La Flèche noire
toujours pour la mission de Sir Daniel.
Le vent était un peu tombé, mais il agitait joyeusement les arbres, et, peut-être, si Appleyard avait été là, il aurait tiré un avertissement de la conduite inquiète des oiseaux.
– Tenez, regardez, murmura Dick, les voilà déjà bien avancés dans le bois, leur salut serait plutôt d’avancer. Mais voyez-vous là, où cette large clairière se déroule devant nous, avec au milieu une quarantaine d’arbres, comme une île ? Là ils seraient en sûreté. S’ils arrivent jusque-là sans accident, je trouverai moyen de les prévenir. Mais je n’ai pas confiance ; ils ne sont que sept contre beaucoup, et ils n’ont que des arbalètes. L’arc aura toujours le dessus, Jack.
Pendant ce temps, Selden et ses hommes, ignorant leur danger, continuaient à monter le sentier et approchaient peu à peu. Une fois pourtant, ils s’arrêtèrent, se réunirent en groupe et parurent écouter et se montrer quelque chose. Mais c’était au loin vers la plaine que leur attention avait été attirée. Un grognement sourd du canon qui arrivait de temps en temps porté par le vent leur parlait de la grande bataille.
Cela valait la peine d’y penser, vraiment, car si la voix des grands canons était ainsi perceptible dans la forêt de Tunstall, le combat devait s’être rapproché toujours vers l’est et la journée, par conséquent, mauvaise pour Sir Daniel et les seigneurs de la rose rouge.
Mais bientôt la petite troupe se remit en marche et arriva à un endroit du chemin très ouvert et couvert de bruyères, où une langue de forêt seulement descendait rejoindre la route. Ils étaient juste en ligne parallèle à celle-ci lorsqu’une flèche brilla en volant. Un des hommes leva les bras, son cheval se cabra et tous deux tombèrent et se débattirent en une masse confuse. De l’endroit même où étaient les garçons, ils pouvaient entendre la rumeur des cris des hommes ; ils pouvaient voir les chevaux effrayés se cabrer et bientôt, lorsque la troupe commençait à se remettre de sa première surprise, un des hommes descendit de cheval. Une seconde flèche venant de plus loin décrivit un grand cercle ; un second cavalier mordit la poussière. L’homme qui était en train de descendre de cheval lâcha les rênes et son cheval prit la fuite au galop, le traînant par un pied sur la route, le cognant, de pierre en pierre etle brisant sous ses sabots. Les quatre qui étaient encore en selle aussitôt se dispersèrent, l’un se retourna et galopa en hurlant vers le gué ; les trois autres, les rênes lâches et le manteau flottant, montèrent au galop la route de Tunstall. De chaque bouquet d’arbres devant lequel ils passaient, sortait une flèche. Bientôt un cheval tomba, mais le cavalier fut vite sur pied et continua à courir après ses compagnons jusqu’à ce qu’une autre flèche l’étendit mort. Un autre homme tomba ; puis un autre cheval ; de toute la troupe un seul homme restait, et à pied ; mais dans différentes directions le bruit de trois chevaux sans cavaliers s’éteignait dans le lointain.
Pendant tout ce temps pas un des assaillants ne s’était montré. Ici ou là, le long de la route, cheval ou homme tombait blessé, agonisant, et nul ennemi compatissant ne sortit de son couvert pour mettre fin à leur souffrance.
Le survivant, solitaire, était debout éperdu sur la route à côté de son coursier mort. Il avait traversé cette large plaine avec l’îlot d’arbres signalé par Dick. Il n’était peut-être pas à cinq cents mètres de l’endroit où les deux garçons étaient cachés et ils pouvaient le voir distinctement, regardant autour de lui dans l’attente de la mort. Mais rien ne vint ; l’homme commença à reprendre courage et soudain détacha et banda son arc. En ce moment, à quelque chose dans sa manière, Dick reconnut Selden. À cet essai de résistance, de tous côtés autour de lui dans le couvert du bois, s’éleva un bruit de rire. Une vingtaine d’hommes au moins, car c’était le centre de l’embuscade, s’unirent dans cette gaieté cruelle. Puis une flèche passa par-dessus l’épaule de Selden ; il sauta et courut un peu en arrière ; une autre flèche, frémissante, le frappa au talon. Il marcha vers le couvert. Un troisième trait lui sauta à la face et tomba par terre devant lui. Et un rire reprit, bruyant et se faisant écho dans plusieurs fourrés.
Il était clair que
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