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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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courir. Matcham fut aussitôt sur pied et courut après lui.
    – Que voulez-vous   ? demanda Dick en s’arrêtant. Pourquoi me suivez-vous   ? Arrière   !
    – Je vous suivrai, si cela me plaît, dit Matcham. Ce bois est libre.
    – Restez en arrière, par Notre-Dame   ! répliqua Dick levant son arc.
    – Ah   ! vous êtes un brave garçon, dit Matcham. Tirez   !
    Dick baissa son arme, un peu confus.
    – Voyons, dit-il, vous m’avez fait assez de mal. Allez, allez votre chemin tranquillement   ; ou, que je le veuille ou non, il faudra bien que je vous y force.
    – Bien, dit avec entêtement Matcham, vous êtes le plus fort. Faites le pis. Rien ne m’empêchera de te suivre, Dick, à moins que…
    Dick était presque hors de lui. Il était contre sa nature de battre un être si faible, mais il ne voyait pas d’autre moyen de se débarrasser de ce compagnon malencontreux, et, il commençait àle croire peut-être déloyal.
    – Vous êtes fou, je pense, cria-t-il. Stupide garçon, je me hâte vers vos ennemis   ; aussi vite que mes jambes peuvent me porter, j’y vais.
    – Cela m’est égal, Dick, répliqua le garçon. Si vous êtes destiné à mourir, Dick, je mourrai aussi. J’aimerais mieux aller en prison avec vous que d’être libre sans vous.
    – Bien, répliqua l’autre. Je ne bavarderai pas plus longtemps. Suivez-moi si cela vous convient   ; mais, si vous me trahissez, cela ne vous servira guère, je vous assure. Vous aurez une flèche à travers le corps, mon garçon.
    Disant cela, Dick se remit à courir en suivant la lisière du fourré. Il s’avançait en fouillant du regard autour de lui. D’un bon pas il sortit du vallon et arriva de nouveau dans les parties plus découvertes du bois. À gauche, se trouvait une petite éminence mouchetée de genêts dorés et couronnée d’un bouquet de sapins noirs.
    – Je verrai de là, pensa-t-il, et il se dirigea dessus à travers une clairière de bruyère.
    Il n’avait avancé que de quelques mètres, lorsque Matcham lui toucha le bras et montra du doigt. Vers l’est du sommet, il y avait un creux, comme si une vallée eût passé de l’autre côté   ; la bruyère s’y continuait   ; tout le terrain était rougeâtre comme un bouclier mal nettoyé, et pointillé d’ifs de place en place   ; et là, l’une suivant l’autre, Dick vit une dizaine de jaques vertes montant le sentier, et,marchant à leur tête. Ellis Duckworth en personne, que son épieu signalait. L’un après l’autre ils gagnèrent le sommet, se montrant un instant contre le ciel, et disparurent de l’autre côté jusqu’au dernier. Dick regarda Matcham d’un meilleur œil.
    – Ainsi, vous m’êtes fidèle, Jack   ? demanda-t-il, je pensais que vous étiez de l’autre parti.
    Matcham se mit à sangloter.
    – Qu’est-ce que cela signifie   ? dit Dick. Que les saints nous pardonnent   ! Allez-vous pleurnicher pour un mot   ?
    – Vous m’avez fait mal, sanglota Matcham. Vous m’avez fait mal, quand vous m’avez jeté par terre. Vous êtes un lâche d’abuser ainsi de votre force.
    – Peuh   ! c’est un propos de sot, dit rudement Dick. Vous n’aviez aucun droit sur mon grappin   ; maître John. J’aurais bien fait de vous donner une raclée. Si vous venez avec moi, il faut m’obéir   ; sur ce, marchons.
    Matcham pensa vaguement à rester en arrière   ; mais voyant que Dick continuait à courir à toute vitesse vers l’éminence et ne regardait même pas derrière lui, il eut une meilleure inspiration et se mit à courir à son tour. Mais le terrain était difficile et escarpé, Dick avait déjà une bonne avance, et avait, sans aucun doute, les meilleures jambes, et il était depuis longtemps arrivé au sommet, et avait rampé à travers les sapins et s’était blotti dans une touffe de genêts, lorsque Matcham, haletant comme un daim, le rejoignit et se tint silencieusement à côté de lui.
    En bas, au fond d’une large vallée, le raccourci venant du hameau de Tunstall serpentait, descendant vers le gué. Il était bien marqué et l’œil le suivait aisément de place en place. Tantôt il était bordé de clairières ouvertes, tantôt la forêt le recouvrait   ; chaque cent mètres, il côtoyait un piège. Au loin, sur le sentier, le soleil faisait briller sept salades d’acier, et, de temps en temps, dans l’intervalle des arbres, on pouvait apercevoir Selden et ses hommes chevauchant d’une vive allure

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