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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avait dans sa poche un chapelet bénit par le pape et, au cou, sous le col montant du corsage, et au bout d’un lien de velours noir, une modeste croix de bois qu’au cours d’un séjour à Jérusalem (9) elle avait fait toucher au tombeau du Christ. Il fallait au moins ça pour combattre les insinuations défaitistes d’une petite voix intérieure qui s’obstinait à lui chuchoter qu’elle allait s’aventurer sur un terrain diabolique et donc dangereux.
    — On y va ? invita Cornélius qui ne se sentait pas tellement rassuré même s’il eut fallu le débiter en tranches pour le lui faire avouer.
    — Évidemment ! Qu’est-ce que vous attendez ? Vous avez peur ?
    — Non, non ! affirma-t-il après s’être raclé la gorge. Mais j’aimerais tout de même mieux que vous ne pénétriez pas dans ce… machin… toute seule !
    — C’est justement ce que j’espère ! Voir de plus près l’intérieur de cet antre des Borgia ! Et comme il n’est pas d’usage qu’un chauffeur suive sa patronne, vous m’attendrez bien sagement !
    Le chemin n’était pas long puisqu’il suffisait de descendre la route étroite bordant Hadriana jusqu’au premier croisement et d’en rencontrer une autre qui, elle, épousait les imposants jardins de la Malaspina.
    En moins de dix minutes on fut à destination, et Wishbone garait la voiture devant le chef-d’œuvre de ferronnerie ancienne qu’était la grille entre deux pilastres couronnés de lions assis. Sur l’étagement des jardins, la villa se laissait admirer dans toute sa beauté classique sauvée de la sévérité par la grâce de ses balcons, de ses balustres et d’une végétation luxuriante. Le cadre de verdure abritait la double évolution du chemin en pente destiné aux voitures.
    — C’est vraiment dommage de mettre ici des demi-fous ou des fous complets. Même très riches ! soupira Cornélius en hochant la tête. Je verrais plutôt… un hôtel pour y vivre des moments de bonheur. À deux de préférence…
    — Plus tard le romantisme ! Je préférerais que vous klaxonniez pour que l’on nous ouvre !
    L’appel fit apparaître le gardien au seuil du pavillon d’entrée mais il n’ouvrit pas la grille, sortit par la porte piétonne et s’approcha de la voiture en touchant sa casquette à visière. Ses bottes, son costume et son baudrier lui donnaient l’air d’un garde-chasse plutôt que d’un paisible concierge. Il demanda ce que l’on désirait.
    Comme, naturellement, il s’était exprimé en italien et que l’Américain ne le comprenait pas, ce fut la passagère qui se chargea de la réponse :
    — Je voudrais voir le propriétaire ou le directeur de cette maison, dit-elle.
    — Pour quoi faire ?
    Ce genre d’accueil rogue avait le don de mettre Plan-Crépin en boule. Toisant le malappris d’un face-à-main emprunté à M me de Sommières pour paraître plus imposante elle déclara :
    — Je ne crois pas que cela vous regarde !
    — Tout ce qui entre me regarde ! Ordre du patron !
    — Fort bien. En ce cas allez l’informer qu’il s’agit d’une inscription.
    — Une inscription ? Sur quoi ?
    — Vous êtes stupide ou vous faites semblant ? On raconte dans tout le pays que cette propriété est devenue une clinique pour malades à la fois dépressifs et fortunés. Or je souhaiterais lui confier une parente qui m’est chère ! C’est vrai ou pas cette affaire de clinique ?
    — C’est vrai… mais tenez, voilà justement le patron qui vient ! Je vais le chercher !
    Deux hommes, ayant sans doute aperçu la voiture, se dirigeaient en effet vers eux. Ce que voyant, Cornélius se tassa autant que possible sur son siège, bénissant son chapeau, ses lunettes noires et le rasoir qui avait supprimé depuis belle lurette les flocons de sa ravissante barbe en éventail. Il connaissait plus que parfaitement les deux hommes depuis son séjour au château de la Croix-Haute à l’époque, récente – à laquelle il ne pouvait s’empêcher de penser parfois avec du vague à l’âme ! –, où il vivait un rêve ébloui auprès d’une femme sublime. Le mirage s’était brisé quand il avait été confronté à une cruelle réalité. Non seulement c’était une criminelle mais elle avait tenté de l’immoler par le feu avec Morosini, sa femme et Pauline Belmont. En un mot, c’était l’homme à la Chimère, celui qui se voulait le dernier des Borgia. Quant à l’autre, c’était celui qu’on appelait Max, tout dévoué à la Torelli et

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