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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tendresse, votre sœur, la reine de France qui vous est si fort attachée et puis toutes celles dont vous ne connaissez même pas le visage, filles ou femmes de vos États qui filent votre rançon et prient Dieu chaque jour afin qu'il vous rende à leur affection. On vous sait bon, pitoyable, chevaleresque et généreux et il existe bien peu d'hommes au monde qui soient aimés autant que vous. Que venez-vous alors me parler de cœur délaissé ? ...
    — Disons plutôt qu'il est vide et qu'il aimerait s'emplir de vous !
    Quant à mon pauvre corps, la faim le dévore. Ne me ferez-vous pas l'aumône d'un peu d'amour ? Quand on est si belle, on doit être généreuse.
    Il se rapprochait, l'obligeant à reculer vers le mur où elle dut s'adosser sans plus de possibilité d'échapper aux mains avides qui se tendaient.
    — Si je n'étais en puissance d'époux, monseigneur, balbutia-t-elle, je crois... que je serais généreuse mais je suis mariée... mère de famille et... et j'aime mon époux !
    — Et vous ne l'avez jamais trompé ? Votre beauté cependant a dû mettre la folie dans le sang de bien des hommes. N'en avez-vous écouté aucun ?...
    Il était contre elle à présent, la cernant entre son corps appuyé contre le sien et ses deux mains qu'il appuyait au mur. Elle sentait contre elle des muscles durs, singulièrement vigoureux pour un reclus et sur son visage détourné pour éviter le baiser, la brûlure d'une haleine, puis deux lèvres sur sa joue qui erraient déjà à la recherche de sa bouche...
    — Sire ! balbutia-t-elle affolée, je vous en prie !... Le capitaine va revenir... dans un instant il sera là...

    — Tant pis !... Je vous désire trop ! Il faudra que l'un de nous meure s'il veut m'arracher à vous !
    Elle ne pouvait pas lui échapper à moins de hurler et d'ameuter la garde. Avec une force insoupçonnable chez cet homme de taille moyenne, il avait passé un bras autour d'elle pour la river à lui et de son autre main, il lui avait immobilisé le visage. Il l'embrassa longuement, goulûment comme s'il arrivait des profondeurs du désert et qu'elle fût une jarre d'eau fraîche. Et tout à coup, au contact de cette bouche d'homme, Catherine sentit faiblir sa résistance. Son corps, privé d'amour depuis trop longtemps, lui jouait le tour qu'il lui avait déjà joué plus d'une fois, dans les bras de Pierre de Brézé, au jardin de Grenade et dans la maison de Jacques Cœur. Elle avait oublié quelle étrange alchimie un baiser ardent pouvait opérer dans son corps et lorsque la main du Roi emprisonna l'un de ses seins elle se sentit frémir de la tête aux talons. René était jeune, sain, vigoureux et passionné. À présent, non seulement elle n'avait plus envie de le repousser mais elle appelait de toute sa jeunesse la joie d'amour qui faisait exploser dans son corps de si brûlants soleils.
    Mais, lorsque la main de René atteignit son ventre, il poussa une exclamation de colère.
    — Au diable ce déguisement stupide ! gronda- t-il... Déshabille-toi
    !...
    L'ordre brutal brisa l'enchantement et la dégrisa. Il avait desserré son étreinte : elle en profita, glissa de ses bras, revint vers la cheminée, respirant lourdement pour calmer les battements désordonnés de son cœur.
    — C'est impossible, Sire ! Je vous l'ai dit, M. de Roussay va revenir. Que dirait-il s'il me trouvait nue ?...
    Comme pour lui donner raison, la porte s'ouvrit avec son habituel vacarme de verrous et Jacques reparut. D'un même coup d'œil, il embrassa Catherine dont le désordre et l'émotion ne lui échappèrent pas puis René rouge et les yeux flambants.
    — Ah ! fit-il seulement.
    Cette simple syllabe stigmatisant son désir frustré déchaîna la colère du Roi.
    — Sortez ! cria-t-il... Allez-vous-en ! Je veux rester seul avec cette femme.
    — Votre Majesté s'égare ! Je ne vois ici aucune femme, mais seulement mon jeune cousin Alain de Maillet ! riposta Roussay froidement. Recoiffez-vous, Catherine, et venez avec moi : il est temps de laisser le Roi se reposer...
    Il s'interrompit. D'un bond de chat, René avait bondi jusqu'à lui, lui arrachait la dague pendue à sa ceinture et reculait vers la fenêtre.
    — J'ai dit : sortez !...
    — Que voulez-vous faire ? cria Roussay furieux.
    Ne pouvez-vous être raisonnable ? Rendez-moi cette arme !...
    — Je vous ai déjà ordonné de sortir !... Seul ! Si vous ne le faites dans l'instant, je me tue !
    Et, joignant le geste à la parole, René appuya la

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