Bernie et,
devant son air blessé, elle était prête à renoncer. « Je m’attendais à
être combattu par mes ennemis, lui avait-il dit un soir. Par les conservateurs,
les libéraux prêts à tous les compromis, les impérialistes capitalistes, la
bourgeoisie. J’avais même prévu des réactions hostiles d’un ou deux membres
jaloux du parti. Mais il y avait une personne sur laquelle j’étais sûr de
pouvoir compter. Et c’est précisément celle-là qui me tire dans les pattes. »
Le cœur d’Ethel se serrait quand elle y repensait.
    Elle lui apporta une tasse de thé
à onze heures. Malgré l’ameublement modeste, leur chambre était confortable
avec ses petits rideaux de coton, sa table à écrire et la photo de Keith Hardie
au mur. Bernie déposa son livre, The Ragged Trousered Philanthopists (Les Gueux philanthropes), de Robert Tressel, que tous les socialistes
lisaient. Il demanda d’une voix glaciale : « Qu’est-ce que tu vas
faire, ce soir ?» La réunion du parti travailliste avait lieu le soir
même. « Tu as pris une décision ? »
    Elle l’avait prise, depuis deux
jours, sans avoir eu le courage de la lui annoncer. Puisqu’il lui posait la
question, elle allait lui répondre. « Il faut choisir le meilleur candidat
pour le parti », lui lança-t-elle d’un ton de défi.
    Il accusa le coup. « Je ne
comprends pas comment tu peux me faire une chose pareille et continuer à
prétendre que tu m’aimes. »
    Ce genre d’argument était un peu
facile, trouvait-elle. Elle aurait très bien pu lui renvoyer la balle. Mais la
question n’était pas là. « Ce n’est pas à nous qu’il faut penser, mais au
parti.
    — Et notre couple ?
    — Je ne te laisserai pas la
place simplement parce que je suis ta femme…
    — Tu m’as trahi.
    — Mais je te la laisse quand
même.
    — Comment ?
    — Tu as bien entendu :
je te laisse la place. »
    Le visage de Bernie exprima un
immense soulagement.
    Elle continua : « Ce n’est
pas parce que je suis ta femme. Et ce n’est pas parce que tu es le meilleur
candidat. »
    Il la regarda, perplexe. « Pourquoi
le fais-tu, alors ? »
    Ethel soupira. « Je suis
enceinte.
    — Oh, mince !
    — Comme tu dis. Juste au
moment où une femme aurait pu devenir député, il faut que j’attende un bébé. »
    Bernie sourit. « Tout est
bien qui finit bien !
    — J’étais sûre que tu dirais
ça. » En cet instant, elle en voulait à Bernie, à l’enfant à naître et à
tout ce qui faisait sa vie. Soudain, elle entendit carillonner les cloches d’une
église. Elle regarda la pendule posée sur la cheminée. Il était onze heures
cinq. Pourquoi sonnait-on les cloches à cette heure-ci un lundi matin ? Un
autre clocher répondit au premier. Elle s’approcha de la fenêtre en fronçant
les sourcils. Il n’y avait rien d’anormal dans la rue, cependant toutes les
cloches se mettaient à carillonner les unes après les autres. À l’ouest, dans
le ciel de Londres, elle vit s’élever un éclair rouge, l’éclat d’une fusée de
détresse.
    Elle se retourna vers Bernie. « On
dirait que toutes les églises de Londres font sonner leurs cloches.
    — Il s’est passé quelque
chose. Je parie que c’est la fin de la guerre. Elles sonnent la paix !
    — Oui, dit Ethel d’un ton
amer, ce n’est sûrement pas pour célébrer cette fichue grossesse. »
    5.
    Pour renverser Lénine et ses
bandits, Fitz fondait tous ses espoirs sur le gouvernement provisoire panrusse
qui siégeait à Omsk. Il n’était pas le seul. Des hommes puissants, dans la
plupart des gouvernements des plus grands pays du monde, comptaient sur cette
ville pour lancer la contre-révolution.
    Le directoire de cinq hommes logeait
dans un train stationné dans la banlieue de la ville. Une suite de wagons
blindés, gardés par des troupes d’élite, abritait, Fitz le savait, les vestiges
du trésor impérial, une masse d’or de plusieurs millions de roubles. Le tsar
était mort, assassiné par les bolcheviks, mais sa fortune était là pour assurer
pouvoir et autorité à l’opposition

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