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La Fille de l’Archer

La Fille de l’Archer

Titel: La Fille de l’Archer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Serge Brussolo
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Dieu Tout-Puissant. Une ignominie qui fait commerce de magie et ose prédire l’avenir. Si tu refuses de nous livrer cette bête infâme, tu seras déclaré complice de ses manigances diaboliques et soumis à la question ordinaire et extraordinaire.
    Déjà, les soldats ont tiré l’épée du fourreau. La mère Javotte laisse échapper un râle de terreur, ses filles se pressent dans ses jupes. L’affaire prend mauvaise tournure.
    — T’opposes-tu à notre démarche ? lance l’homme d’Église avec insolence.
    Il exulte d’être en mesure de déchaîner la foudre sur un claquement de doigts. C’est sa minute de gloire, celle qu’il revivra mille fois en secret, la nuit, lorsqu’en proie à l’insomnie il reposera sur sa triste paillasse, fixant la voûte de sa cellule.
    Bézélios bat en retraite, toute jactance envolée. Il sait les ratichons maîtres en dialectique, il est hors de question de chercher à les embrouiller en évoquant voyages exploratoires et contrées lointaines. Quoi qu’il avance, ils trouveront la parade, la réplique adéquate. Mieux vaut céder et s’en tirer sans y laisser trop de plumes. Il se contente de rappeler qu’il a acheté ladite créature à un marin génois en même temps qu’un lot de morfil 1 destiné à sculpter des olifants. Il peut, si on le souhaite, exhiber le traité rédigé à l’occasion de cette transaction par un écrivain public.
    Wallah, d’abord pétrifiée, comprend enfin ce qui se passe. Elle se hérisse. Il n’est pas question qu’on fasse du mal au vieil orang-outan ! Elle se prépare déjà à bondir quand les griffes de la mère Javotte et de ses filles s’abattent sur elle, la garrottant, l’entraînant à l’intérieur de la tente.
    — Tais-toi, malheureuse ! gronde la grosse femme. Tu veux nous expédier au bûcher ? Qu’ils emportent ce singe puant si cela peut nous sauver !
    Wallah se débat, mais les garces tiennent bon, en profitant pour la griffer.
    — Idiote ! renchérit Javotte. Tu sais bien que ça devait arriver ! C’est la faute de Bézélios, je lui ai cent fois répété qu’il fallait se contenter des villages et éviter la proximité des abbayes ! Dès qu’un clerc montre le bout de son nez, il y a chicane dans l’air.
    La mère et ses filles renversent Wallah dans la paille, se couchent sur elle pour l’empêcher de se débattre. Le nez dans leurs fanfreluches, Wallah est submergée par des relents de crasse, de parfums et de poudre.
    Pendant ce temps, les prêtres se sont fait conduire au pied de la cage où le singe somnole. Croyant qu’on lui amène des spectateurs, celui-ci se redresse sur ses jambes torses et se dandine.
    Le plus vieux des moines se signe avec véhémence.
    — Façonné à l’image de Satan ! balbutie-t-il. Contrefait, bossu, modelé par le Malin pour moquer la Création divine !
    Bézélios, livide, se tord les mains. Il maudit in petto l’orang-outan dont les trémoussements pourraient être jugés licencieux par un esprit mal tourné. Quand le singe passe la main entre les barreaux pour saluer les religieux, ceux-ci font un bond en arrière.
    —  Vade retro ! bégaye le prêtre, monstre priapique ! Ipse venena bibas !
    Il semble près de défaillir. L’homme tombé de la lune hésite, cherche du secours du côté de Bézélios qui détourne la tête. Le singe s’embrouille. Que doit-il faire ? Où est la boîte à prédictions, cette urne remplie d’horoscopes qu’on l’a dressé à distribuer ? Il s’énerve, empoigne les barreaux de la cage et les secoue en grognant, ce qui achève de lui donner un aspect menaçant.
    — Il va s’échapper ! hurle le moine. Saisissez-vous de la geôle et boutez-la hors d’ici sans attendre.
    Les soldats, après un instant d’hésitation, se décident à obéir. Le Sélénite prend peur. Il n’aime pas être manipulé par des étrangers, sa gesticulation frénétique prend une ampleur inquiétante. Wallah espère qu’il réussira à tirer le loquet qui maintient la porte fermée et à s’enfuir en direction des bois. Mais non, c’est idiot ! Ce serait l’occasion pour le baron de Ponsarrat d’organiser une battue et de le tuer à coups d’épieu, comme un vulgaire sanglier.
    — Abattez-le s’il s’enfuit ! ordonne le plus maigre des prêtres.
    Puis, se tournant vers Bézélios, il lance :
    — Quant à toi, saltimbanque, tu es consigné ici avec tes gens tant que le tribunal n’aura pas statué sur ton

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