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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Coquenard fermait la marche. Ils arrivèrent à la porte Buci, sans qu’une parole eût été échangée. Là, Concini demanda :
    – Suis-je libre ?
    – Plus loin, répondit laconiquement Pardaillan en se retournant. Et il ajouta, en insistant sur ces mots d’une manière significative, sans qu’on pût savoir au juste si l’avertissement s’adressait à Concini ou à ses gardes du corps :
    – Attention en passant sous la porte !
    Le nez enfoui dans les plis du manteau, ils passèrent au milieu des gardes qui riaient et plaisantaient entre eux. Et, pas un d’eux, ne soupçonna que parmi ces six hommes qui passaient si tranquillement au milieu d’eux, il s’en trouvait un qui était le prisonnier des autres, et que celui-là c’était le tout-puissant favori de la reine, celui qui commandait en maître par tout le royaume et devant qui chacun se courbait.
    Ils passèrent et, toujours en silence, ils traversèrent toute l’Université. Ils arrivèrent au Petit-Pont. Là, devant la sinistre geôle qu’était le Petit-Châtelet, Pardaillan s’arrêta. Ce qui fait qu’ils s’arrêtèrent tous. Et, avec un air de souveraine hauteur, avec un accent d’indicible autorité, il congédia :
    – Allez, Concini, vous êtes libre.
    Escargasse et Gringaille lâchèrent aussitôt Concini. Non sans manifester librement leur cruelle déception, par de sourds grognements qui, d’ailleurs, s’arrêtèrent comme par enchantement, dès qu’ils sentirent peser sur eux le regard sévère du chevalier.
    Libre, Concini respira fortement. Et, s’approchant de Pardaillan, d’une voix où grondaient de sourdes menaces, il grinça :
    – Vous triomphez pour l’instant. Mais j’aurai mon tour. Vous pensez bien, monsieur, que les choses ne sauraient en demeurer là. C’est désormais, entre nous, une lutte sans merci.
    – Je l’espère bien, fit Pardaillan de son air glacial.
    – Gardez-vous, reprit Concini de sa voix grondante, gardez-vous de tomber entre mes mains. Je prie Dieu que je ne vous ferai pas grâce, moi !
    A son tour, Pardaillan s’approcha de lui jusqu’à le toucher. Et du bout des lèvres suprêmement dédaigneuses, il laissa tomber :
    – Dans ma longue existence d’aventurier, je me suis trouvé, plus d’une fois, aux prises avec des adversaires autrement redoutables que vous, Concini. Ils sont morts… Je ne dis pas que c’est moi qui les ai tués tous… mais ils sont morts, c’est un fait… Et moi, je suis encore vivant, encore solide, grâce à Dieu. L’âge est venu, il est vrai. Le temps a blanchi mes tempes, courbé ma taille, engourdi mes membres, diminué mes forces… Pourtant, sans me vanter, il m’en reste encore suffisamment pour venir à bout de vous… Vous dites, Concini, que si je tombe entre vos mains, vous ne me ferez pas grâce. Je le crois, Concini, et je ne vous eusse pas cru si vous aviez dit le contraire. Eh bien, moi, Concini, je vous tiens. Il me suffirait de laisser tomber cette main que voici sur vous, pour vous briser comme un fétu… Peut-être devais-je le faire… car vous êtes un être malfaisant, Concini… Je ne le veux pas. Moi, Concini, je vous fais grâce.
    Et, redressant sa haute taille que, quoi qu’il en eût dit, l’âge n’avait nullement courbée, la main tendue dans un geste qui chasse honteusement, le regard flamboyant, la voix mordante, il cingla :
    – Allez, Concini, allez… Pouvant vous écraser comme un ver de terre, le chevalier de Pardaillan, pauvre hère, sans feu ni lieu, vous méprise tant qu’il ne daigne même pas vous frapper et qu’il vous fait grâce, à vous, favori tout-puissant, maréchal, marquis… roi peut-être demain. Allez donc, puisque je vous fais grâce… Grâce, entendez-vous, je vous fais grâce.
    Et Concini, affolé, écrasé par ce mot de grâce qui tombait sur lui à toute volée, comme un soufflet ignominieux, Concini s’enfuit comme un voleur, en hurlant, poursuivi par la voix implacable de Pardaillan qui lançait encore sur un ton d’indicible mépris :
    – Grâce ! Je vous fais grâce !…
    Lorsque Concini eut disparu dans la nuit, Pardaillan reprit le bras de Valvert, et, le plus tranquillement du monde :
    – Allons-nous-en souper chez moi, au
Grand Passe-Partout,
où nous pourrons nous entretenir à notre aise, sans craindre les oreilles indiscrètes, dit-il.
    – Ce n’est pas de refus, monsieur, accepta Valvert sans se faire prier. D’autant qu’avec cette algarade je

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