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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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aussitôt après les funérailles. Wishbone et mon cher professeur sont restés. Ne me demande pas pourquoi, je rien sais rien ! De la part de ces deux-là, ce n’est pas surprenant et je ne suis pas certain qu’ils n’aient pas décidé de vivre plus ou moins ensemble !
    — Ah bon ?
    — Pourquoi pas ? Cornélius reverra Chinon qu’il adore et Hubert ira sûrement faire connaissance avec le Texas… mais rassure-toi, on les reverra ! Moritz Kledermann a quitté Lugano deux jours après toi en compagnie de Zehnder. Il va récupérer sa collection de joyaux que Langlois lui rapportera personnellement.
    — Elle était aux Bruyères blanches, n’est-ce pas ?
    — Exact ! Le vieux Schurr que la mort de ses deux fils a brisé n’a opposé paraît-il aucune résistance… et d’ailleurs ne sera pas poursuivi pour recel. Langlois a décidé de le laisser finir sa vie en tête à tête avec ses souvenirs…
    — Sentimental, le grand chef ?
    — Ça te surprend ? Pas moi ! Quant au jeune Sauvageol dont tu vas sans doute me demander des nouvelles, il est à l’hôpital de Langres nanti d’une jambe dans le plâtre. Voilà ! Tu es au courant des dernières nouvelles !
    — Pas la principale ! Comment va Guy ?
    — Aussi bien que possible ! Dieulafoy le garde en clinique encore quelques jours.
    — S’il n’y a pas de soins particuliers à lui donner, il serait mieux inspiré de nous le renvoyer ! La cuisine d’Eulalie est cent fois plus roborative que la tambouille de n’importe quel hôpital et il s’ennuierait moins !
    — Très judicieux ! Je vais aller le leur dire ! Au fait, et toi ? Quel est ton programme à présent que tu as retrouvé ta « vis comica » ?
    — Rendre visite à Guy pour lui demander où il en est et s’il peut à nouveau supporter la moiteur de Venise en été, sinon je rentre sans lui. Il me rejoindra plus tard mais moi j’ai besoin de savoir si la maison d’antiquités Morosini existe toujours !
    — Tu t’absentes assez souvent et elle ne s’en porte pas plus mal !
    — C’est aimable, ça ? fit Aldo méfiant. Quoi qu’il en soit, il y avait Guy qui me valait largement. Il ne me reste plus que le jeune Pisani ! Plein de bonne volonté mais pas tout à fait au point ! Je redoute de le trouver assis sur un tas de ruines !
    — Commence donc par téléphoner !
    Aldo alluma une cigarette. La première depuis qu’on l’avait endormi. Elle lui parut délicieuse et il la savoura adossé à ses oreillers, les bras autour de ses genoux relevés et un cendrier dans une main. La mince fumée bleue présentait le double avantage de laisser venir les rêves tout en reprenant pied dans la réalité…
    — C’est ce que je vais faire ! dit-il enfin… Mais d’abord prendre un bain !… Tu déjeunes ici, j’espère ?
    — Naturellement ! On va fêter ton réveil !
    Il allait sortir quand Aldo le retint :
    — Un instant, s’il te plaît !… Avons-nous des nouvelles de Zurich ?
    — Pas que je sache, mais ton beau-père doit avoir besoin, lui aussi, d’un certain temps pour retrouver ses marques…
    C’était l’évidence même…
     
    Ce l’était beaucoup moins quand, une dizaine de jours après, Guy Buteau et lui s’embarquaient dans le Simplon-Orient-Express qui allait les ramener à Venise. Aucune nouvelle, en effet, n’était venue de Suisse autre que celles apportées par les journaux. Encore étaient-elles fort maigres, Moritz Kledermann éprouvant envers la presse une méfiance qui le rendait fort peu communicatif. Même les plumes helvétiques, peu portées sur le sensationnel, n’avaient réussi à obtenir de lui qu’une dizaine de mots à peine : il allait bien et était heureux de rentrer chez lui. Le tout illustré d’une photo floue sur laquelle il montrait un visage impassible. Depuis il s’était assuré les services d’une poignée de gorilles chargés de surveiller sa demeure et ses déplacements. On savait aussi que sa fille était accourue au lendemain de son retour mais elle avait réussi à échapper au gros de la troupe en venant en voiture alors que l’on guettait en gare l’arrivée des trains en provenance de Vienne. Depuis, plus rien !
    Bien qu’il se félicitât d’avoir refusé l’invitation de son beau-père, Aldo ne pouvait se défendre d’une vague tristesse sur sa vie intime définitivement brisée puisqu’en dépit du plaidoyer, chaleureux à n’en pas douter, de Kledermann, Lisa s’en tenait à sa décision de ne plus revoir son

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