La Flèche noire
sans dommage sur les plaques, et une troisième renversa le page à ses pieds, mortellement blessé.
Pendant ce temps, le corps tout entier des ennemis s’était progressivement avancé à travers la place, et était maintenant si près que Dick donna l’ordre de répondre à leurs coups. Aussitôt, derrière la barricade et des fenêtres des maisons, une pluie de flèches vola en sens contraire, portant la mort. Mais ceux de Lancastre, comme s’ils avaient simplement attendu ce signal, répondirent par des cris, et coururent à la barricade, les cavaliers restant en arrière, visières baissées.
Il y eut alors une lutte obstinée et meurtrière, corps à corps. Les assaillants, tenant d’une main leurs épées, de l’autre s’efforçaient d’arracher les matériaux de la barricade. De l’autre côté, les rôles étaient renversés et les défenseurs s’exposaient comme des fous pour protéger leur rempart. Ainsi pendant quelques minutes la lutte fit rage presque en silence, amis et ennemis tombant l’un sur l’autre. Mais détruire est toujours plus facile ; et lorsqu’une seule note de trompette rappela la troupe d’attaque de cette terrible mission, une grande partie de la barricade avait été enlevée pièce à pièce, et l’œuvre entière s’était abaissée à la moitié de sa hauteur et était menacée d’une chute complète.
Et alors les piétons reculèrent sur la place en courant de chaque côté. Les cavaliers qui s’étaient tenus sur deux rangs, tournèrent tout à coup, mettant leur flanc en front ; et, rapide comme une vipère qui s’élance, la longue colonne vêtue d’acier s’élança sur la barricade ruinée.
Des deux premiers cavaliers l’un tomba, homme et bête, et fut piétiné par ses compagnons. Le second sauta droit au sommet du rempart, transperçant de sa lance un archer. Presque en même temps, il fut arraché de sa selle et son cheval tué.
Puis tout le poids et la violence de la charge déborda sur les défenseurs et les dispersa. Les hommes d’armes passant par-dessus leurs camarades tombés et portés en avant par la furie de leur attaque, se précipitèrent à travers la ligne brisée de Dick et se répandirent à grand bruit dans la ruelle au delà, comme une rivière déborde par une digue brisée.
Pourtant le combat n’était pas fini. Dans l’étroite ouverture de la ruelle, Dick et un petit nombre de survivants jouaient de la hache comme des bûcherons ; et déjà dans la largeur du passage s’était formé un second rempart, plus haut et plus effectif, d’hommes tombés et de chevaux aux entrailles pendantes qui se débattaient dans leur agonie.
Déconcerté par ce nouvel obstacle, le reste de la cavalerie recula ; et comme, à la vue de ce mouvement, la volée de flèches redoubla aux fenêtres des maisons, leur retraite, un moment, dégénéra presque en fuite.
Presque en même temps, ceux qui avaient traversé la barricade, et chargé plus loin dans la rue, rencontrant devant la porte des Échiquiers le formidable bossu, et toute la réserve d’York, revinrent en arrière, dispersés, au comble de l’effroi.
Dick et ses compagnons firent face, de nouveaux hommes sortirent des maisons ; une cruelle pluie de flèches accueillit les fuyards en pleine figure, tandis que Gloucester était déjà sur leurs talons ; au bout d’une minute et demie, il n’y avait pas un homme de Lancastre vivant dans la rue.
Alors et seulement alors, Dick leva son épée fumante et ordonna des acclamations.
Cependant Gloucester descendit de cheval et s’avança pour inspecter le poste. Son visage était pâle comme un linge, mais ses yeux brillaient comme quelque gemme étrange, et sa voix lorsqu’il parla était rauque et saccadée par l’exaltation de la bataille et du succès. Il examina le rempart, dont amis ou ennemis ne pouvaient s’approcher sans précaution, tant les chevaux s’agitaient dans les affres de la mort, et à la vue de ce grand carnage, la moitié de sa figure sourit.
– Achevez ces chevaux, dit-il, votre supériorité en est diminuée. Richard Shelton, ajouta-t-il, je suis content de vous. À genoux.
Les gens de Lancastre avaient déjà rassemblé leurs archers, et les traits tombaient dur à l’entrée de la rue ; mais le duc sans y faire la moindre attention, tira tranquillement son épée, et sur place arma Dick chevalier.
– Et, maintenant, Sir Richard, continua-t-il, si vous voyez Lord Risingham,
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