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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Pardaillan, vous m’aviez engagé votre parole de ne jamais rien entreprendre contre moi. Vous manquez à cette parole, vous dont on vantait la loyauté. Et de quelle façon ! Vous vous mettez à trois contre un homme seul !… Fameux exploit, en vérité, et qui montre combien était surfaite cette réputation de folle bravoure qui était la vôtre.
    Pardaillan l’avait laissé dire sans chercher à l’interrompre. Quand il eut fini, de sa voix glaciale, il remit les choses au point.
    – Celui – c’est vous qui l’avez dit – dont on vantait la loyauté, ne vous avait engagé sa parole qu’à cette condition expresse que vous-même n’entreprendriez jamais rien contre les siens.
    – N’ai-je pas tenu scrupuleusement ma parole ? protesta vivement Concini.
    – Non, fit catégoriquement Pardaillan. Aujourd’hui, vous avez délibérément manqué à votre parole et, de ce fait, vous m’avez dégagé de la mienne.
    – Moi ! se récria Concini qui ne pensait toujours pas à Valvert, que la foudre m’écrase si je comprends ce que vous voulez dire !
    – Vous allez comprendre, fit Pardaillan, de son air froidement paisible : aujourd’hui même, dans cette maison d’où vous sortez, vous avez violenté un des miens. Et de quelle façon ! Comme vous dites si bien : en lançant contre lui toute votre bande de braves… Combien sont-ils au fait ?… Une trentaine pour le moins… Vous vous êtes mis à trente pour saisir un homme. Encore, je jurerais que, ne vous estimant pas en force, vous avez dû recourir à quelque manœuvre bien déloyale. A la bonne heure, voilà un exploit qui laisse bien loin derrière lui nos exploits à nous, dont la réputation de bravoure a été bien surfaite, à nous qui, sans vergogne, nous mettons à trois pour enlever un homme à la tête d’une escorte aussi nombreuse que la vôtre ! Un de ces exploits enfin, tout à fait dignes de l’illustre guerrier qui a su bravement conquérir son bâton de maréchal dans les courtines d’un lit !…
    Il disait cela sans s’animer. Mais chacune de ses paroles qui tombaient du bout de ses lèvres que retroussait un sourire écrasant de dédain, chacune de ses paroles cinglait comme un coup de fouet.
    Concini se sentit fouaillé jusqu’au sang. Mais, en comédien de génie qu’il était, il sut commander à son visage de n’exprimer pas d’autre sentiment que la surprise, tandis qu’il s’écriait :
    – Comment, c’est de ce petit aventurier de Valvert que vous parlez !…
    – Dites : M. le comte de Valvert, redressa sèchement Pardaillan.
    – Oh ! si vous y tenez, consentit Concini qui, pareil en cela à la grande Catherine de Médicis, avait cette supériorité de savoir plier pour mieux se redresser. Et avec toute l’ironie qu’il put y mettre : M. le comte de Valvert est donc de vos parents ?
    – Il l’est. Et je l’affectionne autant que mon fils.
    – Je vous jure que je l’ignorais complètement ! Evidemment il était sincère. Au reste, Pardaillan ne doutait pas de sa sincérité. Et précisant :
    – Vous avez pris un des miens. Je vous tiens. Si vous voulez que je vous laisse aller, rendez-moi d’abord mon parent. Vous voyez que c’est très simple et que vous vous en tirez à bon compte.
    Concini n’était pas de cet avis. L’idée de rendre la liberté à Valvert lui paraissait insupportable. Il savait bien à quel adversaire redoutable et résolu il avait affaire, pourtant il essaya de se dérober. Et, sondant le terrain :
    – Et si je refuse ? dit-il.
    – Alors, je vous garde, fit froidement Pardaillan. Et notez bien, Concini, que je vous ferai subir exactement les mêmes traitements que vous ferez subir à Odet.
    – Pour me garder, il faudra m’emmener.
    – Je vous emmènerai.
    Pardaillan disait cela très simplement, avec une assurance déconcertante, comme s’il s’agissait de la chose la plus facile du monde. Concini, qui le connaissait bien, ne put réprimer un frisson. Malgré tout, il ne se rendit pas encore.
    – Et si je vous fais charger par mes gens ? fit-il.
    – C’est différent, dit Pardaillan avec la même simplicité. Alors, avant que vos gens soient arrivés jusqu’à nous, ces deux-ci qui vous tiennent, vous égorgent proprement.
    Et, avec un sourire railleur :
    – Regardez-les, Concini, et voyez s’ils paraissent disposés à vous manquer ou à vous faire grâce.
    Il disait vrai. Gringaille et Escargasse brandissaient leur

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