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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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envoyez-moi un express immédiatement. Quand vous n’auriez plus qu’un homme, faites-le-moi savoir de suite. J’aimerais mieux perdre cette position que de manquer mon coup avec lui. Car, veillez-y, vous tous, ajouta-t-il en élevant la voix, si le comte Risingham tombe sous une autre main que la mienne, je considérerai cette victoire comme une défaite.
    – Seigneur duc, dit quelqu’un de sa suite, votre grâce n’est-elle pas fatiguée d’exposer sa précieuse vie sans nécessité   ? Pourquoi vous attarder ici   ?
    – Catesby, répliqua le duc, c’est ici qu’est la bataille, non ailleurs. Le reste n’est que feintes. C’est ici qu’il faut vaincre. Et quant à être exposé… si vous étiez un vilain bossu et si les enfants vous montraient au doigt dans la rue, vous feriez meilleur marché de votre corps, et payeriez bien de la vie une heure de gloire. Pourtant, si vous voulez, montons à cheval et visitons les autres postes. Sir Richard que voici, mon homonyme, saura bien tenir encore cette entrée, où il marche dans le sang chaud jusqu’aux chevilles. Nous pouvons compter sur lui. Mais attention, Sir Richard, vous n’avez pas encore fini. Le pis est encore de veiller. Ne vous endormez pas.
    Il vint droit au jeune Shelton, en le fixant, et prenant sa main dans les deux siennes, il la serra si fort que le sang aurait presque jailli. Dick pâlit sous ses yeux. La folle excitation, le courage et la cruauté qu’il y lisait le remplissaient d’effroi pour l’avenir. Il fallait, certes, au jeune duc une belle vaillance pour se mettre ainsi au premier rang dans la bataille   ; mais après, dans les jours de paix et dans le cercle de ses amis éprouvés il était à craindre qu’il continuât à porter la mort.

CHAPITRE III

LA BATAILLE DE SHOREBY (fin)
    Dick, encore une fois laissé à lui-même, se mit à regarder autour de lui. La grêle de flèches s’était un peu ralentie. De tous côtés l’ennemi reculait   ; et la plus grande partie de la place était maintenant vide   ; la neige piétinée était devenue une boue orangée, éclaboussée de sang, toute parsemée d’hommes et de chevaux morts, et hérissée dru de flèches ennemies.
    De son côté, la perte avait été cruelle. Dans l’entrée de la petite rue et sur les ruines de la barricade s’amoncelaient morts et mourants   ; et, des cent hommes avec lesquels il avait commencé la bataille, il n’y en avait pas soixante-dix pouvant encore porter les armes.
    Le temps s’écoulait. On pouvait penser que les renforts arriveraient d’un moment à l’autre   ; et ceux de Lancastre, déjà ébranlés par le mauvais résultat de leur assaut désespéré, n’étaient pas, en état de supporter l’attaque de troupes fraîches.
    Il y avait un cadran sur le mur d’une des maisons de côté   ; le froid soleil d’hiver y marquait dix heures du matin.
    Dick se retourna vers l’homme qui était près de lui, un petit archer insignifiant qui liait une blessure à son bras.
    – Ç’a été un beau combat, dit-il, et, par ma foi, ils ne nous chargeront plus.
    – Sir, dit le petit archer, vous avez très bien combattu pour York, et encore mieux pour vous-même. Jamais, en si peu de temps, un homme n’a tant avancé en grâce auprès du duc. Qu’il ait confié un tel poste à quelqu’un qu’il ne connaissait pas est merveilleux. Mais, gare à votre tête, Sir Richard   ! Si vous vous laissez vaincre… Si vous reculez seulement d’une semelle… la hache ou la corde seront le châtiment   ; et je suis ici, si vous faisiez quelque chose de douteux, je vous le dis honnêtement, pour vous poignarder par derrière.
    Dick ébahi regardait le petit homme.
    – Vous   ! cria-t-il. Et par derrière   !
    – C’est ainsi, répliqua le petit homme. Et, parce que je n’aime pas la chose, je vous le dis. Il vous faut maintenir le poste, Sir Richard, à vos risques. Oh   ! notre bossu est une bonne lame et un brave guerrier   ; mais qu’il soit de sang-froid ou dans l’action, il veut toujours que tout se passe exactement selon ses ordres. Si quelqu’un y manque ou le gêne, il faut mourir.
    – Vraiment, s’écria Richard, est-ce ainsi   ? Et les hommes suivent un tel chef   ?
    – Oh, ils le suivent avec joie, répliqua l’autre, car s’il est exact à punir, sa main est très ouverte pour récompenser. Et s’il n’épargne pas le sang et la peine des autres, il ne se ménage pas non plus, toujours en tête

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