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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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où il avait fait précédemment passer son armée. Le système de construction était connu, on l'avait déjà pratiqué ; les soldats travaillent avec ardeur, et en peu de jours l'ouvrage est achevé. Laissant une forte garde au pont, chez les Trévires, pour éviter qu'une révolte n'éclate soudain de ce côté, il passe le fleuve avec le reste des légions et la cavalerie. Les Ubiens, qui avaient précédemment donné des otages et fait leur soumission, lui envoient des députés pour se justifier ils déclarent que les secours envoyés aux Trévires ne venaient pas de leur cité, que ce n'est point par eux que la foi jurée a été violée ; ils supplient César de les épargner, de ne pas confondre, dans son ressentiment contre les Germains en général, les innocents avec les coupables ; s'il veut plus d'otages, on lui en donnera. César fait une enquête et découvre que ce sont les Suèves qui ont envoyé les renforts ; il accepte les explications des Ubiens, et s'enquiert soigneusement des voies d'accès chez les Suèves.
    10. Sur ces entrefaites, peu de jours après, il apprend par les Ubiens que les Suèves concentrent toutes leurs forces et font tenir aux peuples qui sont sous leur dépendance l'ordre d'envoyer des renforts d'infanterie et de cavalerie. A cette nouvelle, il fait des provisions de blé, choisit une bonne position pour y établir son camp, ordonne aux Ubiens de quitter la campagne et de s'enfermer dans les villes avec le bétail et tout ce qu'ils possèdent, il espérait que ces hommes barbares et inexpérimentés, quand ils se verraient près de manquer de vivres, pourraient être amenés à livrer bataille dans des conditions désavantageuses ; il donne mission aux Ubiens d'envoyer de nombreux éclaireurs dans le pays des Suèves et de s'enquérir de ce qui s'y passe. L'ordre est exécuté, et au bout de peu de jours il reçoit le rapport suivant : « Quand les Suèves ont eu des informations sûres au sujet de l'armée romaine, tous, avec toutes leurs troupes et celles de leurs alliés, qu'ils avaient rassemblées, ils se sont retirés très loin, vers l'extrémité de leur territoire ; il y a là une forêt immense, qu'on appelle Bacenis ; elle s'étend profondément vers l'intérieur et forme entre les Suèves et les Chérusques comme un mur naturel qui s'oppose à leurs incursions et à leurs ravages réciproques : c'est à l'entrée de cette forêt que les Suèves ont résolu d'attendre les Romains.
    11. Parvenus à cet endroit du récit, il ne nous semble pas hors de propos de décrire les mœurs des Gaulois et des Germains et d'exposer les différences qui distinguent ces deux nations. En Gaule, non seulement toutes les cités, tous les cantons et fractions de cantons, mais même, peut-on dire, toutes les familles sont divisées en partis rivaux ; à la tête de ces partis sont les hommes à qui l'on accorde le plus de crédit ; c'est à ceux-là qu'il appartient de juger en dernier ressort pour toutes les affaires à régler, pour toutes les décisions à prendre. Il y a là une institution très ancienne qui semble avoir pour but d'assurer à tout homme du peuple une protection contre plus puissant que lui : car le chef de faction défend ses gens contre les entreprises de violence ou de ruse, et s'il lui arrive d'agir autrement, il perd tout crédit. Le même système régit la Gaule considérée dans son ensemble tous les peuples y sont groupés en deux grands partis.
    12. Quand César arriva en Gaule, un de ces partis avait à sa tête les Héduens, et l'autre les Séquanes. Ces derniers qui, réduits à leurs seules forces, étaient les plus faibles, car les Héduens jouissaient depuis longtemps d'une très grande influence et leur clientèle était considérable, s'étaient adjoint Arioviste et ses Germains, et se les étaient attachés au prix de grands sacrifices et de grandes promesses. Après plusieurs combats heureux, et où toute la noblesse héduenne avait péri, leur prépondérance était devenue telle qu'une grande partie des clients des Héduens passèrent de leur côté, qu'ils se firent donner comme otages les fils des chefs héduens, exigèrent de cette cité l'engagement solennel de ne rien entreprendre contre eux et s'attribuèrent une partie de son territoire contiguë au leur, qu'ils avaient conquise ; qu'enfin ils eurent la suprématie sur la Gaule entière. Réduit à cette extrémité, Diviciacos était allé à Rome demander secours au

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