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La Dernière Année De Marie Dorval

La Dernière Année De Marie Dorval

Titel: La Dernière Année De Marie Dorval Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexandre Dumas
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que
nées,
    Alcyons engloutis avec leurs nids
flottants ;
    Colombes que le ciel au monde avait
données,
    Qui, de grâces, d’enfance et d’amour
couronnées,
    Comptaient leurs ans par les printemps.
    Quoi ! mortes ! Quoi ! déjà
sous la pierre couchées !
    Quoi ! tant d’êtres charmants sans
regards et sans voix !
    Tant de flambeaux éteints, tant de fleurs
arrachées !
    Ah laissez-moi fouler les feuilles
desséchées,
    Et m’égarer au fond des bois !…
    Doux fantômes ! c’est là, quand je rêve
dans l’ombre,
    Qu’ils viennent tour à tour m’entendre et me
parler ;
    Un jour douteux me montre et me cache leur
nombre.
    À travers les rameaux et le feuillage
sombre,
    Je vois leurs yeux étinceler.
    Sa pauvre mère, hélas ! de son sort
ignorante,
    Avait mis tant d’amour sur ce frêle
roseau,
    Et si longtemps veillé son enfance
souffrante,
    Et passé tant de nuits à l’endormir
pleurante,
    Toute petite en son berceau !
    VICTOR HUGO.
    DERNIÈRE PAGE, RECTO :
    Cher ange, prie Dieu pour moi, afin que j’aie
le courage de supporter ta perte jusqu’au moment où il lui plaira
de me réunir à toi.
    MARIE DORVAL.
    Puis venaient les légendes écrites derrière
ces images que regardait le petit Georges et qui servaient de sinet
au livre.
    Derrière un Christ
flagellé :
    Jésus, dans le jardin des Oliviers, fut saisi
de tristesse et ayant le cœur pressé d’une extrême affliction
dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort.
    SAINT MATTHIEU.
    Mon père, tout vous est possible, transportez
ce calice loin de moi, mais néanmoins que votre volonté soit faite
et non pas la mienne.
    SAINT MARC.
    Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu,
afin qu’il vous élève au temps de sa visite.
    Ne cherchez point à pénétrer ce qui surpasse
vos forces, mais pensez toujours à ce que Dieu vous a commandé, et
n’ayez pas la curiosité d’examiner la plupart de ses ouvrages.
    Et vous, Seigneur, ayez pitié de nous.
    Derrière une
Mater Dei :
    Mon pauvre enfant, prie Dieu d’envoyer à ta
grand’mère un peu de ce calme dont tu jouis auprès de lui.
    Derrière une petite image représentant un
chien et une colombe au pied de la croix :
    Si je viens à t’oublier, ô mon fils, que ma
main droite devienne sans mouvement.
    Que ma langue demeure toujours attachée à mon
palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne mets pas ma
plus grande joie à m’entretenir de toi.
    (Psaume.)
    Puis enfin, à une gravure représentant la
mort, elle avait mis sur le crâne chauve et nu de l’implacable
déesse une couronne de roses et une auréole d’or qui transformait
en un ange sauveur le sombre recruteur des tombeaux.

Chapitre 12
     
    Voici quelle était cette bible, précieuse
relique de famille, dont la famille se décidait à se dessaisir pour
remercier la grande artiste du service qu’elle venait de lui
rendre.
    On fit imprimer en lettres d’or sur la
couverture :
    À
RACHEL
    SOUVENIR
    DE
    RECONNAISSANCE
    des petits-enfants
    DE MARIE DORVAL
    13 octobre 1849.
    Puis, après avoir donné un dernier baiser à
cette bible, on l’envoya à mademoiselle Rachel.
    Le lendemain on annonça chez Luguet :
Madame Senneville.
    Madame Senneville est à notre grande
tragédienne ce qu’Œnone est à Phèdre :
    La confidente.
    Madame Senneville tenait la bible et la
faisait sauter dans sa main.
    Bonjour, Luguet, bonjour, mes petits enfants,
dit-elle. Je viens de la part de Rachel pour vous dive qu’elle est
bien sensible à votre attention, chers enfants ; mais vous
comprenez, une bible à une comédienne ! eh bien, elle aimerait
mieux un autre souvenir, la moindre chose, un bijou que Dorval
aurait porté.
    – Madame, répondit Luguet avec un triste
sourire, il n’y a plus de bijoux dans la maison, tous sont vendus
ou au mont-de-piété.
    – Comment, comment, il ne vous reste pas
même cette paire de bracelets que Bénazet avait donnée dans le
temps ?
    – Rien ne reste, excepté une couronne
d’or, qui a été offerte à Marie par le public de Toulouse, et…
    Madame Senneville ne laissa point Luguet
achever sa phrase.
    – Eh bien, c’est cela, c’est cela,
dit-elle, envoyez-la-lui, elle aimera mieux cela que le livre.
    – Demain, mademoiselle Rachel aura la
couronne.
    – Merci pour elle ; tenez, voilà
votre bible.
    Et madame Senneville posa la bible sur une
table et sortit.
    Les pauvres affligés se regardèrent.
    Il était impossible que cette femme vînt de la
part de la

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