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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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et un dîner sec par-dessus le marché, sans bière ni pain. À présent on n’a plus d’agrément dans les bois, il fut un temps où un brave garçon pouvait y vivre aussi bien qu’un abbé mitré, à part la pluie et les gelées   ; il avait tout son soûl de vin etd’ale. Mais, à présent, on a gâché, le métier   ; et ce Jean Répare-tout n’est qu’un nigaud empaillé, bon tout au plus à effaroucher les corbeaux.
    – Bah   ! répondit l’autre, vous êtes trop porté à boire et à manger, Lawless. Attendez un peu, le bon temps reviendra.
    – Voyez-vous, répliqua le cuisinier, j’ai attendu ce bon temps depuis que j’étais grand comme ça. J’ai été frère gris   ; j’ai été archer du roi   ; j’ai été matelot, et j’ai navigué sur les mers salées   ; et j’ai été dans les bois avant cette fois-ci, vraiment, et tué le gibier du roi. Qu’en résulte-t-il   ? Rien. J’aurais mieux fait de rester au couvent. Jean l’Abbé était plus utile que Jean Répare-tout. Par Notre-Dame, les voilà.
    L’un après l’autre, de grands individus bien tournés arrivèrent sur la prairie. Chacun en arrivant produisait un couteau et une écuelle de corne, se servait dans le chaudron et s’asseyait sur l’herbe pour manger. Ils étaient diversement équipés et armés   ; quelques-uns en blouses rougeâtres avec un couteau et un vieil arc   ; d’autres avec toute l’élégance de la forêt   : chapeau et justaucorps en drap vert de Lincoln, avec des flèches armées de plumes de paons dans la ceinture, une corne sur un baudrier, et au côté un glaive et une dague. Ils arrivaient avec le silence de la faim, murmuraient à peine un salut, et se mettaient de suite à manger.
    Il y en avait environ une vingtaine de réunis, lorsqu’un bruit de satisfaction étouffée s’éleva tout près dans l’aubépine, et aussitôt après un groupe de cinq ou six hommes des bois déboucha sur la prairie, portant un brancard. Un individu, grand et vigoureux, quelque peu grisonnant et aussi brun qu’un jambon fumé, marchait devant eux avec un certain air d’autorité, et un brillant épieu à la main.
    – Garçons, cria-t-il, braves garçons et mes véritables et joyeux camarades, vous avez chanté ces temps-ci sur un sifflet sec et vécu médiocrement. Mais que vous ai-je dit, toujours   ! Attendez vaillamment la fortune   ; elle tourne, elle tourne vite. Et tenez, voici son premier bon mouvement   : cette excellente chose, de l’ale.
    Il y eut un murmure de satisfaction lorsque les porteurs déposèrent la civière et découvrirent une bonne barrique.
    – Et à présent dépêchez-vous, garçons, il y a de l’ouvrage. Une poignée d’archers viennent d’arriver au gué. Leurs couleurs sont rouge sombre et bleu, ils sont votre but – ils goûteront tous aux flèches – pas un d’entre eux ne doit sortir du bois. Car, mes braves, nous sommes ici une cinquantaine, chacun de nous odieusement spolié   ; quelques-uns ont perdu des terres, d’autres des amis   ; et quelques-uns ont été mis hors la loi – tous opprimés   ! Qui a fait cela   ? Sir Daniel, par la croix   ! Doit-il ainsi prospérer   ? doit-il rester tranquillement dans nos maisons   ? doit-il labourer nos champs   ? doit-il sucer l’os qu’il nous a volé   ? Je jure que non. Il s’est arrogé force de loi   ; il a gagné des causes   ; mais il y en a une qu’il ne gagnera pas. J’ai ici, à la ceinture, une sommation qui, plaise à Dieu, le vaincra.
    Lawless, le cuisinier, en était à sa seconde coupe de bière. Il la leva comme pour un toast à l’orateur.
    – Maître Ellis, dit-il, vous voulez la vengeance – cela vous convient ainsi   ! – mais votre pauvre frère qui n’eut jamais rien à perdre, ni terre ni amis, pense plutôt, pour sa part, au profit de la chose. Il aimerait tout autant un noble d’or et une cruche de vin de canarie que toutes les vengeances du purgatoire.
    – Lawless, répliqua l’autre, pour atteindre Moat-House, Sir Daniel doit passer par la forêt. Nous lui ferons le passage plus cher, parbleu, que n’importe quelle bataille. Alors, quand il sera à terre avec la poignée en haillons de ceux qui nous échapperont, tous ses grands amis tombés et en fuite et nul pour l’aider, nous assiégerons ce vieux renard et grande sera sa chute. C’est un gras chevreuil, nous en aurons chacun notre part.
    – Oui, répondit Lawless   ; j’en ai déjà mangé

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