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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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était lourde et paisible, vaguement éclairée par une lune blafarde qui détaillait les longues enfilades de tentes échelonnées le long de la Nonette. L’armée anglaise campait sur la rive opposée et se préparait au combat en organisant son habituel système de défense pour le lendemain. Des musiques de cornemuses alternaient avec des chansons de marche. Lorsque les patrouilles françaises et anglaises se croisaient de part et d’autre de la rivière elles échangeaient des injures, des menaces et des défis.
     
    Le matin, passé la messe dite sous un taillis de saules, Charles mit son armée en ordre de bataille, avec la consigne de ne rien entreprendre ce jour-là, sauf à riposter à une attaque qui, de toute évidence, ne se produirait pas, les Anglais, les Bourguignons et les Picards ne le cédant en rien à leurs adversaires quant à l’adoration de la Vierge.
    Durant la nuit, les Anglais n’avaient pas perdu leur temps : leurs équipes de terrassiers avaient creusé des tranchées, dressé des palissades de pieux aiguisés pour recevoir les charges de cavalerie adverses, tiré parti du moindre accident de terrain.
    Lorsque Jean de Xaintrailles vint faire son rapport, Charles soupira :
    – Ils nous attendent, comme à Azincourt, mais nous ne tomberons pas dans ce piège. Qu’ont-ils sur leurs arrières ?
    – Un étang infranchissable pour notre cavalerie, sire, peut-être la pêcherie de l’abbaye...
    – Eh bien, nous n’irons pas nous y noyer, pas plus que nous n’enverrons notre cavalerie s’empaler sur leurs pieux. Nous attendrons pour les affronter qu’ils sortent de leurs lignes.
    Avant de réunir son Conseil pour décider d’une stratégie, Charles, contrairement à ses habitudes, demanda à Jeanne d’y assister.
    Il avait décidé de scinder son armée en plusieurs groupes commandés par d’Alençon, Vendôme, René d’Anjou, Foucaud et Graville. Le corps du roi constituant la réserve ayant à sa tête La Trémoille, Clermont, Saint-Sévère, Gilles de Rais, tiendrait les ailes avec une compagnie de chevau-légers. Jeanne prendrait la tête d’un escadron chargé de provoquer des escarmouches ; elle aurait sous ses ordres Dunois, d’Albret et La Hire.
    – Faites passer la consigne à la troupe, dit Charles. Il ne doit pas y avoir de bataille avant demain.
     
    Rester l’arme au pied alors que les dispositifs de la bataille étaient en place, c’était beaucoup exiger des soldats qui, de part et d’autre, mouraient d’envie d’en découdre.
    Au début de l’après-midi, en dépit de la consigne donnée aux deux armées, des compagnies vinrent faire la bravade de part et d’autre de la Nonette sous l’oeil de quelques pêcheurs qui se tenaient prudemment à distance et s’amusaient des injures et des défis qui s’échangeaient d’une rive à l’autre.
    Alors que l’escadron de Jeanne faisait mouvement en direction de l’abbaye pour rompre l’immobilité que les chevaux supportaient mal, harcelés qu’ils étaient par les mouches et les taons, il fut assailli par un groupe de Picards avinés aboyant des injures à l’adresse de la sorcière , de la ribaude , de la putain des Armagnacs : une chanson à laquelle Jeanne était accoutumée et qui ne la blessait plus.
    – Qu’allons-nous faire ? s’écria La Hire. Nous laisser provoquer par ces ivrognes sans riposter ?
    – Nous ferons ce que Dieu décidera, dit-elle.
    – Alors demande-lui de se décider rapidement, sinon je le ferai à sa place !
    – En nom Dieu, s’écria-t-elle, je te l’interdis, mécréant !
    Ils s’apprêtaient à s’en retourner quand des fusées de cris attirèrent leur attention. Derrière un boqueteau de chênes, à une portée de flèche du coeur de l’armée, du côté des Français, deux compagnies de gens de pied étaient aux prises sans éveiller la moindre réaction du gros des corps de bataille immobiles dans la chaleur lourde qui pesait sur la prairie. Ils s’en donnaient à coeur joie sur un espace de guéret large comme une cour de ferme. Un blessé de la compagnie de René d’Anjou s’avançait vers eux en titubant, la main à son ventre qui pissait du sang.
    – La Hire, tu veux te battre, lança Jeanne, eh bien, que Dieu me pardonne, je t’y autorise. Sus à ces brigands ! Ramène-les dans leurs lignes !
    La Hire prit la tête de l’escadron et fonça sur la mêlée, dispersa les assaillants, ne laissant sur le terrain qu’une poignée de cadavres et de

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