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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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minutieusement : il surprit les dessous de l’Armée Allemande ! En effet, les Souris Grises dont certaines étaient pourvues de longues jambes, rondes et tièdes à souhait, portaient des slips en forme de V (V for Victory transformé en V für Viktoria  !)Ces dessous de l’armée allemande étaient taillés sur un modèle réglementaire comparable à celui en usage dans l’armée féminine anglaise auxiliaire ! Il avait, par expérience, des points de comparaison, s’étant maintes fois entretenu de fort près avec les Wracs, les Wrafs et les Wrens.
    Dick eût vivement souhaité se consacrer à l’étude comparative de ces captivantes conceptions d’uniforme, jusqu’à la fin des hostilités. Mais quelque chose l’avertit qu’il en serait cruellement privé : à travers la toile du parachute où tout se bousculait, il perçut des grognements, des éructations, des jappements. Il reconnut la langue de Gœthe employée militairement. Il sut qu’il devrait bientôt quitter ces gracieux voisinages.
    En effet, une patrouille importante était arrivée à point nommé et se mettait en devoir de rétablir l’ordre perturbé par cet inextricable fouillis. Après un reclassement parfaitement organisé sous les ordres d’un sous-officier à qui manquait visiblement tout sens de l’humour, les touristes furent libérés de leur prison de fine popeline. Quant à Dick, il fut grossièrement entraîné loin des jolies walkyries, vers la prison militaire la plus proche.
    Tout en s’éloignant, très courtois, il saluait et s’excusait auprès des visiteurs encore tout chauds de l’aventure :
    — Pardon d’avoir ainsi involontairement troublé votre visite. Je ne le ferai plus ! Comptez sur moi.
    Passant près du guide polyglotte, il s’inclina avec une urbanité légèrement ironique :
    — Veuillez être mon interprète pour dire à ces ladies and gentlemen, combien je suis navré… Sorry ! Indeed, terribly sorry !…
    Comme il s’exprimait en anglais, nul ne put apprécier son exquise politesse. Pas même le guide polyglotte.

IV
    Alan Bailey tomba dans la Cour des Invalides au bon milieu d’une prise d’armes. Á cet instant, le général Von Stülpnagel remettait la Croix de Fer de première classe à des officiers, revenus éclopés du front russe, et que le III e Reich pensait ainsi dédommager.
    Les soldats effarés, au garde-à-vous, hésitaient à intervenir. Affreux dilemme que n’a pas prévu le manuel d’Infanterie. Fallait-il opter pour l’action spontanée, l’initiative personnelle ou bien se murer dans l’immobilité disciplinaire ?
    L’assistance restait pétrifiée de voir surgir cet Anglais.
    Alan, une fois relevé, crut pouvoir se permettre de s’enquérir d’une voix douce et affable :
    —  Tell me, où se trouve donc la sortie ?
    Le général Von Stülpnagel suffoqua de fureur, ayant cru entendre quelque injure intolérable pour l’honneur de l’Armée Allemande. Il émit une sorte d’aboiement que son État-Major, accoutumé à son langage, comprit. L’action suivit aussitôt.
    Et le pauvre Alan subit le choc d’un peloton de militaires ennemis, en uniforme de parade. Á trente-cinq, ils se précipitèrent courageusement sur cet infime et unique échantillon de la puissance britannique, désarmée et encore étourdie de son voyage météorique. Comme le dit l’hymne célèbre, « Britannia impose sa loi aux vagues déchaînées ». Mais elle se comporte plutôt mal sur les pavés de la Cour des Invalides.

V
    Reginald de son côté descendait mollement du ciel, en souhaitant sans trop y croire que ses hommes aient un peu de chance. Il espérait, pour lui aussi, un sort favorable. Tout en planant au-dessus de la capitale française, il pensait que c’était bien la première fois qu’il pénétrait ainsi dans Paris.
    Il regarda au-dessous de lui pour essayer de s’orienter. Il vit un bois, des lacs où le soleil jouait au projecteur et l’aveuglait.
    — Bois de Boulogne, pensa-t-il.
    Mais parvenu plus bas et découvrant que tout près de ce bois, se promenaient en liberté toutes sortes de bêtes fauves, il pensa horrifié :
    — Voilà ce que les Allemands ont fait des Parisiens !…
    Cette idée farfelue quitta aussitôt son esprit quand il vit qu’il se trouvait au-dessus du bois de Vincennes et du Zoo.
    Il y allait en droite ligne, et sur le rocher aux lions !
    Affamés par les restrictions imposées par Hitler, ils voyaient avec espoir

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