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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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coup sa mine sombre mais encore qu'il souriait, tout détendu, en épluchant ses fruits brûlants dont l'arôme emplissait la pièce.
    — Simplement le fait que, parfois, le Ciel fait bien les choses tandis qu'il arrive au Diable de bâcler son travail. Comment est-il votre bonhomme ?
    — Un visage blanc, plat... sans rien de bien remarquable ; des cheveux un peu roussâtres. La première fois que nous l'avons vu c'était dans l'église de Montribourg, ce village ravagé par les Écorcheurs. Il tenait le compte des fruits du pillage et je crois qu'on l'appelait le Recteur. Vous vous en souvenez peut-être...
    — Je m'en souviens si bien que je l'ai suivi toute la journée, attendu toute la soirée devant la basse porte du palais et que...
    — Vous savez où il est allé ? s'écria Catherine. Ce n'est pas possible ! Ce serait trop beau ?
    — Pourquoi donc ? Je vous ai dit qu'il arrivait au Ciel de bien faire les choses. Tenez, dame Catherine, asseyez-vous sur cet escabeau, prenez quelques châtaignes et un gobelet de vin car vous me semblez bien lasse, et écoutez-moi.
    — Lasse ou pas, il n'est pas question que je m'asseye, fit-elle avec un geste d'impatience. Vous allez venir avec moi au palais et vous indiquerez au capitaine de Roussay l'endroit où l'homme se cache afin que nous nous emparions de lui avant le jour. Allons, venez !
    Mais Gauthier se cala plus commodément sur son banc et mit une poignée de châtaignes fraîches dans son poêlon.
    — Il vaut mieux attendre le lever du jour et l'ouverture des portes de la ville, dame Catherine.
    — L'ouverture des portes ?
    — Oui. Le Recteur s'est réfugié hors des murs, au bout d'un faubourg, dans un enclos à l'écart...
    — Hors des murs ? En pleine nuit ? Allons donc ! C'est impossible...

    — C'est possible et je vous dirai comment si vous voulez bien m'écouter un instant.

Gauthier raconta alors comment, après une longue attente, il avait vu son homme quitter très rapidement le palais et se mettre à courir à travers les rues dans une direction qu'il semblait connaître parfaitement, et qui était celle du nord. En voyant se profiler les murailles, le poursuivant avait bien cru que sa poursuite s'arrêtait là mais le fuyard s'était approché d'une poterne dont le garde devait dormir profondément car il lui avait fallu crier le mot de passe pour l'éveiller, circonstance qui avait permis à Gauthier de l'entendre parfaitement.
    Celui-ci avait donc laissé le Recteur sortir de l'enceinte puis, sans laisser au garde le temps de se rendormir, il était arrivé en courant comme s'il cherchait à rejoindre l'homme qui venait de passer. « Ça fait dix minutes que je cours après lui, confia-t-il au factionnaire, si je ne le rattrape pas, il fera demain la plus grande bêtise de sa vie... »
    Puis, comme si la chose lui revenait brusquement il avait lancé le mot de passe qui était « Vergy » en ajoutant qu'il valait mieux que le garde l'attende car, sa commission faite, il entendait bien finir la nuit dans son lit à l'abri des bonnes murailles de la ville.
    Tout s'était passé comme il l'imaginait. Le garde l'avait laissé passer.
    Heureusement la nuit était assez claire et il avait pu apercevoir le Recteur qui était presque au bout d'un faubourg et s'enfonçait dans la campagne, se dirigeant vers un groupe de bâtiments, dominés par la flèche d'une chapelle, qui se trouvaient très à l'écart près d'un boqueteau.
    — J'ai vu l'homme y entrer, conclut Gauthier et je suis revenu sans aller jusque-là. Je saurai y retourner bien sûr ; malheureusement j'ignore comment s'appelle ce faubourg et, pour la vérité de mon personnage, je n'ai pas osé le demander au garde de la porte. Quant aux bâtiments, je pense qu'il s'agit d'un couvent. Il y a un vaste enclos ceinturé de hauts murs et, en face du portail sur le bord du chemin, il y a une grande croix de pierre. J'ajoute que l'endroit m'est apparu désolé et assez sinistre.
    — Faut-il franchir un ruisseau pour y aller ? demanda Catherine d'une voix si sombre que les deux garçons.la regardèrent avec surprise.

    — En effet. L'homme a franchi un petit pont en quittant le faubourg. Il y a un ruisseau qui paraît le ceinturer. Mais vous êtes bien pâle tout à coup ? C'est ce couvent qui...
    — Ce n'est pas un couvent. C'est la Maladière... la léproserie si vous préférez. Si c'est là que Jacquot de la Mer cache ses voyageurs compromettants, la cachette est bonne car nous aurons

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